Rama Yade ne votera pas pour Sarkozy
Ancienne secrétaire d'Etat chargée des affaires étrangères, puis des sports, Rama Yade est aujourd'hui première vice-présidente du Parti radical, dont le congrès se tient à Paris samedi 10 mars. Elle ne votera pas la résolution de son parti appelant à soutenir la candidature de Nicolas Sarkozy, et ne s'est pas rendue pas au meeting de Villepinte, ce 11 mars. Elle s'en explique dans Le Monde.
On ne vous a pas vue pas au meeting de Villepinte ?
Non, d'ailleurs je n'y ai pas été invitée. Vous savez, je suis polie. Je n'entre pas chez les gens sans invitation.
Comment expliquer ce silence du côté de l'équipe de campagne du président-candidat, alors qu'on vous disait en voie de rapprochement ?
Les médias se sont emballés, et ont extrapolé. Oui, c'est vrai, j'ai soutenu les propositions du président de la République en matière d'éducation, car je pense que c'est un des sujets centraux sur lesquels on attend les candidats à l'élection présidentielle, mais je ne le soutiens pas dans sa stratégie de droitisation qui ne fera pas reculer le FN.
Lors du congrès de votre parti, vous allez donc vous désolidariser de Jean-Louis Borloo ?
Vous savez que j'ai été jusqu'à démissionner de ma fonction d'ambassadeur pour le soutenir. Jean-Louis nous a demandé de nous prononcer en notre âme et conscience. En femme libre que j'ai toujours été, avec la sincérité dont j'ai toujours fait preuve, je ferai ce que je crois bien. Ce n'est pas parce que Jean-Louis Borloo n'est pas candidat qu'il me faut en choisir un autre. Je veux aussi être totalement convaincue avant de me décider.
Vous aviez été très enthousiaste lors de la campagne de 2007, prenant la parole lors du grand meeting de la porte de Versailles, n'hésitant pas en quelque sorte à jouer les "groupies". Pourquoi cette réticence cinq ans plus tard ?
Il me faut désormais quitter ces habits de groupie. Nicolas Sarkozy a fait de bonnes choses, et réformé plus qu'on ne l'a dit : RSA [revenu de solidarité active], service minimum, réforme des universités, développement des pouvoirs du Parlement… Il s'est même montré un bon capitaine dans la tempête. Vous le voyez, je ne renie rien de ce qu'on a fait.
Mais on voit désormais se mettre en place une droitisation qui est l'épilogue d'une série d'actes politiques qui vont du débat sur l'identité nationale jusqu'à la déchéance de la nationalité. On aurait pu répondre à tous ces problèmes par des solutions républicaines. La République a été lâche sur la burqa, sur la laïcité. Est-ce une raison pour laisser le FN dicter les réponses ?
Est-ce ce qui motive votre absence de Villepinte ?
C'est ce qui explique surtout que je ne vote pas la motion. La France forte, c'est bien. Mais il faut aussi qu'elle soit juste ! En 2007, Nicolas Sarkozy dictait le tempo, imposait les débats. Aujourd'hui, nous avons le sentiment, nous, les républicains, d'avoir le pistolet du FN sur la tempe. Et, à intervalles réguliers, on nous dit tout et son contraire.
On nous explique que certaines civilisations sont inférieures à d'autres, et, en même temps, on nous dit que le FN est un parti nationaliste et socialiste. Où tombera le curseur ? Vous comprendrez que j'ai besoin de savoir cela précisément avant de m'engager.
Pourquoi ne pas vous rallier à la gauche, qui vous accueillerait à bras ouverts ?
François Hollande ne mérite pas la France. L'homme qui a mal géré le département le plus endetté de notre pays ne peut affronter les crises qui se préparent. Ce n'est qu'un candidat de substitution, qui ne compte que sur l'antisarkozysme pour l'emporter.