‘’La restructuration du parti s’impose à Matam’’
Le scrutin du 17 novembre 2024 a permis au Pastef de réaliser une razzia au niveau national, mais le département de Matam reste un chantier à consolider. Dans cette interview, un responsable du parti dans cette région, le professeur Aliou Thiongane, revient sur les succès, les insuffisances et les axes prioritaires pour renforcer leur ancrage dans la région, tout en répondant aux critiques de l’opposition.
Quelles leçons tirez-vous du scrutin du 17 novembre dernier ?
Le scrutin du 17 novembre 2024 a permis à notre parti le Pastef et au Premier ministre d’avoir la majorité qualifiée à l’Assemblée nationale permettant ainsi au président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye et à son Premier ministre Ousmane Sonko de conduire la transformation systémique pour le bien-être du peuple sénégalais. Cette vision Sénégal 2050 du tandem Diomaye-Sonko permet de sortir le Sénégal de la pauvreté vers l’émergence, la souveraineté, l’équité territoriale, la prospérité et la bonne gouvernance.
Au niveau national, les Sénégalais ont plébiscité le Premier ministre Ousmane Sonko en lui octroyant la majorité des départements et une proportion importante de députés de la liste nationale. Au niveau local, notamment dans le département de Matam, la réalité est tout autre. Nous n’avons pas pu atteindre nos objectifs qui étaient de remporter le vote du département avec les deux députés. Malgré le soutien des alliés, la victoire n’a pas été au rendez-vous. Cela prouve qu’il reste encore du travail à faire au niveau de Matam, notamment dans la massification du parti, dans l’organisation et dans le fonctionnement. Nos adversaires avaient plus de moyens certes, surtout financiers et logistiques, mais cela ne constitue pas la seule raison du résultat obtenu. Vu l’évolution du nombre de voix par rapport à la Présidentielle avec une nette augmentation, un travail à la base permettrait de convaincre nos compatriotes à voter massivement pour le Pastef.
Les localités du Diéri, qui avaient gagné lors de la Présidentielle, ont confirmé leur vote et leur ancrage au projet et au Pastef. Le bastion du Pastef au Fouta, à Matam demeure incontestablement dans les villages du Diéri (Sédo et autres). La commune de Nabadji Civol pèse trois à cinq fois plus de voix que toutes les autres communes du département. Elle est la commune la plus vaste, la plus peuplée du département où le Pastef a toujours gagné les élections, notamment dans le Diéri depuis la Présidentielle.
Cependant, celles du Dandé Mayo et des autres tardent encore à rallier le train du Pastef. Le travail doit être accentué dans ces localités avec une bonne stratégie de sensibilisation et de communication.
D’après un des leaders de l’opposition, Pastef a perdu à Matam parce que le régime en place a fait preuve d’un manque de considération lors des crues du fleuve Sénégal. Ni le président Diomaye Faye ni le Premier ministre Ousmane Sonko ne se sont rendus dans la zone. D’après lui, cela a participé à l’échec du Pastef dans la région. Êtes-vous du même avis ?
Je ne partage guère l’avis du monsieur qui l’a dit et qui est de mauvaise foi et amnésique. Lui-même avait participé à la journée de cleaning day de Matam présidée par le PM Ousmane Sonko. Journée au cours de laquelle le PM a visité les zones inondables de Matam et donné les instructions allant dans le sens de la prévention et de la préparation à faire face en cas d’inondations. Le PM est venu deux fois en moins de deux mois à Matam et il a promis de revenir dans le cadre de ses tournées économiques.
Le président de la République s’est déplacé personnellement dans les zones inondées à Tambacounda et à Bakel. Le gouvernement a été représenté par une forte délégation d’au moins cinq ministres dans les zones inondées du Dandé Mayo en apportant un soutien important en denrées alimentaires, vêtements, médicaments et autres, sans compter l’enveloppe dégagée en soutien à ces sinistrés. Tout ceci prouve à suffisance l’attachement et la considération que les autorités manifestent à nos compatriotes de Matam et qui sont hautement appréciés par les populations locales.
Pastef n’a pas gagné, mais n’a pas perdu non plus. Il avait un peu plus de 1 000 voix à la Présidentielle et plus de 26 000 voix aux Législatives. Un grand bond en avant. En êtes-vous satisfait ou vous êtes de ceux qui pensent que seule la victoire finale compte ?
Je suis très satisfait de la performance et du score de Pastef à Matam qui est passé de mille à plus de 26 000 voix. Je félicite tous les responsables locaux qui ont participé activement à l’obtention de ce score. Notre objectif était certes de remporter le département, mais ce score montre qu’il y a eu un travail remarquable sur le terrain. Nous n’avons pas gagné les sièges des deux députés du département, mais nous avons pesé sur la balance de la liste nationale proportionnelle. Néanmoins, nous allons continuer à travailler à la base pour massifier le parti dans le Fouta et convaincre la population du Fouta en général et de Matam en particulier à adhérer au projet de transformation systémique et d’accompagner le président de la République et le Premier ministre.
Comment envisagez-vous l’avenir politique du Pastef à Matam après ces élections ?
La restructuration du parti s’impose à Matam, de même que le mode de fonctionnement. Les responsables locaux ont besoin de plus d’appui et d’accompagnement de la direction centrale. Les leaders qui ont toujours gagné dans leurs localités méritent d’être promus dans les instances du parti au niveau local et central. Cela renforce leur motivation et galvanise la base. Actuellement, ce qui est factuel est que la commune de Nabadji Civol est le bastion de Pastef au niveau du Fouta, dans les zones du Diéri. Nous allons vers des élections locales dans deux ans, mais le travail doit commencer dès maintenant. La massification au niveau de la base doit être encadrée, encouragée et soutenue. Notre objectif est de conquérir toutes les communes du département en y installant des responsables de Pastef de première heure. Cela nécessite un travail titanesque, mais surtout une bonne organisation, des moyens et des réalisations sur le terrain.
Quels seront vos axes prioritaires pour renforcer l'implantation locale du parti dans la région ?
Il faudra une restructuration du parti au niveau local d’abord. Ensuite, travailler à la massification de la base, appuyer les responsables dans leurs activités de massification, opter pour une démarche inclusive avec les responsables politiques locaux, les jeunes, les femmes, les porteurs de voix et, enfin, la coordination départementale et les sections communales doivent travailler en étroite collaboration, superviser et encourager les opérations de mise en place des cellules dans les quartiers et villages.
Quel message adressez-vous aux électeurs qui n’ont pas voté pour Pastef ?
Le 24 mars 2024, en élisant au premier tour Bassirou Diomaye Diakhar Faye en qualité de président de la République du Sénégal, le peuple sénégalais donnait au tandem Diomaye-Sonko les pleins pouvoirs pour conduire ses destinées. Cette prouesse inédite dans l’histoire politique du Sénégal était également l’aboutissement d’un nouveau contrat politique et social qui mettait le Sénégal et les Sénégalais au cœur d’un nouveau paradigme dont la souveraineté et le patriotisme constituent les leitmotivs. Un nouveau contrat social, rompant d’avec les pratiques rétrogrades des régimes précédents, qui fait renaître l’espoir dans les cœurs et les esprits de tout un peuple et de sa diaspora, dont la contribution financière et politique à l’aboutissement du Projet est sans commune mesure.
Armé de sa foi, le président avait, dès sa prestation de serment le 2 avril, dégagé les grands axes de la nouvelle doctrine de refondation de l’État, de la nation sénégalaise et de son économie, pour un Sénégal souverain, juste, prospère et ancré dans les valeurs fortes du triptyque ‘’Jub Jubbal Jubbanti’’. Le Premier ministre Ousmane Sonko mettant en œuvre les orientations du président de la République, s’est attelé, avec l’expertise nationale, à l’élaboration d’un nouveau référentiel des politiques publiques dénommé Agenda national de transformation, Vision Sénégal 2050. Ce projet est un ambitieux programme qui dépasse les contingences politiques et électoralistes, et vise le développement du Sénégal à long terme, avec une déclinaison temporelle à court et moyen terme pour répondre aux urgences attentes pressantes du peuple sénégalais meurtri par une gestion gabégique et patrimoniale des ressources publiques par l’ancien régime. Nos autorités, notamment le président de la République et le Premier ministre, ont pris l’engagement ferme de développer le Sénégal à travers le Projet de transformation systémique, vision 2050. C’est un projet ambitieux et réalisable qui permet de sortir le Sénégal de la pauvreté et d’aller vers le développement, la souveraineté et la prospérité.
Enfin, j’estime, comme Monsieur le Premier ministre, que la mise en œuvre de ce projet dans ses différentes phases (court, moyen et long terme) nécessite un engagement et un consensus patriotique fort de tous les acteurs. L’appel du Premier ministre à un nouveau Pacte de stabilité sociale (Pass) constitue, à mon avis, le premier défi à relever.
Ce projet ne peut réussir que si le peuple sénégalais se l’approprie et en fait le sien. Les députés nouvellement élus seront ceux de la rupture, du peuple par le peuple et pour le peuple. Ils ont été choisis pour défendre les intérêts du peuple, être la voix des sans-voix et élaborer des lois qui reflètent les aspirations du peuple. Les intérêts du brave, vaillant et courageux peuple sénégalais, déjà meurtri par des années de gouvernance gabégique et clanique, doivent être sauvegardés au détriment des intérêts crypto-personnels et corporatistes.
Pour un Sénégal souverain, juste et prospère, pour et par les Sénégalais, sous la vision éclairée de Bassirou Diomaye Diakhar Faye et la conduite pragmatique du Premier ministre Ousmane Sonko.
Les priorités politiques du Pastef sont-elles alignées avec les attentes des populations locales de Matam ?
En effet, tout développement vise le bien-être du capital humain qui, en retour, doit être en bonne santé, bien instruit, compétent, dynamique et bien préparé à répondre aux défis multiples du monde moderne ; un capital humain productif, capable de supporter et de promouvoir sa souveraineté dans le cadre d’une gouvernance transparente et vertueuse des affaires publiques et d’une équité judiciaire, sociale et territoriale.
Ainsi, le projet de transformation systémique postule un capital humain sain, instruit, éduqué (civique) dans un environnement judiciaire, territorial, social et économique équitable. Ce postulat réaffirme un des droits fondamentaux de l’homme et qui est garanti par la Constitution sénégalaise, le droit à la santé qui constitue l’alpha et l’oméga de la vie tout simplement, d’un droit à la vie et non d’un droit à la survie (‘’dunda wereyane’’).
Dans un autre registre, il faudra relever que la réussite du projet ne peut s’opérer que sur une ‘’bonne gouvernance solide et un engagement patriotique de portée africaine’’ qui constituent un sacerdoce pour Monsieur le Président de la République, le Premier ministre et tous les patriotes du Sénégal et de sa diaspora qui partagent les mêmes idéaux. Ils constituent le socle, les fondements sur lesquels doit s’appuyer la transformation nationale envisagée en application du référentiel. Pour dire que le projet porte l’espoir de tout un peuple à travers ses axes stratégiques, dont le capital humain constitue le fil rouge pour asseoir le développement équilibré et équitable du pays à travers les différents pôles de développement (huit pôles). Le Projet de transformation systémique envisage, dans le cadre du développement économique, d’achever les chantiers en cours dans la région de Matam, notamment le bitumage des routes, le nouvel hôpital de Ourossogui, l’aéroport de Ourossogui, l’université de Matam, d’encourager la création d’emplois avec le pôle économique agropastoral de Matam, de moderniser l’agriculture et l’élevage, de promouvoir l’autosuffisance en riz, en lait…
MAMADOU DIOP