Les vérités de Macky Sall à ses députés
La déclaration des parlementaires de Benno Bokk Yaakaar exigeant du Premier ministre des explications relatives aux douze décrets d'avance de 64 milliards de francs Cfa pris par l'ancien régime n'a pas plu au président de la République pour qui cette démarche est un facteur d'affaiblissement de sa gouvernance.
L’audience que le président de la République a accordée aux députés du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY), ce mardi, n’a pas livré tous ses secrets. Selon des sources dignes de fois ayant pris part à cette rencontre, Macky Sall a exprimé sa surprise par rapport à la dernière sortie médiatique de ses hôtes. «En tant que majorité parlementaire, leur a dit Macky Sall, vous devez me soutenir plutôt que de chercher à m’affaiblir en exigences.»
Retour sur les faits. Lundi 22 octobre, dans le hall de l'Assemblée nationale, Moustapha Diakhaté livre à la presse une «déclaration» du groupe parlementaire majoritaire dont il est le président. Lui et ses collègues avaient «exigé la diligence dans les audits et des poursuites judiciaires contre toute personne impliquée dans les malversations financières», mais aussi «le passage à l'Assemblée nationale du Premier ministre pour s'expliquer sur les décrets d'avances.» Ceux-ci concerneraient une somme de 64 milliards de francs Cfa gérés «sans aucune transparence», mais prise en charge dans la Loi de finance rectificative (LFR) en cours «pour éviter des blocages» et «compte tenu de la continuité de l'Etat». Au final, les députés de BBY avaient «invité» l'Assemblée nationale à mettre en place «une commission d'enquête parlementaire pour faire la lumière sur tous (les) décrets d'avance...»
«Vous devez me soutenir plutôt que de chercher à m’affaiblir par des exigences.»
Cette démarche n'a donc pas plu au chef de l'Etat, présentement confronté à plusieurs foyers de tension dont les moindres ne sont pas la précarité sociale et la révolte des disciples de Cheikh Béthio Thioune.
Au cours de cette même audience, le président Sall, après avoir reconnu l'existence d'un déficit de communication entre l’Exécutif et le Législatif, a promis de rectifier le tir. Ainsi, a-t-il d'ores et déjà décidé d’institutionnaliser ce type de rencontre afin que les députés puissent relayer les «actions du gouvernement (qui) ne sont pas suffisamment visibles». A preuve : «Nous avons trouvé à notre arrivée un déficit public de 7% ; malgré tout, nous essayons de redresser la barre. Cela, il faut que les Sénégalais le sachent», a indiqué le locataire du Palais de la République. Sous ce registre, et alors que la session budgétaire démarre en novembre prochain, le président de la République, informent toujours nos sources, a ordonné à ses ministres de ne pas quitter le territoire jusqu’à la fin de la session «pour permettre aux députés d’avoir des informations».
Rappelons que cette première audience entre le chef de l'Etat et «ses» députés a duré 3 tours d’horloges (de 20h à 23h).
DAOUDA GBAYA
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