Retour dans le bois sacré
‘’Le bois de Bessir’’, titre d’un roman écrit par Yacine Bodian, a été mercredi soir mise en scène par la troupe ‘’Toktok’’ au siège de la fondation Konrad Adenauer. Cette pièce appelle à la revalorisation de la culture Diola à travers ses traditions, en incitant les jeunes à s’enraciner avant de s’ouvrir au monde.
C’est face à un public composé en majorité de jeunes ‘’Bessirois’’ que la troupe ‘’Toktok’’ a présenté mercredi sa nouvelle pièce intitulée ‘’Le bois de Bessir’’. L’histoire est extraite du roman éponyme écrit par la romancière Yacine Bodian. La mise en scène a été assurée par Dr Daman Cissokho, professeur à l’université de Ziguinchor. Composée d’une dizaine d’acteurs, la troupe raconte à travers divers tableaux une histoire de jeunes garçons en pays diola. Cela, en s’appuyant sur le rôle du bois sacré, qui permet de passer de jeune garçon à homme au sein de cette communauté ethnique. Elle pose la problématique des mutations sociales d’une communauté attachée à ses valeurs traditionnelles aussi. Malgré tout, les séances d’initiation demeurent encore.
Dans la pièce, deux positions distinctes sont défendues par les comédiens. Certains restent ancrés dans la culture avec le respect jusqu’aux moindres détails de la tradition, tandis que d’autres nés en ville, tournent carrément le dos aux pratiques ancestrales. Samba, le personnage principal, âgé de 30 ans, venu des États-Unis, réfute dans un premier temps l’idée d’être initié. Seulement affecté par l’annonce de son adoption par ceux qu’ils considéraient comme ses parents biologiques, il découvre que le passage dans le bois sacré peut lui permettre d’être reconnu et respecté. Arona son cousin, jeune citadin, balaie d’un revers de main le respect des traditions. Pis, il se lance dans la vente de terrains dits ‘’sacrés’’, supportant toutes polémiques. ‘’Réussir dans le malheur des autres’’ n’est pas pour lui un souci.
‘’J’en ai fait un livre parce que tout simplement la culture Diola est un peu en train de s’éteindre. Les jeunes ne savent pas aujourd’hui ce que c’est que le bois sacré. Ils en ont entendu beaucoup de choses et ils ne veulent pas aller s’initier’’, déclare Yacine Bodian. ‘’Ce qu’on leur apprend à l’intérieur, je ne le sais pas. Mais quand ils sortent, ils ont le droit d’épouser une femme parce que sachant comment l’entretenir, parler aux adultes et devant une audience. Bref, ils sortent avec tout un bagage qui leur permet de protéger la famille et le village en temps de danger’’, a-t-elle ajouté.
L’auteure qui déplore le manque de production littéraire sur la culture Diola s’est aussi félicitée de l’impact qu’a eu son œuvre sur la jeunesse casamançaise. ‘’Aujourd’hui, je me réjouis du fait que beaucoup de Bessirois aient lu le livre et en aient tiré des choses qui les ont encouragés à aller dans le bois’’, confie-t-elle.
AMINATA FAYE