Commerçants et clients ne parlent pas le même langage
A l’approche de la fête de Tabaski, le marché est bien approvisionné en oignon et en pomme de terre. Cependant, commerçants et clients peinent à s’accorder sur les prix. Les premiers parlent d’une baisse. Les seconds affirment le contraire.
A quelques jours de ‘’la fête du mouton’’, ce n’est pas encore la grande bousculade dans les marchés de Dakar. Pendant que les pères de famille font le tour des différents points de vente pour trouver un mouton, les ménagères se soucient du prix des condiments. L’oignon et la pomme de terre, deux éléments nécessaires pour la réussite des mets de la fête, figurent en bonne place. 13h au marché Tilène ; il n’y a pas grand monde. Les commerçants profitent de ce moment de répit pour deviser et établir des bons de commandes pour approvisionner leurs boutiques. L’oignon et la pomme de terre trônent presque sur tous les étals. Concernant les prix, les appréciations diffèrent.
Du côté des commerçants, on évoque une baisse et l’optimisme est de rigueur. Modou Guèye, grossiste, évoque l’accessibilité des prix. ‘’L’oignon et la pomme de terre sont actuellement à 8 500 F CFA le sac et 375 F CFA le kilogramme. Auparavant, le sac d’oignon était à 10 000 francs. Donc, le prix a connu une baisse et la situation peut évoluer positivement jusqu’à la fête de Tabaski’’, rassure le commerçant. A cette heure de la journée, la circulation est fluide ; se faufiler entre les étals est aisé. Mamadou, un jeune Guinéen établi dans le marché de la Médina, depuis six mois, confirme la baisse du prix de l’oignon, passé de 9 500 F CFA à 8 500 F CFA. ‘’Le prix de la pomme de terre, dit-il, est resté stable à 8 500 FCFA le sac’’. Depuis quelques temps, l’oignon importé domine le marché. La pomme de terre provient essentiellement de la Hollande et du Maroc.
‘’La vie devient de plus en plus chère’’
Du côté des clients, la baisse ne se fait pas sentir. On conteste même les prix avancés par les commerçants. ‘’Les prix n’ont pas fléchi. On peut même dire qu’ils sont à la hausse. L’oignon est vendu à 450 F CFA et la pomme de terre à 400 F CFA. C’est sûr que la situation va empirer, d’ici la Tabaski’’, se désole Khoudia, venue faire ses emplettes, des sachets plastiques à la main. Marième par contre préfère les surgelées, car elle estime que la pomme de terre vendue sur le marché n’est pas de qualité. ‘’Je n’achète que l’oignon, mais, il n’y a pas de baisse, surtout avec l’avènement de la fête. La vie devient de plus en plus chère. La baisse des prix est chantée à longueur de journée, mais n’est jamais appliquée’’, fustige-t-elle.
14h au marché de la Gueule Tapée. Les commerçants sont en pause. Ils ont déserté leurs places pour prier ou se restaurer. Dans ce marché aussi, on chante la baisse. ‘’L’oignon local était vendu jusqu’à 700 F le kilogramme, soit 10 000 F le sac. Mais aujourd’hui, l’importé est vendu 8 500 F le sac et 400 F le kilogramme. La pomme de terre s’acquiert à 350 F le kilogramme et est revendue à 400 F aux clients’’, soutient Oumar, un jeune commerçant qui remplace momentanément son père. Non loin de l’étal d’Oumar, Bineta et khadidja font leurs courses. Ces restauratrices estiment que les prix sont insoutenables. ‘’On peine à s’en sortir. Avec notre commerce, ce n’est pas facile d’acheter tous les jours six à sept kilogrammes d’oignon à 500 F. Les prix doivent être revus à la baisse, à défaut on risque de se retrouver au chômage’’, explique Khadidja qui prend son amie à témoin. Leur réquisitoire finit par faire sortir le boutiquier de sa réserve. ‘’L’augmentation n’est pas encore à l’ordre du jour, elle dépendra surtout de nos fournisseurs’’, dit-il.
A l’approche de la fête, les prix de la pomme de terre et de l’oignon varient en fonction des vendeurs. Les clients espèrent une baisse réelle des coûts.
HABIBATOU TRAORE (STAGIAIRE)