Publié le 12 Apr 2023 - 20:40
PROCÈS EN APPEL OUSMANE SONKO-MAME MBAYE NIANG

L’affaire jugée lundi prochain 

 

La date du procès en appel sur les accusations de diffamation entre leader de Pastef/Les patriotes et le ministre du Tourisme a été retenue au 17 avril 2023.  

 

Dix-sept jours. C’est le temps qui devrait séparer du procès en appel opposant Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang. Après avoir rendu une décision en première instance le 30 mars dernier, la Cour d’appel de Dakar a retenu un nouveau procès entre le leader de Pastef/Les patriotes et le ministre du Tourisme pour le 17 avril 2023. Ceci, après que le parquet et la partie civile ont interjeté appel, suite à la condamnation de l’opposant politique à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de dommages et intérêts pour diffamation.

La rapidité avec laquelle le dossier judiciaire entre le leader de l’opposition et le ministre du Tourisme est traité restera dans les annales. Car, souffle une source judiciaire, ‘’je n’ai jamais vu un procès en appel être traité aussi rapidement’’.

Toutefois, ajoute-t-elle, il n’y a rien d'illégal à agir ainsi, puisque les autorités judiciaires ne sont soumises à aucune contrainte de temps dans l’établissement de leur calendrier. ‘’Ce sont les délais pour interjeter appel qui sont encadrés. En général, ce qui retarde les procès en appel, c'est que la rédaction du jugement ne se fait pas rapidement, du fait du nombre important de dossiers. Ensuite, viennent les citations que fait le parquet pour la mise en état du dossier’’, éclaire notre interlocuteur.

Un retour de la tension politique en perspective ?

Le verdict du procès opposant Ousmane Sonko et Mame Mbaye Niang avait été quelque peu ‘’salué’’ par beaucoup d’observateurs en ce qu’il ne constitue pas une entrave à l’éligibilité du leader de Pastef en vue de la Présidentielle du 24 février 2024. Mais aussi, du fait qu’il a contribué à apaiser les tensions politiques au Sénégal, à la veille de la fête de l’indépendance du pays.

En effet, après la prononciation de la décision de justice, la marche de la principale coalition de l’opposition, prévue le 3 avril, a été ajournée.

Ce vent de dégel a également été ressenti dans le discours à la Nation de la veille de fête d’indépendance du président de la République.

En effet, Macky Sall a soutenu, le 3 avril, qu’il ‘’reste ouvert au dialogue et à la concertation, avec toutes les forces vives de la Nation, dans le respect de l’État de droit et des institutions de la République, pour un Sénégal uni, un Sénégal de paix, de stabilité et de cohésion nationale’’.

La réouverture du procès en mode ‘’Fast track’’ n’est certainement pas pour apaiser la situation, estime Alioune Tine. Le fondateur du think tank Afrikajom Center a soutenu sur les réseaux sociaux, en partageant un article sur la tenue du procès en appel : ‘’Ce n’est pas bon ni pour le dialogue politique que tout le monde appelle au Sénégal pour apaiser une situation politique pourrie. Nous avons besoin d’apaisement.’’

Alioune Tine, Afrikajom Center : ‘’Ce n’est pas bon pour le dialogue’’

Le 6 avril dernier, les avocats d’Ousmane Sonko ont fait face à la presse pour dénoncer un procès expéditif aux allures politiques contre un candidat déclaré à l’élection présidentielle en 2024. Ainsi, soutenait Me Bamba Cissé, ‘’il y a fort à craindre que l’affaire soit enrôlée dans les meilleurs délais, que la peine soit aggravée et que la décision de cassation la confirme, afin qu’Ousmane Sonko ne soit pas candidat à l’élection présidentielle de 2024’’.

Toujours, selon l’avocat, ‘’s’il est condamné en appel à trois mois, Ousmane Sonko ne pourra plus être candidat. S’il est condamné à une amende […] égale ou supérieure à 200 000 F CFA et que la décision en cassation confirme [celle] du juge d’appel, il ne pourra plus être candidat. C’est une pente dangereuse’’, dénonce-t-il, une volonté d’utilisation de la justice pour écarter des adversaires politiques.

Lamine Diouf

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