Le maitre coranique et les parents risquent 2 ans dont 2 mois ferme
Le procès de Serigne Cheikhouna Guèye, accusé de pratiques esclavagistes sur des talibés, s’est tenu ce mercredi 27 septembre 2019, au tribunal de grande instance de Louga. Le maitre coranique et les parents risquent 2 mois de prison ferme, pour mise en danger de la vie d’autrui, violences, voies de fait et complicité.
Dès les premières heures de la matinée, l’esplanade du tribunal de grande instance de Louga a été prise d’assaut, hier, par les partisans de Serigne Cheikhouna Guèye et ses coprévenus dans l’affaire des talibés enchainés. Scandant le nom du Tout-Puissant, les souteneurs du maitre coranique ont organisé plusieurs séances de récital du Saint-Coran pour soutenir leur camarade. Attendant avec impatience l’ouverture du procès.
Le président du tribunal est arrivé à 10 h 10 mn. Appelé à la barre, Serigne Cheikhouna Guèye a reconnu les faits et précisé que les enfants ont été menottés sur instruction de leurs parents. Pour enfoncer le clou et se dédouaner, il a ajouté que, des fois, ce sont les enfants qui menottent leurs congénères et les emmènent à l’école coranique.
Ses coprévenus ont aussi reconnu les faits à eux sont reprochés. Avant de se réfugier derrière l’ignorance. En chœur, ils ont dit avoir agi de la sorte pour pousser les enfants à assimiler le Coran et les préceptes de l’islam et les empêcher de fuguer. Le président du tribunal a voulu savoir si le ‘’daara’’ ne dispose pas d’autres moyens pour retenir les enfants, sans les menotter. Ils ont évoqué le manque de ressources. Le maitre coranique a ajouté qu’il n’est pas payé par les parents de talibés. Qu’il entretient son école par ses propres moyens.
Son avocat Me Ndiaga Dabo a déclaré, au sortir de l’audience : ‘’Nous avons plaidé pour un apaisement. Je pense que le président, également, nous a bien écoutés, parce qu’il y a eu une certaine incompréhension, un certain malentendu en cette pratique qu’on appelle entrave des enfants talibés. Même le procureur, dans son réquisitoire, a admis que le mobile était un mobile honorable. Ce n’est pas un mobile crapuleux. Khadim Guèye n’est pas un monstre ; Ndiagne n’est pas une terre de torture. Il a admis qu’il va revoir ses pratiques. Par rapport aux faits, les dispositions qui ont été visées n’étaient pas du tout pertinentes. Nous avons demandé la relaxe purement et simplement.’’
Le représentant du parquet a, lui, requis 2 ans de prison dont 2 mois ferme. Et jeté à la poubelle la demande de liberté provisoire. Le délibéré sera rendu le 4 décembre 2019.
Mais, il faut croire que ce réquisitoire n’a pas plu aux supporteurs du maitre coranique qui n’ont pas trouvé d’autres moyens que de vandaliser les locaux de l’institution judiciaire. Les partisans de Khadim Guèye ont mis sens dessus-dessous une partie du tribunal, après avoir forcé l’entrée.
MAMADOU NDIAYE (LOUGA)