Le reconnaissant pianiste prodige
Quand on sort du tunnel, il faut se rappeler ceux qui t’ont poussé. Pianiste de son état, Ibou Tall est établi en Angleterre. Mais si aujourd’hui il a une vie professionnelle, c’est parce que papa et maman étaient d’accord et l’ont encouragé mais aussi parce que des gens comme Adama Faye lui ont donné quelques rudiments du piano. Quoi de mieux que de leur marquer sa reconnaissance dans son premier album ‘’Yoon Wi Lé’’ sorti en janvier passé sur l’international.
Ancien chef d’orchestre du ‘’Setsima Groupe’’, Ibou Tall essaie aujourd’hui de tisser sa toile dans la sphère musicale mondiale. Etabli en Angleterre, plus précisément à Bristol, il a monté son groupe, un quintet ‘’Ibou Tall and the jazz mates’’ (ndlr Ibou Tall et les copains du jazz). Avec cet orchestre, il a sorti en janvier dernier un album de 10 titres intitulé ‘’Yoon wi lé’’. Actuellement au Sénégal pour chercher des promoteurs, il est passé à EnQuête pour présenter son opus. ‘’Cet album est mon premier sur le marché. Je l’ai baptisé Yoon wi lé (ndlr ce chemin ci) qui a une connotation spirituelle. Dans le Coran, on évoque le droit chemin. Je fais référence à ce dernier dans cet intitulé. Il fait également référence au chemin que j’ai parcouru. J’ai appris à faire de la musique ici à Dakar. J’y ai connu et reçu toutes mes expériences ainsi qu’influences musicales. C’est le chemin de mon apprentissage que j’y évoque’’, dit-il.
Un apprentissage à Dakar qui l’a beaucoup marqué et qui a commencé avec le groupe ‘’xam xamlé’’ puis avec le ‘’Setsima groupe’’. Mais avant, Ibou a reçu des leçons essentielles avec Adama Faye. A ce dernier, il a dédié une chanson ‘’Call for Adama Faye’’. ‘’Adama Faye est un père de la musique sénégalaise moderne. Il a travaillé avec Youssou Ndour, Ismaïla Lô, Thione Seck et Omar Pène. C’était à des périodes critiques où ces chanteurs cherchaient leurs voies. Il était le maître penseur de leurs groupes. C’est lui qui a introduit le marimba dans la musique sénégalaise. Mais on ne lui a pas assez rendu hommage. Il reste méconnu de toute une génération d’instrumentistes alors qu’ils jouent tous le marimba. Moi, j’ai beaucoup appris avec lui’’, déclare-t-il.
En outre, cet album aux airs jazzy semble être un opus d’hommage. Etant le premier de son auteur, il veut montrer sa reconnaissance à toux ceux qui ont participé à sa réussite. C’est ainsi que ‘’Queen Daba’’ est consacré à sa maman. En duo avec Jean Philippe Rykiel, qu’il connaît depuis la réalisation d’un album de ‘’Setsima groupe’’, cette chanson est un pur délice pour les oreilles. C’est du jazz posé sur des harmonies sérères et un texte dans la même langue super bien interprété par une chanteuse anglaise. Les mélodies ne peuvent laisser aucun mélomane indifférent. Un choix musical qui s’explique par une volonté de rappeler les origines sérères de sa mère. ‘’Queen’’ Daba est une petite fille de Meissa Waly Ndionne. Donc, une ‘’Sérère’’ au sang royal. Comme pour dire aussi que maman seule n’a pas réussi à faire de lui ce qu’il est devenu, il a chanté son père.
‘’Bye Baye Boye’’ est le titre de la musique qui lui est adressé. ‘’J’ai perdu mon père l’année dernière. Cela fait juste un an et j’ai tenu à lui rendre hommage lui aussi’’, affirme-t-il. Toujours dans ce registre des dédicaces, une est faite à Dakar. ‘’C’est la ville qui m’a vu naître et où j’ai vécu mes premières expériences musicales. Du lycée Lamine Guèye au Setsima Groupe, Dakar m’a beaucoup donné’’, avoue Ibou Tall qui est pourtant originaire de Kolda.
Par ailleurs, cet album est un prétexte pour magnifier certaines valeurs africaines comme la solidarité et le sens du partage au sein des familles. ‘’Waxtanu keur’’ magnifie ces relations. Dans ‘’Seuyeul’’, le pianiste rappelle le rôle primordial de la femme dans le ménage. ‘’La mère est un emblème dans la vie des enfants. Cette chanson est une invitation aux femmes à prendre soin de leurs conjoints et leurs progénitures’’, fait savoir son auteur. Il considère que cette position de la femme dans la sphère familiale est ‘’une affirmation de notre africanité’’.
BIGUE BOB