Le reggae-mbalaxman et l'agent médical
Gestionnaire en pharmacie au centre hôspitalier Abbas Ndao de Dakar, Aboubacar Ndoye, alias Niasse Coumba Abdallah, est aussi auteur-compositeur reggae. En somme un artiste qui développe un genre musical jamaïcain teinté de mbalax.
''On peut être reggaeman sans faire de rastas, encore moins fumer de l'herbe. J'adapte ma musique à mon éducation religieuse''. Telle est la conviction de l’artiste Aboubacar Ndoye surnommé Niasse Coumba Abdallah. Avec un style qui lui est propre et très proche du reggae, il essaie de tisser sa toile dans le monde de la musique.
En fait, il propose aux mélomanes du reggae-mbalax. L’artiste combine donc le reggae jamaïcain à des lyrics hérités de sa culture. Fils d’Aly Penda Ndoye, ancien musicien des orchestres ''Number one'' et ''Super étoile'', le jeune Niasse Coumba Abdallah est bercé depuis son jeun âge par diverses sonorités. Et il a pour credo que la musique est adaptable. ''Lucky Dube est un reggaeman qui a rajouté sa touche zoulou. Pareil pour Alpha Blondy et Tiken Jah Facoly qui ont des sons qui s’apparentent aux mélodies mandingues. Moi aussi j’y ajoute mon mbalax pour donner la chance à toutes les générations de pouvoir l’aimer et me comprendre parce que je véhicule des messages'', dit-il. Ainsi, il cherche à positionner son reggae-mbalax, et affirme être bien écouté en Europe dans une radio communautaire de Lyon.
L'inspiration professionnelle
Natif de Guédiawaye, Niasse Coumba Abdallah est artiste et gestionnaire en pharmacie. Il officie actuellement au centre hospitalier dakarois Abass Ndao. D'ailleurs, il se sert de sa double casquette pour lancer des messages en santé à travers des chansons comme ''Don de sang'', ''Sensibilisation sur le paludisme''. ''En 2004, lorsque j’étais à la chirurgie thoracique cardiovasculaire, je devais aller chercher du sang. A ma grande surprise, il n'y avait point de sang au centre de transfusion sanguine. Les malades étaient en attente dans la salle d’opération. Cette situation m’a inspiré et poussé à composer cette chanson (Don de sang, Ndlr)'', explique-t-il.
Âgé d’une trentaine d’années, Niasse Coumba Abdallah a commencé sa carrière vers les années 1990 dans le monde du hip-hop avec le groupe African New Génération. ''Nous avions bien débuté en assurant les premières parties de Youssou Ndour, Omar Pène, Baba Maal, Daara-Ji, etc.'', confie-t-il. Mais suite à la dislocation du groupe, Aboubacar Ndoye entame un parcours solo dans ce style qui le caractérise aujourd'hui. Chemin faisant, il crée son orchestre en 2006, l' African New Generation Band.
''Pas d'accès aux télévisions et radios...''
Se servant du net pour vulgariser ses singles, Niasse Coumba Abdallah dénonce le comportement qu'il juge immoral de certaines télévisions et radios qui n’hésiteraient pas à monnayer la diffusion de clips par de l’argent. ''Je n’ai pas accès aux télévisions et radios. Ceci constitue un frein à notre promotion. J’ai la chance que mes singles passent dans les médias étrangers, ce n’est pas le cas pour beaucoup d’artistes alors que nous sommes tous des Sénégalais égaux en droits. Il faut qu’on mette nos clips sans qu’on ne paye un seul sou'', peste l'artiste.
En attendant de sortir son album sur le marché, le chanteur-compositeur reggae envisage d’organiser, très prochainement, un hommage à l’honneur du défunt Boubacar Joseph Ndiaye, qui fut conservateur de la maison des esclaves de Gorée.