Le premier volume disponible en décembre 2015
Le séminaire de validation des travaux du Projet de l'Histoire générale du Sénégal, des origines à nos jours (PHGS), qui s'est tenu samedi dernier, a été l'occasion pour plusieurs participants de réaffirmer la nécessité d’interroger de manière critique et scientifique les rapports entre le Sénégal et la France.
L'amphithéâtre de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD II) a réuni samedi dernier l'ensemble des commissions du Projet de l'Histoire générale du Sénégal, des origines à nos jours (PHGS), sous la présidence du Professeur Rokhaya Fall et en présence du Coordonnateur du comité de pilotage, le Professeur Iba Der Thiam. Ce dernier a assuré à l'auditoire que son équipe et lui devront interroger l'histoire de la France pour réécrire celle du Sénégal. ''Le compagnonnage entre la France et le Sénégal est tellement ancien que nous ne pourrons pas faire ce travail d'écriture de notre histoire sans interroger de manière critique et scientifique, les rapports entre nos deux pays ", a affirmé le Pr Iba Der Thiam selon qui les premiers manuscrits seront déposés fin juin début juillet de cette année et les premiers volumes en décembre 2015.
Ces paroles ont rejoint celles de Diomaye Sène, aviateur à la retraite, qui a insisté sur la nécessité de revoir l'histoire de la France. ''La France nous a enseigné sa langue, mais aussi et surtout son histoire. La nôtre dort encore''. Pour cet acteur culturel, il s'agit aussi de faire une place à la diaspora toujours en quête de ses racines.
Les racines justement, il faudra les ''interroger'', propose Samba Fall, entrepreneur et homme d'affaires, afin de pouvoir comprendre le retard actuel du Sénégal. ‘’Pourquoi les Sénégalais ont du mal avec le temps, à s'aimer, à se respecter ?’’ Autant de questions qui, en les plongeant dans l'histoire de notre pays, permettront à son avis de comprendre d'où vient le mal et surtout de pouvoir mettre le Sénégal sur la voie du développement économique. Le chef d'entreprise a avoué avoir compris certaines lenteurs et tares de la société sénégalaise en interrogeant l'histoire du pays.
Il a aussi invité le comité de pilotage à travailler dans un esprit qui permette au Sénégal d'être ‘’un pays uni, où les Sénégalais se sentiront solidaires entre eux et partageront un sens élevé de la patrie’’. Des préoccupations reprises par le Pr Iba Der Thiam pour qui la réécriture de l'histoire générale du Sénégal, des origines à nos jours, a pour objectif de créer un ''citoyen responsable, imbue des valeurs de civisme, qui a le sens de l'intérêt général et qui peut participer à un développement économique cohérent de son pays''.
‘’Une histoire décomplexée’’
Depuis son installation en mars 2014, rappelle l'ancien ministre de l'Education sous Abdou Diouf, le comité a comme souci majeur de construire une histoire décomplexée.
Par ailleurs, il a été question, lors des échanges, de la nécessité d'élargir le champ de travail des historiens à la Sénégambie. En tout cas, c'est l'avis d'Usmaan Bojang du Rectorat de Banjul venu "encourager" l'initiative sénégalaise. La présence gambienne et bissau-guinéenne à travers Carlos Cardoso, Directeur de recherches au CODESTRIA, a donné un cachet régional à la rencontre. Ce que le Pr Buuba Diop du département d'histoire a magnifié avant d'inviter le comité de pilotage à ne pas s'arrêter au Sénégal. ''Il faut aller au-delà de la Sénégambie et aller jusqu'au royaume de Ouagadougou par exemple'', conseille le professeur d'histoire ancienne.
En attendant, le Pr Iba Der Thiam a invité toutes les bonnes volontés qui ont des ''compétences et des choses à dire'' à rejoindre le comité et les différentes commissions qui sont au nombre de cinq. Ces dernières, par la voix de leurs présidents respectifs, ont promis de déposer leurs travaux en fin juin.
A.B DIENG