Publié le 3 Apr 2013 - 22:05
RÉFORME DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Le canevas du Comité de pilotage

 

Le comité de pilotage de la concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur a, dans son pré-rapport, livré une ébauche de solutions aux difficultés de l’enseignement supérieur. Parmi les mesures proposées par l’équipe dirigée par le professeur Souleymane Bachir Diagne : porter les frais d’inscriptions des étudiants à 150 000 F Cfa dès 2014, recadrer le nombre des allocutions de bourses, l’éclatement de l’Ucad en 5 entités…

 

 

Le comité de pilotage de la concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur a livré son pré-apport en attendant l’ouverture de la concertation le 6 avril prochain. Ce pré-rapport est le fruit des concertations régionales et la rencontre avec les acteurs qui gravitent autour de l’école sénégalaise. Le comité de pilotage, dirigé par le professeur de l’université de Columbia aux États-Unis, Souleymane Bachir Diagne, a ainsi tracé les ''orientations générales'' qui ont trait notamment à la ‘’question de l’Ucad’’, à la politique d’accueil et d’accompagnement des étudiants. Il y a en outre des propositions sur le ‘’financement du système d’enseignement supérieur’’, la ‘’mise en place d’une gouvernance nouvelle’’, les ‘’offres de formation supérieure de qualité’’ et la ‘’politique de la recherche universitaire au service du développement’’.

 

Augmenter les frais d’inscriptions à 150 000 F Cfa

 

Pour faire face aux énormes dépenses dans l’enseignement supérieur, le comité de réflexion préconise de revaloriser les frais d’inscriptionss des étudiants dans un avenir proche. Le pré-rapport indique une hausse des inscriptions des étudiants à 150 000 F Cfa à partir de 2014. ''Pour résorber le gap de financement de l’enseignement supérieur, il convient de faire participer les étudiants au financement de leur éducation. Ainsi, les frais d’inscriptions doivent être amenés à 150 000 F par an (soit 15 000 F Cfa par mois) dès 2014 et 200 000 F (soit 20 000 F Cfa par mois) en 2022'', note le document reçu hier. D'après le comité de pilotage, cette mesure portera le ''taux de recouvrement des dépenses de fonctionnement par les frais d’inscriptions à 33,9% en 2017 et 42,7% en 2012''.

Selon l’équipe dirigée par le philosophe Souleymane Bachir Diagne, aujourd’hui, les inscriptions administratives à l’université sont de 4 800 F Cfa en plus des inscriptions pédagogiques. ''Les étudiants ne versent que 10 000 F Cfa par an pour leur inscription dans l’enseignement supérieur public'', relève le pré-rapport.

 

Selon la même source, depuis plusieurs années, les étudiants sont bénéficiaires d’une allocation mensuelle d’études (entre 60 000, 36 000 ; 24 000 ; et 18 000 F Cfa) ou d’une aide boursière équivalant à 60 000 F Cfa par an. Avec les bourses étrangères qui s’élèvent à 10 milliards par an, ‘’les bourses et aides coûtent à l’État 25 milliards de F Cfa'', informe le pré-rapport, avertissant que ''si le rythme de progression des boursiers se maintient, le montant total de l’enveloppe pour les bourses et aides sera de 35 milliards en 2017 et 47 milliards en 2022''.

 

Comme solution à cette évolution fulgurante des bourses que l’Etat risque de ne plus soutenir, le comité de pilotage recommande de ''ramener à 30% le pourcentage d’étudiants bénéficiaires d’une bourse et 50% la proportion de non boursiers bénéficiaires d’une aide''. ''Dans le même temps, l’accès aux œuvres universitaires devra être limité aux étudiants bénéficiaires d’un appui de l’État. Parallèlement, dans le but de soutenir le développement de l’enseignement supérieur privé, la proportion de bacheliers soutenus par l’État devra atteindre 50%’’, ajoute le document.

 

Un bureaux d’accueil des étudiants

 

Une bonne politique d’enseignement supérieur doit aussi s’accompagner ‘’d’une bonne politique d’accueil et d’accompagnement des étudiants’’, estime le comité de pilotage. C'est ainsi qu'il prône la mise en place de ''véritables bureaux d’accueil, d’orientation, d’information et des carrières dans les universités et établissements d’enseignement supérieur''. ‘’Puisqu’il est question d’accueil et du séjour des étudiants, on formera ceux qui siègent dans les commissions de discipline relatives au traitement approprié des cas de harcèlement et d’intimidation dont beaucoup sont victimes, surtout les femmes'', explique le pré-rapport. Dans la nouvelle orientation de l’enseignement en gestation, les personnes vivant avec un handicap seront pris en compte. Le comité note que ''dans toutes les nouvelles constructions, et dans tous les réaménagements, il soit toujours tenu compte des normes permettant aux étudiants en situation de handicap de se sentir accueillis, soutenus et encouragés''.

 

Évaluation des enseignants

 

Autre point soulevé par ce pré-rapport, la question de l’évaluation. De l'avis du document, celle-ci intéresse ''tous les niveaux [et] doit nécessairement toucher les enseignants''. Il est recommandé donc que ''tout enseignant fasse une évaluation''. ''On comprendra qu’il s’agit avant tout d’une auto-évaluation par l’enseignant lui-même. Il est impératif que tout enseignant fasse d’abord l’objet d’une présentation claire dans une description du cours, de ses objectifs, de ses pré requis et de ses procédures d’évaluation'', souligne-t-on. Et pour le recrutement de ces enseignants, il sera question de s’assurer d’un ‘’rapport appréciant l’évaluation de leurs enseignements’’. Le comité demande donc ‘’la publicité des postes à pourvoir au niveau international avec l’appui de l’ANAQ (Autorité nationale de l'assurance qualité) et de la direction de l’Enseignement supérieur’’.

 

La question de la langue de travail revient dans ce pré-rapport, comme l’avait bien signalé le président du comité de pilotage, Souleymane Bachir Diagne, lors d’une conférence presse au siège du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Dans les universités, la maîtrise du français, principale langue de travail, pose problème. En outre, les nouvelles exigences de l’enseignement imposent à nos universités de s’ouvrir de plus en plus vers l’anglais. Ainsi, les étudiants, pour mieux maîtriser cette langue, doivent suivre, dans toutes les disciplines, des enseignements en anglais et faire des recherches dans cette langue. ''Il est temps que les langues nationales deviennent des langues d’enseignement en plus d’être objets d’enseignement'', insiste aussi le pré-rapport.

 

ALIOU NGAMBY NDIAYE

 

 

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