Publié le 12 Dec 2020 - 02:36
RANCH DE DOLLY

Les députés dénoncent l’échec du projet des sols et du pâturage 

 

Les parlementaires ne décolèrent pas sur la question du projet de restauration des sols de pâturage dans le ranch de Dolly contrecarré par le précédent ministre de l’Elevage. Le nouveau ministre a annoncé, hier, une profonde réflexion pour trouver un modèle de financement, après un investissement de 12 milliards F CFA.

 

A cause de la Covid-19, le vote du budget du ministère de l’Elevage et des Productions animales a eu lieu à huis clos. N’empêche que le ministre Aly Saleh Diop a dû répondre aux questions outrées des députés sur l’échec du projet de restauration des sols et du pâturage dans le ranch de Dolly qui avait pour objectif d’en faire un pôle économique dans la zone sylvo-pastorale. Ils déplorent l’insuffisance du budget alloué au projet de réhabilitation de ce ranch qui peut générer des emplois pour les femmes et les jeunes du département de Linguère.

Concernant le montant alloué au ranch, le ministre a expliqué qu’il vise à assurer sa sécurisation. Douze milliards de francs CFA ont été déjà investis et une profonde réflexion sera engagée par ses services pour trouver un modèle de financement et de gestion adéquate, afin de faire du ranch un véritable outil de développement.

Egalement, les députés ont demandé le report de l’organisation de la Journée nationale de l’élevage. Selon eux, ce n’est pas opportun, avec la pandémie de la Covid-19. Ils préconisent la tenue de journées de réflexion dans chaque localité, avec les services techniques départementaux et un mémorandum devra être déposé auprès du président de la République. Le ministre souligne que, compte tenu du contexte sanitaire, l’option retenue cette année est de recevoir tous les représentants d’éleveurs et les conclusions seront remises au chef de l’Etat.

‘’Opération Tabaski’’

Relativement à l’’’opération Tabaski’’ 2020, certains députés ont déploré les pertes enregistrées par les éleveurs-investisseurs qui ont vu une partie de leurs moutons invendus, contrairement à l’année 2019 où tous les moutons avaient été écoulés.

À cet effet, ils souhaitent que les intérêts des éleveurs soient mieux protégés et qu’il soit accordé une rallonge de délai pour le remboursement des ‘’crédits Tabaski’’ aux éleveurs qui ont comptabilisé des sujets invendus.

En revanche, d’autres estiment que l’opération a été un succès et ont adressé leurs vives félicitations aux services du ministère. Poursuivant, d’autres ont demandé au ministre de réguler le prix des moutons de Tabaski qui, selon eux, est onéreux au regard du prix de la viande de mouton au détail.

Par contre, d’autres estiment que le prix du mouton n’est que la résultante de l’augmentation du prix du fourrage et de l’aliment de bétail, du transport, etc. Sur la même lancée, ils sollicitent des mesures d’accompagnement pour le retour des éleveurs avec leur bétail, la sécurisation des points de vente de moutons pour la fête de Tabaski et une facilitation de la souscription des éleveurs à ‘’l’assurance bétail’’.

Relativement à l’’’opération Tabaski’’, le ministre a annoncé qu’il est prévu l’organisation d’un atelier-bilan dans la première quinzaine du mois de décembre, pour pouvoir cerner les acquis et identifier les difficultés, afin de préparer rapidement la fête de Tabaski pour l’année 2021. Répondant à l’interpellation sur l’amélioration des races, le ministre a relevé que des opérations ont été menées par l’introduction de races brésiliennes.

À cet effet, dit-il, plusieurs éleveurs ont reçu des vaches et taureaux à des prix subventionnés dans la région de Matam, à Ranérou, entre autres.

Concernant l’importation du bétail du Mali et de la Mauritanie pour la fête de Tabaski, le ministre dit que le contexte de l’élevage dans ces pays est différent. ‘’En effet, ces pays ont des espaces de pâturage assez étendus et un cheptel de bovins et d’ovins plus important que le nôtre. Pour le Sénégal, la population est quatre fois plus importante que son effectif d’ovins et la pression sur cet effectif est importante, eu égard aux nombreuses fêtes religieuses et familiales’’, souligne le ministre de l’Elevage et des Productions animales.

Aly Saleh Diop en déduit que les contextes de marché ne sont pas les mêmes et c’est ce qui explique le recours à ces pays pour l’approvisionnement en moutons. De plus, il a noté que le pays est membre de l’UEMOA et que le commerce entre ces pays est une nécessité.

‘’Faible montant alloué à la filière laitière’’

Prenant la parole à sa suite, le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, a rappelé les considérations générales sur le budget du ministère de l’Elevage et des Productions animales qui enregistre une augmentation de l’ordre de 5 %, soit plus de 1 294 000 000 F CFA.

Sur ce point, il a tenu à rassurer qu’au-delà du budget du département, le secteur de l’élevage bénéficiera des budgets d’autres départements ministériels.

A titre illustratif, il note que ‘’le budget du ministère de l’Eau et de l’Assainissement, avec le volet hydraulique rural, notamment dans le volet hydraulique pastoral où il est prévu un montant de 6 900 000 000 F CFA pour la construction de forages, mais aussi l’intervention du PUDC dont le volet hydraulique impactera sur le secteur de l’élevage. Parallèlement, à partir de 2022, le secteur va bénéficier d’un apport notoire de l’agropole Nord qui ciblera principalement le lait comme filière prioritaire. Ce projet est d’un coût d’environ 70 milliards F CFA d’investissements pour améliorer la politique d’élevage en général’’.

Le projet de budget 2021 du ministère de l’Elevage et des Productions animales est arrêté à 115 283 607 584 F CFA en autorisations d’engagement et à 27 104 615 459 F CFA en crédits de paiement. Des députés estiment que la hausse du budget est insuffisante, vu l’importance de ce département et les nombreux projets élaborés, notamment le projet de vaccination du cheptel. Dès lors, ils demandent que le budget soit sensiblement augmenté, eu égard aux nombreux chantiers prévus pour 2021, dans le but de moderniser le sous-secteur et les efforts consentis pour leurs réalisations.

 Aida Diène

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