Le Sénégal perd du terrain en Afrique
Le secteur des technologies de l’information et de la communication représente 12% des recettes budgétaires du Sénégal et contribue à hauteur de 8% du Pib. Malgré ce fort impact économique et social, le rapport de la Banque mondiale sur les dividendes numériques note que le Sénégal traîne beaucoup de faiblesses, notamment son environnement réglementaire.
Deux rapports contradictoires se sont déjà prononcés sur le classement du Sénégal dans l’indice de développement des technologies de l’information et de la communication (TIC). Le premier est fait par le Forum économique mondial qui classe le Sénégal à la 13ème place du continent, en 2015. Le second rapport, produit par Mc Kinsey, soutient que le Sénégal et le Kenya sont les deux pays qui tirent plus de dividendes numériques en Afrique. La Banque mondiale (BM), qui a publié hier son rapport sur les dividendes numériques, ne tranche pas entre les deux rapports. Toutefois, le spécialiste TIC de la BM pense qu’en matière d’économie numérique, ‘’le lion est à la recherche d’un second souffle’’. Ce qui veut dire que le Sénégal, qui faisait partie des premiers pays qui tiraient le plus de profits des TIC, perd du terrain. Il reste à la traîne, comparé à des pays tels que le Kenya et le Nigeria.
Si Dakar n’est plus dans le peloton de tête au niveau africain, c’est parce que, note Isabelle Huynh, il y a beaucoup de faiblesses qui entravent la bonne marche du secteur. Le spécialiste TIC de la Banque mondiale cite, parmi ces facteurs, le ‘’faible environnement réglementaire, les ‘’débits trop faibles’’, les ‘’tarifs trop élevés’’, ‘’l’accès très limité en zone rurale’’, le ‘’manque de compétences’’ et le ‘’faible niveau d’alphabétisation’’.
À cet effet, Isabelle Huynh souligne que l’épisode du lancement de la 4G au Sénégal est très révélateur du manque de cadre réglementaire. Pour rappel, la licence 4G n’a toujours pas été attribuée. Les trois opérateurs Orange, Tigo et Expresso sont accusés ‘’d’entente illicite’’ par le régulateur, en l’occurrence l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp). Les opérateurs eux aussi jugent ‘’très élevé’’ le prix de la réserve fixé à 30 milliards de F Cfa par l’État du Sénégal pour une durée de 20 ans.
Les TIC représentent 12% des recettes budgétaires
A côtés de ces faiblesses, Mme Huynh note quelques points forts sur lesquels le Sénégal peut s’appuyer pour tirer profit des dividendes numériques. Il s’agit notamment de son ‘’bon environnement des affaires’’ comparé aux autres concurrents de la sous-région ; la ‘’forte utilisation des TIC par les entreprises’’ et le ‘’fort impact économique et social des TIC’’.
Il faut noter que beaucoup d’acteurs, qui ont participé à cet atelier de partage du rapport de la Banque mondiale, ont surtout déploré la faiblesse du cadre réglementaire et l’absence de statistiques fiables pour mesurer le poids réel du secteur. Certains avancent que les TIC participent à hauteur de 12% dans le Pib du pays. Mais pour le Directeur de cabinet du ministre des Télécommunications et de l’Économie numérique, la contribution réelle du secteur dans le PIB est comprise entre 8,6 et 8,7%. Toutefois, Malick Ndiaye informe que sa contribution dans les recettes budgétaires du Sénégal est de l’ordre de 12%. ‘’Si le secteur des TIC tombe, c’est toute l’économie du Sénégal qui va en pâtir. Il faut diversifier les sources de la croissance et permettre aux autres acteurs de rentrer dans le secteur. Nous avons, dans ce premier semestre de 2016, l’occasion de changer beaucoup de choses’’, renseigne M. Ndiaye.
En outre, le spécialiste TIC de la Banque mondiale propose au Sénégal de procéder à un toilettage de sa régulation pour permettre l’arrivée de nouveaux concurrents. Isabelle Huynh pense aussi que l’internet haut débit doit être accessible à tous les niveaux d’enseignements au Sénégal.
ALIOU NGAMBY NDIAYE