Les mauvais présages pour 2022
La Banque mondiale souligne, dans son dernier rapport sur les ‘’Perspectives économiques mondiales’’, que l’Afrique subsaharienne devrait vivre des moments difficiles, les prochains mois à venir, malgré la croissance économique du Produit intérieur brut (Pib) qui devrait atteindre 2,8 %, cette année, et s’accélérer à 3,3 % en 2022.
Malgré une forte amélioration de la situation ressentie dans le monde entier, la pandémie de Covid-19 a continué de porter atteinte à la santé, à la scolarisation, à l’investissement et à la croissance économique. La Banque mondiale a souligné, dans son dernier rapport sur les Perspectives économiques mondiales, publié hier, qu'il y a un certain nombre de défis que l’Afrique subsaharienne doit relever pour apporter un nouveau souffle dans l’économie de la région.
Pour celle-ci, la croissance devrait donc reprendre, afin ‘’d’atteindre 2,8 %, cette année, et s’accélérer à 3,3 % en 2022, étayée par la hausse de la demande extérieure, essentiellement en provenance de la Chine et des États-Unis, la hausse des prix des produits de base et l’endiguement de la pandémie’’.
La région doit également prévoir que les incertitudes politiques et les effets persistants de la pandémie retarderont d’importants investissements dans l’infrastructure et les industries extractives et freineront la reprise en République centrafricaine, en Guinée équatoriale, au Niger et au Kenya. En effet, malgré la fourniture de vaccins, dans le cadre du mécanisme Covax, le rapport dit que ‘’les difficultés d’achat et les problèmes logistiques continueront d’entraver les campagnes vaccinales’’.
Le document renseigne aussi que les niveaux de revenu par habitant, en 2022, devraient être inférieurs de 4 % en moyenne à ceux observés en 2019 et que la situation sera ‘’sera particulièrement difficile dans les pays fragiles ou touchés par un conflit, avec des prévisions de production pour 2022 en recul de 5,3 % en moyenne par rapport à 2019’’.
Avec l’arrivé de la pandémie, l’Afrique subsaharienne est exposée à des risques de dégradation. En effet, bien que certains pays comme le Ghana, le Nigéria et l’Afrique du Sud aient amélioré leur système de distribution de vaccins, de nombreux autres États sont confrontés des problèmes d’achats et de logistique qui pourraient ralentir encore la vaccination. De plus, une baisse des prix pétroliers pourrait réduire les recettes de certains exportateurs de pétrole.
Le retard de la vaccination a anéanti les progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté et aggravé l’insécurité et d’autres problèmes de longue date dans les pays à faibles revenu. ‘’Malgré des signes encourageants de reprise à l’échelle mondiale, la pandémie a aggravé la pauvreté et les inégalités dans les pays en développement’’, note le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass.
Risques d’inondations et de sécheresses
La Banque mondiale souligne aussi que la région est également exposée à des risques d’inondations et de sécheresses qui pourraient détruire les récoltes, pousser les prix des aliments à la hausse et peser lourdement sur la consommation des ménages. Elle ajoute aussi que l’intensification des conflits pourrait freiner les dynamiques de reprise. En plus de ceux-ci, ‘’une hausse soudaine du coût des emprunts souverains pourrait créer des tensions financières dans certains pays, et le fardeau de la dette et les pressions budgétaires pourraient encore s’alourdir’’, précise l'institution de Breton Woods.
Après une analyse profonde de la situation, la Banque mondiale considère que, dans les pays exportateurs de produits autres que l’Angola, le Nigéria et l’Afrique du Sud, la croissance devrait grimper 204%, en 2021-22. Parlant de ceux, exportateurs de produits agricoles, elle souhaite une accélération pour atteindre 4,5% par an, en 2021-22.
Le document rappelle qu'à la suite de la Covid-19, la production en Afrique subsaharienne s’est contractée de 2,4% en 2020, soit une récession moins forte qu’initialement prévu, selon les dernières estimations de la Banque mondiale. D’après la même source, ‘’la crise sanitaire a eu pour effet de creuser les déficits budgétaires et d’accroître le niveau des dettes publiques, aggravant les risques de surendettement dans certains pays’’.
Elle indique, qu’à la faveur des retombées positives du renforcement de l’activité économique mondiale, la croissance économique a progressivement repris cette année. Cette faible progression s’est pratiquement observée, suite à ‘’une hausse des prix du pétrole et des métaux et des progrès accomplis dans la lutte contre la pandémie, en particulier en Afrique de l’Ouest et centrale. La crise sanitaire a eu pour effet de creuser les déficits budgétaires et d’accroître le niveau des dettes publiques, aggravant les risques de surendettement dans certains pays’’, renseigne la Banque mondiale.
Probable ralentissement du tourisme annoncé
Selon le rapport, seules les trois grandes économiques de la région Afrique subsaharienne, à savoir l’Angola, le Nigéria et l’Afrique du Sud, ont pu redresser leurs activités économiques, contrairement aux pays exportateurs de produits industriels et agricoles qui, pour la majeure partie, ont connu une grave récession, l’année dernière. Et, pour ce qui est des pays tributaires du tourisme, ‘’le nombre de visiteurs étrangers est pratiquement tombé à zéro et le secteur touristique tournera probablement au ralenti jusqu’à ce que l’élargissement des campagnes vaccinales permette de rouvrir les frontières’’, souligne la Bm.
Pour rappel, l’économie mondiale devrait croître de 5,6 % en 2021, affichant ainsi un rebond post-récession d’une ampleur sans précédent en 80 ans, selon la Banque mondiale. Cependant, cette reprise tient en grande partie au redressement vigoureux de quelques grandes économies, tandis que de nombreuses économies émergentes et en développement sont encore aux prises avec la pandémie de Covid-19 et ses retombées.
Malgré cette reprise, la Banque prévient que ‘’la production mondiale, fin 2021, sera inférieure d’environ 2 % aux prévisions pré-Covid. Dans les deux tiers des économies émergentes et en développement, les pertes de revenu par habitant subies en 2020 ne seront pas recouvrées en 2022’’.
ARAME FALL NDAO (STAGIAIRE)