Les partis dans le temps des concessions
La médiation menée par la société civile afin que les travaux de la commission technique de revue du code électoral reprennent a porté ses fruits. Les parties prenantes, qui se sont retrouvées hier, ont accepté de faire des concessions pour ce qui est du mode de scrutin et de la clef de répartition.
Suspendus depuis trois semaines du fait du boycott de l’opposition, les travaux sur la revue du code électoral ont repris hier avec la participation de toutes les parties prenantes. Une reprise qui, selon des sources ayant pris part à cette rencontre, s’est faite dans une ‘’ambiance très sereine’’. Car, chaque partie (pôle présidentiel, mouvance d’opposition, partis et coalitions non affiliés) a accepté de faire des ‘’concessions’’ par rapport au mode de scrutin et la clef de répartition, deux pommes de discorde.
En effet, a appris EnQuête, l’opposition a proposé que les 45% des conseillers soient élus sur la liste majoritaire, et 55% sur la liste proportionnelle aussi bien pour les villes, les communes que pour les départements lors des élections locales de juin 2014. Ce qui constitue donc une évolution car sa position initiale était respectivement de 40% et 60% pour la majoritaire et la proportionnelle.
A l’opposé, le pouvoir semble couper la poire en deux en proposant 50% pour chacune des listes (majoritaire et proportionnelle). Ce que confirme le ministre Benoît Sambou, plénipotentiaire du camp de la majorité qui salue d’ailleurs ‘’l’esprit d’ouverture’’ de l’opposition. «Chaque partie a fait des propositions et pense qu’elle a raison. Maintenant, les discussions se poursuivent la semaine prochaine. En attendant, les mandataires vont retourner à leurs mandants pour rendre compte et adopter une position commune’’.
Le pôle des partis et coalitions des non affiliés, pour sa part, pense que le meilleur choix reste le mode du scrutin mixte. Dans une résolution parvenue à EnQuête, Ndiaga Sylla et ses camarades souhaitent que les conseillers départementaux soient élus pour 40% au scrutin de liste majoritaire à un tour, et pour 60% au scrutin proportionnel sur des listes complètes.
Pour ce qui est des conseillers municipaux de commune, ils proposent que ces derniers soient «élus pour moitié au scrutin de liste majoritaire à un tour et pour l’autre moitié au scrutin proportionnel sur des listes complètes.» S’agissant des conseillers municipaux de la ville, le pôle propose deux formules : ‘’une moitié élue au scrutin proportionnel de la ville sur listes complètes sans panachage ni vote préférentiel’’; ‘’l’autre moitié est composée de conseillers des communes constitutives’’.
Mais tout cela devrait se faire ‘’sans panachage ni vote préférentiel’’, avertit le document. Si un ‘’consensus’ n’est pas trouvé, le pôle des non affiliés sollicite ‘’l’arbitrage du président de la République sur la question’’. A ce propos, le ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et des valeurs civiques prévient : ‘’ Il ne faut que les gens accusent le Président d’avoir fait du forcing’’.
La Commission technique chargée de la revue du code électoral (CTRCE) a jusqu’au 9 mars pour boucler son travail.
DAOUDA GBAYA