Suneor, Transrail, Aibd, ces dossiers chauds du gouvernement
Au cours de l’année 2015, le gouvernement a géré les dossiers de certaines entreprises en difficultés. Qu’il suffise de citer la Suneor, Transrail et Aibd. Mais au finish un dénouement heureux est en cours d’être trouvé surtout avec la Suneor où une solution à l’amiable a été retenu avec le repreneur Abass Jaber. Il en est de même pour Transrail où la concession a été retirée à M. Jaber, l’actionnaire majoritaire. Et pour Aibd, l’Etat a réussi à sauver la face Mais cette année coïncide aussi avec le lancement du Programme d’urgence de développement communautaire. Un levier pour corriger les inégalités entre le milieu rural et le monde urbain.
Fin de l’année 2015, fin du bras de fer qui opposait l’Etat du Sénégal au repreneur de la Suneor. Une solution ‘’à l’amiable’’ a été trouvée avec l’actionnaire majoritaire en la personne de l’homme d’affaires sénégalais Abass Jaber. Le feuilleton a duré longtemps. Des rencontres ont eu lieu entre les autorités et M. Jaber. A l’arrivée, le divorce était inévitable. La pression des autorités a fini par payer. Abass Jaber accepte de se retirer. Pour rappel, c’est en 2005 que la Suneor a été cédée à l’homme d’affaires sénégalo-libanais. Pendant 10 ans, la société traverse des difficultés. Elle peine à prendre son envol.
A la suite du retrait de Advens, les autorités ont annoncé la mise en place d’une commission technique. Cette dernière est chargée de ‘’réfléchir sur les modalités d’une telle séparation’’. Aujourd’hui, la Suneor attend toujours un repreneur. De nombreux prétendants ont été déjà annoncés. L’hebdomadaire Jeune Afrique avait dressé une liste de ‘’5 probables prétendants’’ qui sont notamment le groupe français Avril, la société agro-industrielle Safco de la Côte d’Ivoire, le groupe singapourien Olam, les algériens de Cevital et une possible candidature chinoise.
Parmi les hommes d’affaires sénégalais, le nom de Cheikh Amar est souvent évoqué. Ce dernier, dit-on, est intéressé par la Suneor. Sur ce dossier de l’ex Sonacos, le ministre de l’Economie, des finances et du plan avait informé lors d’une rencontre avec le Fonds monétaire international (Fmi) que le gouvernement va procéder à un appel d’offres. Selon Amadou Ba, l’Etat n’a pas pour vocation de gérer des entreprises. Mais pour éviter les erreurs du passé avec une mauvaise privatisation qui a abouti à la ‘’faillite’’ d’entreprises qui constituaient les fleurons de l’économie sénégalaise, il a décidé de reprendre ses biens en attendant de voir plus clair. Cependant, même si une solution a été trouvée avec le repreneur Abass Jaber, il reste cependant qu’un nouveau successeur de l’homme sénégalo-libanais tarde à être trouvé.
Transrail et ses bilans négatifs
Un autre dossier chaud que le Sénégal a eu à régler en fin 2015 est celui de Transrail. Cette fois-ci, il a cogéré ce feuilleton avec son voisin malien. C’est encore l’homme d’affaires Abass Jaber qui se cache derrière les rails. Depuis 2007, sa société Advens était avec Jean Lefebvre les actionnaires majoritaires de la ligne ferroviaire Dakar-Bamako. Depuis des années, Transrail a cumulé des bilans négatifs. Ces derniers ont été au total 11 sur les 12 bilans que Abass Jaber a présenté. Les pertes, elles étaient estimées à 26,2 milliards de F CFA sur un capital nominatif de 9,1 milliards. Face à ces échecs répétitifs, les deux gouvernements ; le Mali et le Sénégal, ont décidé de retirer, à Abass Jaber, la concession de Transrail. Ainsi, les deux Etats ont mis en place ‘’un organe provisoire’’ pour assurer la période de transition. Cet organe sera composé de cinq membres (deux sénégalais et deux maliens) avec à leur tête un directeur général sénégalais. Quant à Abass Jaber, il n’est plus actionnaire et n’a aucun droit de recours. La décision a été prise le 07 décembre 2015 en terre malienne.
Aibd : Macky Sall sauve la face
Un autre problème qui a rythmé l’année 2015 est le blocage des travaux à l’aéroport Blaise Diagne de Diass. L’Aibd dont les travaux ont commencé depuis plus de 10 ans n’est toujours pas livré. Même si les autorités estiment les taux de réalisation à plus de 90%, un différend a opposé le gouvernement du Sénégal à l’entreprise chargée de la construction de l’aéroport; le groupe Saudi Bin Laden Group (Sbg). La pomme de discorde entre les deux parties se trouve être le 5ème avenant demandé par Saudi Bin Ladin Group alors que la Direction générale de l’Aibd avait opposé un refus catégorique. La réclamation de Saudi Bin Ladin dans cet avenant s’élève à plus de 63 milliards de F CFA. Cet imbroglio a occasionné, depuis des mois, le blocage des travaux. Finalement, il a fallu faire recours à la diplomatie sénégalaise et à l’intransigeance du président de la République Macky Sall pour trouver une solution. Dans une de ses éditions, Sud Quotidien a révélé que c’est le ‘’langage ferme adopté par le président Macky Sall qui avait menacé de résilier le contrat si la société Sgb ne terminait pas les travaux qui a porté ses fruits’’. ‘’Ou vous terminez les travaux ou nous allons résilier le contrat’’ avait menacé le président, rapporte Sud Quotidien. Il s’ajoute que des discussions farouches ont eu lieu entre Riad et Dakar. Finalement, Sbg a accepté le deal. La livraison de l’aéroport reste prévue avant fin 2016.
Le Sénégal sur la liste des 25 pays les plus pauvres
Une polémique née d’un classement du Fonds monétaire international (Fmi) qui place le Sénégal sur la liste des 25 pays les plus pauvres sur la planète a émaillé l’année 2015. A la suite de l’annonce de ce rapport par la presse, l’opposition sénégalaise en a fait ses choux gras. Une occasion pour elle de tirer sur le régime en place et de mettre a nu les carences du gouvernement. Du côté des autorités étatiques, on ne se laissera pas faire. Très vite, le ministère de l’Economie, des finances et du plan va rédiger un communiqué pour démontrer le non fondement d’un tel classement. Chiffres à l’appui, Amadou Ba indique que la croissance du Sénégal qui était de 1,8% en 2011 est attendu à plus de 5% en 2015. Même le chef du gouvernement était monté au créneau. Pour Mahammad Dionne, un pays qui est la 19ème économie du continent africain sur un total de 54 pays ne peut pas figurer sur la liste des 25 pays les plus pauvres au monde. Ce classement semble à ses yeux absurde et il estime qu’il ‘’n’y a pas de quoi rougir’’.
Si les autorités n’ont pas bien accueilli ce classement du Fmi, ce n’est pas le cas avec le Doing Business 2016 qui a vu le Sénégal figurer dans le top 10 mondial des pays qui ont fait plus de réformes en 2015. Lors du lancement du rapport du Doing Business Amadou Ba, le ministre de l’Economie et sa collègue Khoudia Mbaye de la Promotion des Investissements, des partenariats et du Développement des télé-services de l’Etat ont fait le déplacement au siège de la Banque mondiale. Tous deux ont salué les performances enregistrées par le Sénégal en matière d’amélioration de l’environnement des affaires avant de fixer la barre plus haute. Khoudia Mbaye veut voir le Sénégal figurer dans le top 100 du classement du Doing Bussiness dans les années à venir alors qu’il est aujourd’hui à la 153ème place en 2016 après un petit bond de 3 places (156ème en 2015).
Suppression de la compensation financière versée à la Senelec
A la fin de cette année, la Société nationale d’électricité (Senelec) ne va plus bénéficier d’une compensation financière. Chaque année, la Senelec profitait de cette subvention. Toutefois, cette aide a connu progressivement une baisse passant de 123 milliards de F CFA à 63 milliards en 2015. Aujourd’hui que la Senelec a commencé à retrouver une santé financière et la baisse des prix des cours mondiaux de pétrole aidant, la société pourra finalement s’en passer de ce soutien qui pourra aider au financement d’autres secteurs d’activités. Cependant, même si la Senelec se redresse petit à petit, elle coure derrière des factures impayées. Les collectivités locales, à elles seules, comptabilisent plus de 35 milliards de F CFA qu’elles doivent à la Société nationale d’électricité sans compter les factures impayées des autres entreprises publiques de la place.
Sur un autre registre, même si le Fonds monétaire est considéré comme étant l’auteur du rapport qui classe le Sénégal parmi les 25 pays les plus pauvres au monde, sur un autre domaine, il s’est félicité ‘’de la volonté des autorités étatiques à maintenir le ‘’déficit budgétaire de 2015 et 2016 en ligne avec le programme ISPE, notamment en continuant l’exécution prudente du budget et en utilisant au besoin l’espace budgétaire créé par la réserve de précaution’’. Lors d’une réunion, le Conseil d’administration du Fmi a pris au cours de cette année, la décision ‘’de lever les plafonds d’endettement non-concessionnel qui s’appliquaient au Sénégal’’. Par la suite, il a ‘’conclu la première revue du programme économique et financier du gouvernement du Sénégal appuyé par l’Instrument de Soutien à la Politique Économique (ISPE)’’.
PUDC
2015 est aussi l’année d’exécution et de mise en œuvre du Plan Sénégal Émergent. C’est au cours de cette année qu’ont démarré les travaux de réalisation du parc industriel de Diamniadio. C’est aussi cette même année que le président de la République Macky Sall a lancé le programme d’urgence de développement communautaire (Pudc). Avec le Pudc, le chef de l’État veut réduire les inégalités qui existent entre le milieu rural et le monde urbain. Ainsi, il a décidé d’injecter, sur la période 2015-2017, 113 milliards de F CFA, sur fonds propres du gouvernement, dans le monde rural. Ce qui va se traduire par la réalisation, à court terme, de 250 forages pour permettre à 1016 villages d’avoir accès à l’eau potable. Au cours de cette même période, 325 villages vont bénéficier d’un programme d’électrification rural. Au terme du Pudc, le président de la République prévoit 416 milliards de F CFA pour le monde rural.
ALIOU NGAMBY NDIAYE