Le jeune El Hadji tué par balle
Des centaines de personnes ont accompagné El Hadji Thiam – de son vrai nom El Hadji Babacar Gaye - à sa dernière demeure. C’étaient en présence de son père et de son oncle venus expressément de la région de Kaolack, plus précisément de Sine Ngayène dans l’arrondissement de Médina Sabakh. Le jeune garçon tué par les forces de sécurité avant-hier lors des manifestations à Rufisque contre la candidature d'Abdoulaye Wade, a été inhumé vers 18 heures aux cimetières de Thiawlène, dans la tristesse. Certains de ses nombreux amis n'ont pas pu retenir leurs larmes.
Selon les témoignages de son père, Ousmane Gaye, le garçon a débarqué à Rufisque ''le dernier mercredi du mois béni de Ramadan. J’étais satisfait lorsque j’ai appris qu’il était dans cette maison où il ne pourrait pas emprunter une mauvaise voie dans sa vie''. Le père ému a confié avoir demandé à l’imam Abdoul Aziz Ndoye de considérer El Hadji ''comme son enfant. Ce qu’il a toujours fait jusqu’à ce que la mort vienne nous l’arracher''. Le papa éploré a souligné que son enfant répondait au nom d’El Hadji Babacar Gaye : ''Je lui avais donné le nom de mon père. Il avait près de 22 ans.''
Enfant de daara (enseignement religieux), El Hadji a migré par la suite en Gambie, vers Farafégné, pour faire ses armes en tailleur. Le jeune homme arrive ensuite à Rufisque où il rencontre l’imam Abdoul Aziz Ndoye, fils de l’érudit en Islam El Hadji Alioune. Outre de l'accueillir chez lui, l'imam Ndoye continue d'inculquer à El Hadji une éducation islamique tout en le faisant inscrire à l’école française.
De son côté, l’imam Abdou Aziz Ndoye a confié que ''l’autopsie a confirmé ce qu’avait constaté le médecin-chef de l’hôpital Youssou Mbargane''. Le document qui lui a été délivré établit que la mort est causée par une arme à feu. La balle est passée par la joue gauche du défunt pour atteindre la région cervicale droite. Selon le tuteur, la mandibule et les vertèbres cervicales ont été fracturées par le projectile. ''On m’a signalé que la balle n’a pas été retrouvée. Là où était la balle, on a vu qu’un seul trou très profond. On ne sait pas qui a extrait la balle'', a révélé l’imam Ndoye. Lequel demande que justice soit faite, notant que ''c’était un innocent''. Le cœur meurtri, il a fondu en larmes.
PAPE MOUSSA GUEYE (correspondant, Rufisque)