Publié le 4 Nov 2023 - 14:48
SAEMSS-CUSEMS : DÉPÔT DE PRÉAVIS DE GRÈVE, "JOURNÉE ÉCOLE MORTE", LETTRE ADRESSÉE AU PM

Une année de très haute tension

 

L'année scolaire 2023-2024 risque d'être très mouvementée. Hier, le Saemss et le Cusems ont décidé d'adresser une lettre d'information au Premier ministre, de déposer un préavis de grève et de décréter le mardi 7 novembre 2023 ‘’journée école morte’’ sur l'étendue du territoire national, pour exiger du gouvernement le respect de ses engagements et la libération des enseignants arbitrairement détenus dans les geôles.

 

Face aux multiples manquements auxquels fait face l'école sénégalaise, l'alliance du moyen secondaire entre le Saemss et le Cusems a décidé d'adresser une lettre d'information au Premier ministre, de déposer un préavis de grève et de décréter le mardi 7 novembre 2023 ‘’’journée école morte’’ sur l'étendue du territoire national en guise d'avertissement. C’est également leur manière d’exiger des autorités le respect de leurs engagements et la libération des enseignants arbitrairement détenus dans les prisons.

Dans un communiqué rendu public, l'alliance a quasiment énuméré tous les maux de l'école et du système éducatif sénégalais. "Il est aujourd'hui inadmissible et inconcevable de laisser des agents décisionnaires continuer à être les victimes expiatoires d'une fonction publique à double vitesse alors qu'ils sont astreints aux mêmes charges de travail que les autres enseignants. Le louvoiement du gouvernement sur la modification des décrets n°74-347 et n°2006-392 doit connaître un terme pour que ces dignes enseignants qui ont tout donné au système éducatif sénégalais soient rétablis dans leurs droits", notent-ils. 

Par rapport aux questions de carrière, "nous condamnons avec la dernière énergie la persistance des lenteurs administratives accentuées par le manque d'efficacité des bureaux relais du Pama ouverts dans les régions dont les habilitations portant sur la production de projets d'avancement ont été retirées", dénoncent les syndicalistes.

Dans la même veine, l'alliance fustige la persistance des lenteurs dans le paiement des rappels, contrairement à l'engagement pris par le gouvernement de procéder à l'apurement de cette dette due aux enseignants du Sénégal grâce à la mise en place d'un fonds. Il en est de même pour les questions de catégorisation et de paiement des indemnités qui continuent de plomber la carrière des chefs d'établissement qui, bien que promus à des postes de responsabilité, ne peuvent point jouir de leurs droits, dit-on.

 "Retour des politiques d'austérité qui asphyxient l'école sénégalaise"

Selon l'alliance, le gouvernement du Sénégal continue de jouer au dilatoire avec les MEPS dont la formation en vue de leur reversement dans le corps des PCEM en EPS vient à peine de commencer après plusieurs mois d'attente. Ces questions de carrière, ajoute-t-on, se posent avec acuité dans le secteur de la formation professionnelle et technique et méritent une prise en charge diligente.

Au-delà de ces manquements graves, dit-on, "il est à signaler et à déplorer le retour des politiques d'austérité qui ont contribué à asphyxier l'école sénégalaise durant les plans d'ajustement structurel avec la réduction drastique des budgets des établissements scolaires opérés cette année par le gouvernement du Sénégal".

Ces restrictions graves et la non-priorisation de l'école, liste l'alliance, expliquent également les nombreux déficits de personnel, de matériel et d'infrastructures enregistrés dans le système éducatif sénégalais. Cette situation de manque qui a été savamment bien programmée par les autorités, accuse-t-on, est d'ailleurs l'argumentaire qu'elles utilisent aujourd'hui pour cautionner un recrutement spécial basé sur le copinage et le clientélisme en lieu et place d'un concours en bonne et due forme pour l'enrôlement d'un personnel suffisant.

Mort programmé de notre "temple du savoir".

Ainsi, lit-on dans la note, les syndicats doivent se mobiliser d'urgence pour sonner le glas de ces pratiques contre-productives dont le maintien aura comme seule et unique conséquence la mort de notre "temple du savoir".

D'après le Cusems et le Saemss, la formation diplômante des enseignants qui devait être érigée en axe prioritaire pour l'amélioration considérable de la qualité de notre système éducatif dans le cadre la mise en œuvre du Programme pour l'amélioration de la qualité, de l'équité et de la transparence (Paquet), est reléguée au dernier plan.

En effet, explique-t-on, non seulement le gouvernement nie aux enseignants le droit de se former, mais pis encore, il recrute et injecte dans le système des agents sans formation initiale, ni continue. Cela est d'autant plus vrai, justifie-t-on, que la formation des professeurs de philosophie, des chargés de cours, des professeurs contractuels ayant capitalisé plusieurs années d'expérience, des bénéficiaires de mise en position de stage et des PC issus du recrutement spécial de 2021, initialement prévue en juillet 2023 à la Fastef, n'a pas encore démarré.

‘’Et pour attester d'ailleurs de leur aversion démesurée de la formation des enseignants, l'arme de la déportation a été utilisée pour les enseignants devant bénéficier d'un retour de stage en lieu et place d'une affectation conforme au principe de la gestion démocratique’’, déplore-t-on.

"Fermeture de l'université Cheikh Anta Diop sur la base d'un argumentaire fallacieux"

Sur le plan social, a fait savoir l'alliance du moyen secondaire, la politique d'accompagnement des fonctionnaires pour l'acquisition de logements à travers la mise en place d'un prêt, est aujourd'hui pervertie. La stratégie d'externalisation jette en pâture les bénéficiaires dudit crédit à des banques qui violent allègrement les engagements souscrits.

A ces maux, dénonce-t-on, s'ajoutent aussi les violations récurrentes des droits ainsi que la résurgence des pratiques liberticides de la part du gouvernement qui ont abouti à des arrestations multiples et arbitraires d'enseignants et d'élèves qui croupissent aujourd'hui dans les geôles.

Par la même occasion, l'alliance a dénoncé "la tentative inacceptable et inexplicable du gouvernement de prolonger la fermeture de l'université Cheikh Anta Diop sur la base d'un argumentaire fallacieux qui cache mal leur intention manifeste de sevrer toute une génération de savoir et de connaissance au moment où leurs propres progénitures en acquièrent hors de nos cieux".

Face à tous ces problèmes, l'alliance du moyen secondaire exige du gouvernement du Sénégal le strict respect du principe de la gestion démocratique des personnels de l'éducation, l'arrêt systématique des restrictions des libertés et la libération des enseignants arbitrairement détenus ainsi que l'apurement du passif des accords signés à travers le parachèvement de la dématérialisation des actes et des procédures, la révision du statut des décisionnaires, le démarrage de toutes les formations à la Fastef. De même que le relèvement des quotas des rappels, le doublement des budgets des établissements scolaires et le paiement sans délai des indemnités de sujétion des chefs d'établissement.

In fine, elle interpelle les autorités sur ces questions et appelle tous les enseignants à la mobilisation pour une école de qualité et pour exiger l'arrêt des politiques d'austérité dans le secteur de l'éducation et de la formation qui demeure le meilleur investissement pour une nation.

FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)

 

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