Des Saint-Louisiens s'indignent de la décision
Avec le report de l'élection présidentielle, les Sénégalais ne se rendront plus aux urnes le 25 février prochain pour élire un nouveau président de la République. Après l'annonce de la nouvelle, des Saint-Louisiens ont partagé leur désillusion et leur désenchantement face aux pratiques politiques qui semblent primer sur l'intérêt général et la démocratie. Ils ont vivement exprimé leur mécontentement et leur volonté de voir le scrutin se tenir dans les meilleurs délais.
Dans la vieille cité, le report de la Présidentielle du 25 février prochain à une date ultérieure est sur toutes les lèvres. Difficile de voir un petit groupe de personnes qui discute sans que cela soit le principal sujet. À Saint-Louis, la majeure partie des citoyens se sent trahie par le président Macky Sall qui avait promis de tenir ses engagements envers les électeurs. Ils estiment que ce report est une manœuvre politique visant à favoriser son maintien au pouvoir au détriment de la démocratie et de la volonté du peuple.
Déçus de la mesure du report, certains citoyens se disent dégoûtés par cette instrumentalisation de la Constitution à des fins politiques. Rencontré à côté du stade Mawade Wade, au quartier Médina Courses, casque à l'oreille suivant les éditions spéciales des radios, Mamadou Niang, enseignant de son état, crie sa colère. "Ce report est une trahison envers tous ceux qui ont lutté pour l'instauration d'une véritable démocratie au Sénégal. Nous nous sommes battus pour des élections libres et transparentes, et aujourd'hui on nous prive de ce droit fondamental. Nous ne nous laisserons pas voler notre voix. Nous continuerons de nous mobiliser pacifiquement pour faire respecter la volonté du peuple. Nous appelons tous les Sénégalais à se mobiliser et à exprimer leur mécontentement face à cette injustice", a-t-il râlé.
Pour d'autres citoyens saint-louisiens, ce report a engendré de la frustration et de la déception de pouvoir exercer leur droit de vote. Avec la décision du président Macky Sall de repousser l'élection, ils se sentent lésés dans leurs droits civiques et estiment que leur voix n'est pas prise en compte par les autorités. "Le report de l’élection présidentielle est un pas de plus vers la dictature au Sénégal. Nous ne pouvons pas accepter d'être privés de notre droit de choisir nos dirigeants. Nous demandons à la communauté internationale de soutenir notre lutte pour la démocratie et de faire pression sur le gouvernement pour qu'il respecte la volonté du peuple en organisant dans des délais très courts le scrutin", a martelé la dame Fatim Babou.
Assis sur des chaises en plastique et formant un demi-cercle devant une maison à étages, de jeunes étudiants discutent à fond sur le sujet. À les entendre, ils sont inquiets quant à l'impact de ce report sur la stabilité politique et sociale du pays. "Le président tente de prolonger son mandat illégalement en violant la volonté du peuple. D'ailleurs, le régime en place a posé des actes qui peuvent nous mener vers des lendemains sombres. Ce qu'aucun Sénégalais ne souhaite pour le pays. Le peuple est prêt à faire entendre sa voix et à se mobiliser massivement pour réclamer des élections transparentes. Nous ne nous laisserons pas faire et continuerons de nous battre pour des élections libres et équitables", s'est désolé le jeune étudiant en géographie, Assane Yaly.
Pour bon nombre de citoyens interrogés dans les rues de la capitale du Nord, ce report est perçu comme un gaspillage de ressources financières investies dans l'organisation de l'élection présidentielle, surtout pour les coalitions en lice. “En reportant l’élection à 48 heures de l’ouverture de la campagne électorale, on a fait perdre beaucoup d'argent aux partis politiques engagés, surtout ceux de l'opposition. Cet argent aurait pu être utilisé de manière plus utile. Rien que pour la collecte des parrains sur le territoire national, les gens se sont investis financièrement et physiquement. Pour les besoins de la campagne, les candidats ont déjà déployé de grands moyens pour acquérir un bon parc logistique, parce qu'une présidentielle n'est pas de la farce. Et aujourd'hui, on nous demande de tout ranger jusqu'à une date ultérieure. Le peuple souverain ne l'acceptera pas“, a vociféré Aïssatou Diallo, militante de l'opposition.
Toutefois, des soutiens et partisans du régime dédramatisent et se félicitent du report du scrutin. Pour ces derniers, vaut mieux reporter les élections de quelques mois et ensuite les organiser dans la transparence et l'inclusivité, que de les tenir à date échue dans une crise institutionnelle.
IBRAHIMA BOCAR SENE (SAINT-LOUIS)