SAINT-LOUIS - FÊTE DE LA SAINT-VALENTIN
Les populations divisées entre folles dépenses et banalisation
A l’instar de beaucoup de couples du monde entier, ceux de la ville tricentenaire ont célébré ce 14 février, la Saint-Valentin ou fête des amoureux. Si certains ne lésinent pas sur les moyens pour se faire plaisir et fêter en grandes pompes l’évènement, d’autres relèguent au second plan la Saint-Valentin et voient ailleurs les priorités du moment.
La célébration de la Saint-Valentin commence à prendre des proportions excessives dans la région Nord. Difficile de circuler dans les grandes avenues commerçantes et autres marchés de la capitale de Saint-Louis sans remarquer des signes ou décorations qui renvoient à la fête des amoureux. Devant les magasins et boutiques de prêt-à-porter de la ville, les commerçants ont plaqué quelques affiches pour rappeler aux clients l’évènement. Sur l’avenue Khalifa Ababacar Sy Ex André Lebon en centre-ville, une jeune dame aux rondeurs bien sénégalaises sort d’une boutique de prêt-à-porter chargée de deux grands sachets qu’elle range soigneusement dans le siège arrière de sa voiture. Yvonne Seck, responsable du marketing et de la clientèle d’une entreprise agricole de la place, soutient être prête à faire de folles dépenses pour combler son petit copain en cette fête de Saint-Valentin. « Je ne compte pas m’arrêter à ces achats. En dehors de ce costume et des chaussures, je lui offre également un diner aux chandelles dans l’un des plus chics restaurants de la ville. Je fais toutes ces dépenses pour lui témoigner tout mon amour », soutient Mlle Seck.
Un sentiment d’amour qu’elle partage avec le jeune Amath Soumaré, bien sapé dans son ensemble costume bleu. Ce dernier cherche un cadeau dans un magasin du marché Sor pour sa douce moitié. « C’est mon premier cadeau de Saint-Valentin après mariage. Je suis un nouveau marié. Comme depuis quelques années, on la fête en amoureux, avec de jolis cadeaux. Je ne veux pas déroger à la règle. C’est pourquoi, je lui offrirai un nouveau téléphone de classe pour lui renouveler toute la tendresse et l’amour que je ressens pour elle », avance-t-il.
‘’C’est une fête étrangère qu’on veut nous imposer’’
Pourtant, cette ambiance festive de la Saint-Valentin, n’est pas partagée par certains Saint-Louisiens. Selon ces derniers, les populations ont d’autres priorités que de faire de folles dépenses dans des magasins ou dans des restaurants pour une nuit. Pour Mame Ngoné, seuls les jeunes couples qui n’ont pas de grandes charges familiales peuvent se le permettre. « Il est impensable de dépenser beaucoup d’argent pour une fête européenne, alors qu’il y a des priorités qui attendent ailleurs. On peut offrir des cadeaux à son amour, mais, il faut savoir raison gardée et s’interdire certains dérapages », confie Mme Diagne.
D’ailleurs, cet argument de la dure conjoncture est fortement appuyé par les propos d’Alioune Niang. Cet instituteur à la retraite, rencontré sur l’avenue De Gaulle vers le pont Faidherbe, est de ceux qui ne voient pas l’utilité de célébrer la Saint-Valentin sous nos cieux. « C’est une fête étrangère qu’on veut nous imposer. On n’y gagne rien du tout. Les seuls bénéficiaires de la fête ce sont les commerçants des magasins et boutiques de prêt-à-porter. C’est bon de faire plaisir à son époux ou sa femme, mais le contexte actuel ne le favorise pas. Les gens ont plus besoin d’avoir de quoi se nourrir qu’autre chose », explique M. Niang.
Ibrahima Bocar SENE (Saint-Louis)
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