Publié le 26 Jul 2023 - 14:49
SAINT-LOUIS : INSTALLATION DE L'HIVERNAGE

Le populeux quartier de Pikine patauge déjà 

 

Après quelques millimètres de pluie seulement et certains quartiers de la capitale du Nord présentent un hideux visage. À Pikine, l'un des plus grands quartiers de la commune, des rues et des demeures sont déjà prisonnières des eaux pluviales. Les déplacements sont devenus un véritable parcours du combattant pour les populations. 

 

Après la pluie, c'est le beau temps, a-t-on l'habitude de dire. Ce qui est diamétralement opposé à la situation constatée dans le populeux quartier de Pikine, dans le faubourg de Sor. 

Ici, les premières pluies enregistrées dans la soirée du lundi au mardi ont occasionné beaucoup de difficultés aux populations. Pourtant, les Pikinois, à l'image des autres habitants de la ville, étaient ravis de voir les nuages ​​gris se rassembler et les premières gouttes de pluie tomber.

Cependant, une fois la pluie terminée, ils ont été confrontés à un autre problème : le sale temps qui a suivi. Les rues sont remplies de flaques d'eau, ce qui a rendu la circulation difficile, voire dangereuse. Dans les rues principales du quartier, véhicules et piétons s'efforcent de naviguer à travers les eaux stagnantes, contournant les plus grandes flaques pour éviter d'être éclaboussés.

Le réseau d’assainissement inefficace a contribué à aggraver la situation. Malgré le curage de certains axes, l'eau de pluie est également restée prisonnière dans les ruelles et autres maisons basses. Ne pouvant pas s'écouler correctement, l'eau de pluie a pris finalement la direction des maisons et des bâtiments bas pour s’y réfugier. 

Trouvé à l'angle d'une ruelle près de la mosquée Imam Fall de Pikine Jokoul, une pelle à la main et dégoulinant de sueur, Pape Djiby Niang dénonce avec la dernière énergie le défaut d'assainissement du quartier. "Dès la plus petite pluie, Pikine connait des problèmes d'évacuation des eaux. Avec un assainissement calamiteux et défectueux, nos maisons sont envahies par l'eau et nous perdons souvent la plupart de nos biens. C’est terrible de voir nos familles vivre dans des conditions aussi précaires", râle-t-il. 

Pire, ajoute un autre jeune du quartier, l'entreprise qui avait en charge les travaux d'assainissement a causé d’énormes torts aux populations de Pikine.  "Avant, nous avions moins de problèmes avec les eaux pluviales. Mais depuis qu'elle a tout enlevé et plié ses bagages, les populations souffrent à chaque hivernage. L'eau de ruissellement ne circule plus et occupe malheureusement nos rues et nos demeures. Le constat est là : dans certains coins du quartier, à n'importe quelle heure de la journée ou de la nuit, il faut que les jeunes s'organisent pour drainer les eaux prisonnières, sinon c'est la catastrophe’’, se désole Samba Guèye. Avant de jeter de gros cailloux dans le jardin du gouvernement pour non-respect des engagements pris par le Premier ministre Amadou Ba, lors de son passage à Saint-Louis.

"Accompagné du ministre Mansour Faye et des responsables nationaux de l'Onas, le Premier ministre avait promis la reprise des travaux d’assainissement avant le début de l'hivernage. Depuis lors, les populations attendent sans voir le bout du tunnel. Cela veut dire que nos souffrances ne les préoccupent pas", fustige l'enseignant.

Les charrettes assurent les traversées  

Le sale temps a aussi eu un impact considérable sur la vie quotidienne des populations, tant sur le plan social qu’économique. 

À Pikine Tableau Walo, l'unique rue qui dessert le quartier est presque impraticable et toutes les concessions avoisinantes sont envahies par les eaux pluviales d'hier.  Et pour faire traverser ce 'fleuve", les charretiers dictent leur loi. Entre la route nationale et le poste de santé de Sor Dagana ou le centre des sourds-muets, la distance est longue de moins de 300 m. Mais pour traverser par charrette, il faut débourser 200 F par personne. "L'hivernage s'installe, le calvaire des déplacements commence pour les populations de la vieille cité, surtout celles de Pikine. Dès que tu prononces le nom de Pikine, les taximen fuient. Les déplacements dans le quartier sont devenus un véritable cauchemar pour les ménagères. Sur une distance de moins de 200 m, le charretier réclame 200 F. Mais nous n'avons pas le choix, nous sommes lourdement chargés de bagages. Ensuite, les eaux sont très sales et dangereuses pour la santé. Il est risqué d'y patauger", fulmine Méré Raby Ndiaye, vendeuse de légumes à la zone de recasement de Pikine. 

Au sous-quartier de Sor Diagne, derrière la gorge routière municipale, la situation n'est pas plus reluisante. Déjà, des familles crient leur désarroi et espèrent de l'aide pour dégager l'eau de leurs foyers et des environs. "Les familles démunies comme la mienne sont obligées de rester dans les eaux, en attendant un pompage sérieux. La nappe phréatique est trop proche. Depuis hier, nous évacuons l'eau, mais quelques heures après, le niveau remonte dans la véranda et dans la cour. Pour le moment, les chambres sont épargnées. Pour combien de temps encore ? Nous tendons nos mains à Allah", déclare le pêcheur Sidy Fall. 

La pluie a également rendu le quartier de Pikine plus insalubre. Les eaux stagnantes sont un terrain de reproduction idéal pour les moustiques, augmentant le risque de maladies comme le paludisme. De plus, les débris et les saletés qui se trouvaient dans les rues sont maintenant mélangés à l'eau de pluie, créant un environnement propice à la propagation de bactéries et de germes.

Même si la pluie est une bénédiction tant attendue, elle laisse également son lot de problèmes aux populations saint-louisiennes.

En attendant, les habitants de Pikine et autres quartiers inondables se préparent à faire face à d’autres précipitations et à affronter les conséquences du sale temps qui suit.  D'ailleurs, les populations du faubourg de Sor invitent les autorités à prendre des mesures pour mettre en place un bon système de pompage et pour réduire les risques associés aux prochaines fortes pluies.

 IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS

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