Ces tueurs en série au Sénégal
La santé constitue une problématique majeure pour les populations sénégalaises. C’est un secteur très complexe qui, malgré les maigres moyens dont disposent les structures sanitaires de base, occupe une place importante dans l’architecture du développement du pays. Malgré les efforts consentis par les autorités sanitaires et administratives, certaines maladies continuent de faire des ravages dans la population. Ce sont les maladies non transmissibles.
Les maladies non transmissibles (MNT) sont des maladies qui ne se propagent pas par une infection ou par l'intermédiaire d'autres personnes, mais qui sont généralement causées par des comportements malsains. ‘’Selon le dernier rapport de l'institution publié en 2022, les MNT sont responsables de 71 % de décès dans le monde et 45 % de décès au Sénégal. Quatre MNT majeures, à savoir le cancer, le diabète, les cardio-vasculaires, les infections respiratoires chroniques sont à l'origine de 18 % de la mortalité prématurée, c'est-à-dire celle qui intervient entre 30 et 70 ans’’, renseigne le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Action sociale qui se prononçait, hier, lors de la cérémonie d’ouverture d’une réunion qui regroupe les responsables des 47 pays membres de la zone afro de l'Organisation mondiale de la santé en charge de la lutte contre les maladies non transmissibles.
De plus, ajoute Alassane Mbengue, les MNT engendrant beaucoup de handicaps, d’invalidités, mais aussi de troubles psychosociaux, elles entraînent également des pertes économiques importantes dues aux soins coûteux et à la baisse de productivité.
A en croire le secrétaire général, nos pays sont dans l'ère du ’’double fardeau’’. En effet, ‘’le diabète, l'hypertension artérielle, le cancer, les affections respiratoires chroniques, les troubles mentaux et neurologiques ne sont plus l'apanage des pays riches. Car 80 % des nouveaux cas de MNT surviennent dans les pays en développement comme les nôtres. En 2015, le Sénégal a réalisé son enquête et des prévalences importantes ont été retrouvées, avec notamment plus de 29 % de nos compatriotes qui sont hypertendus, 3,4 % qui sont diabétiques, 22 % qui sont en surpoids et 66 % de cette population ne pratiquaient pas une activité physique régulière’’, précise le SG qui promet une deuxième enquête en 2023.
Bâtir ensemble des stratégies à l'échelle africaine
Pour éradiquer ces affections, Alassane Mbengue estime qu’il faut que ‘’nous adoptions un comportement sain qui nous éviterait ces maladies. Mais mieux, nous devons bâtir ensemble des stratégies à l'échelle de la zone afro qui nous permettrait d'avoir des politiques et des plans efficaces, en vue de préserver la vie de nos concitoyens et de les sauver contre le diabète, les cancers, les maladies chroniques’’. Dans ce sens, il indique que cette situation alarmante est à l’origine de l’organisation de cette réunion interétatique dont l’objectif est d’accorder les violons entre les pays membres en vue lutter plus efficacement contre ces fléaux.
‘’Ce sont des maladies qui, chaque année, causent énormément de décès, plus que le paludisme, la tuberculose et le VIH/sida réunis. C'est une préoccupation majeure pour l'ensemble de nos pays, mais aussi pour l'Organisation mondiale de la santé. Nous avons des experts de l'OMS à Genève et aussi certains partenaires qui nous accompagnent dans la lutte contre les MNT’’, explique M. Mbengue. Avant de poursuivre : ‘’Cette réunion nous permettra ensemble de faire le bilan au niveau de chaque pays, mais plus globalement dans le cadre de notre zone, de définir en commun les meilleures stratégies qui nous permettraient de lutter plus efficacement contre les maladies non transmissibles. Nous comptons sortir de cette réunion avec des recommandations pertinentes qui nous permettraient, dans la mise en œuvre, d'améliorer notre combat contre ces maladies’’.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)