Publié le 17 Mar 2025 - 10:17
SAUVETAGE D’UN INDIVIDU BATTU À MORT EN ESPAGNE

Deux migrants sénégalais honorés pour leur “héroïsme”

 

Deux migrants sénégalais ont été honorés par la mairie de la ville de La Corogne (une ville du nord-ouest de l’Espagne) en tant que « héros ». Ils ont été distingués pour avoir risqué leur vie en tentant de sauver vainement un jeune homme.

 

F. Bakary Camara

Il s'agit de Ibrahima Diack et Magatte N'Diaye, tous deux vendeurs ambulants et migrants irréguliers sans permis de travail ni de séjour. Fin février 2025, la mairie de La Corogne leur a rendu un vibrant hommage. Lors de la cérémonie, ils ont reçu une ovation pour leur « altruisme ». Ibrahima et Magatte ont également reçu le titre de « fils adoptif », la plus haute distinction qu'une ville espagnole puisse décerner pour récompenser des individus pour leurs « qualités ou mérites exceptionnels ».

Retour sur les lieux du crime

L’affaire Samuel Luiz, remonte à juillet 2021. Le soir de l’agression, le jeune homme de 24 ans était sorti avec des amis à La Corogne, une ville portuaire de Galice. Lors du procès, le tribunal a mis en évidence comment Samuel passait un appel vidéo à l'extérieur d'une discothèque lorsqu'un passant l'a traité de « pédé. » et l'a accusé de les avoir filmés. Après avoir frappé Samuel et quitté les lieux, il est revenu avec 12 autres personnes qui l'ont battu jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Il est décédé à l'hôpital le lendemain matin. Ce jour-là, les deux marchands ambulants étaient dans les parages. Ils n’ont pas hésité une seule fois à venir au secours de Samuel Luiz.

Ibrahima et Magatte ont vu le groupe donner des coups de pied à Samuel alors qu'il gisait dans la rue, couvert de sang. « J'ai attrapé le garçon par les bras et Magatte essayait de les arrêter, mais ils nous encerclaient », a raconté Ibrahima. Les deux hommes se tenaient de chaque côté de Samuel, les bras tendus pour tenter de bloquer les coups de poing et les coups de pied « venant de tous les côtés ». Mais l'un des agresseurs a frappé Samuel, le laissant inconscient.

Pris de panique, les deux migrants se sont fondus dans la nature. « Nous étions illégaux, nous n'avions pas de papiers à l'époque et nous avions très peur de tout ce que nous risquions pour arriver ici et avoir un bon avenir », a ajouté Ibrahima. « Cela nous est arrivé et nous nous sommes dit que nous devions essayer de nous échapper, car si la police nous attrapait, c'était fini », a déclaré Magatte. « Nous avons fait ce que nous devions faire, ce sont les valeurs que nos parents nous ont enseignées au Sénégal. »

Après le procès

Après le procès, l’affaire a pris une autre tournure politique. Pour la maire de La Corogne, « le fait que deux migrants sans papiers soient les seuls à avoir risqué physiquement leur vie pour aider la victime d'une meute assoiffée d'horreur laisse beaucoup à réfléchir et enseigne une série de leçons pour tout le monde », a déclaré Rey. Le jour de la cérémonie de distinction, les deux Sénégalais ont avoué qu’ils ne sont pas des héros. « Nous avons fait ce que nous devions faire, ce sont les valeurs que nos parents nous ont enseignées au Sénégal », a déclaré Magatte.

Quant à Ibrahima, qui vivait dans le quartier au moment de l'attaque, il a déclaré qu’il est issu d’une famille modeste. « Mes parents ne sont pas riches, mais ils m'ont donné beaucoup de choses plus précieuses que de l'argent », a-t-il estimé, devant la presse locale et relayé par le site metro.co.uk.

Les coupables condamnés à de lourdes peines

La maire de La Corogne a souligné que seules quelques personnes sont venues à son secours, celles qui avaient le plus à perdre, c’est-à-dire les deux Sénégalais. « Ils n’ont pas pu le sauver, mais ils ont agi en sauveurs par gentillesse, par pur altruisme », a-t-elle déclaré.

En novembre 2024, le tribunal a reconnu quatre hommes coupables du meurtre de Samuel. Le principal coupable a été condamné à 24 ans de prison. Deux autres hommes ont été condamnés respectivement à 20 ans et 20 ans et demi de prison. Un quatrième accusé a été condamné à 10 ans de prison.

F. BAKARY CAMARA

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