Le programme ‘’un atout, pas un égout’’ lancé
Les populations de Hann et environs se sont levées pour venir à bout de la pollution de leur baie. Jadis havre de paix et louée pour sa beauté, elle est devenue aujourd'hui un dépotoir d'ordures et de produits chimiques.
La mauvaise odeur et les déchets au bord de la plage sont les premières choses qui attirent les visiteurs qui s'aventurent du côté de la baie de Hann. Impossible de penser ou de croire que cette baie a une fois dans sa vie été une beauté. Des déchets plastiques couverts d'huile ornent le décor. Les pêcheurs et les enfants ne semblent pas du tout être gênés par l'odeur où la saleté, ils déambulent comme bon leur semble, l'habitude aidant sûrement. Mais aujourd’hui, les populations veulent retrouver cette baie, avec une mer poissonneuse, des eaux calmes et claires, une plage de sable fin et blanc, des baigneurs joyeux, des pêcheurs prospères et un port naturel pour pirogues.
En effet, les habitants de la localité se sont levés samedi matin de bonne heure pour lancer un appel et sensibiliser les autorités de ce pays, afin que la baie retrouve son lustre d'antan. Un plaidoyer a été fait autour du canal 6 particulièrement, mais aussi de tous les canaux qui déversent les eaux usées et les ordures dans la baie de Hann. Cheikh Diongue, président du réseau communautaire des associations pour la défense de l'environnement de Hann Bel Air, espère que cette manifestation ‘’poussera les autorités compétentes qui ont en charge ces canaux à prendre leurs dispositions pour que cela diminue, en attendant qu'il y ait le projet global de dépollution de la baie de Hann’’. En outre, il espère que ‘’le projet de dépollution de l'Union européenne et de l'État du Sénégal soit une solution définitive au problème’’. En effet, un émissaire de 14 km qui va prendre toutes les eaux usées, une restructuration des quartiers environnants et un système d'assainissement sont prévus par ce projet.
Diarrhée et maladies dermiques
Les conséquences de cette pollution sur les populations de Hann semblent être énormes. Déjà, la plage, belle comme une piscine et relativement calme, est interdite de baignade. Elle est non seulement polluée par les déchets chimiques déversés par les canaux, mais aussi par des déchets bactériologiques déversés par les populations. Les populations, surtout les couches les plus faibles, sont sujettes à des maladies comme la diarrhée, les maladies dermiques. Les statistiques au niveau des centres de santé montrent qu’il y a une prévalence de ce type de maladie au niveau de Hann, touchant surtout les enfants et les pêcheurs. Cheikh Diongue pense qu’’’il y a une évolution des mentalités au niveau des populations, surtout urbaines, quant à l’intégration même de la question de l'environnement dans les préoccupations, parce qu'il ne peut pas y avoir de développement sans environnement saint’’. Pour Matar Diaw, environnementaliste, cette initiative n'est en fait qu'une ‘’prise de conscience collective des dangers qui guettent les populations de Hann Bel Air’’.
Djiby Guissé, membre du groupe musical ‘’les frères Guissé’’ et habitant la localité de Hann est l'un des initiateurs du projet. Le chanteur veut ‘’retrouver l'inspiration à la baie de Hann’’. ‘’La plupart de nos chansons ont été écrites et inspirées ici, mais ce n'est plus possible aujourd'hui ; rien que l'odeur peut nous décourager’’, fait-il savoir.
KHADY FAYE