Zahra Iyane Thiam engage le plaidoyer pour la baisse des taux d’intérêt
L’ensemble du secteur de la microfinance doit engager une réflexion profonde pour une baisse des taux d’intérêt à des niveaux raisonnables qui ne freinent pas le développement de l’entreprenariat. C’est l’appel lancé hier par leur ministre de tutelle Zahra Iyane Thiam, lors de l’ouverture de l’université des dirigeants du réseau Pamecas.
La question des taux d’intérêt débiteurs appliqués au niveau des institutions de microfinance, est une préoccupation constante aussi bien pour les décideurs que les membres et clients. ‘’Mais si nous voulons avoir une microfinance autrement, cette paix sociale, et surtout si le secteur veut revenir à sa mission originelle, accompagner ses membres, nous devons partir sur de nouvelles bases. Aussi, voudrais-je, à nouveau, exhorter le réseau Pamecas et, au-delà, l’ensemble du secteur de la microfinance à engager une réflexion profonde pour une baisse des taux d’intérêt à des niveaux raisonnables qui ne freinent pas le développement de l’entreprenariat’’, plaide la ministre de la Microfinance et de l’Economie sociale et solidaire.
Zahra Iyane Thiam s’exprimait hier, à l’ouverture de l’université des dirigeants du réseau Pamecas.
Elle indique ainsi que la création du Fonds national de la microfinance (Fonamif) est en ‘’parfaite adéquation’’ avec ce souci permanent d’un secteur performant et adapté aux exigences du moment. Zahra Iyane Thiam estime que l’opérationnalisation du Fonamif, dont le plan stratégique de développement est déjà élaboré, améliorera la gouvernance institutionnelle et la régulation du secteur de la microfinance à travers la mise en place de mécanismes appropriés (fonds de bonification, de garantie, de refinancement) destinés à faciliter l’accès.
‘’A terme, le Fonamif contribuera, de façon effective, grâce à la mise à disposition des SFD de ressources longues et stables, à la baisse des taux et à la construction d’un secteur de la microfinance inclusif et pérenne. Un atelier de validation du plan stratégique de développement du fonds se tiendra très prochainement, pour visiter l’écosystème du secteur et impulser un nouveau souffle sur la base des leçons apprises et vécues de la Covid-19. En effet, le renforcement des capacités techniques et managériales est devenu aujourd’hui un enjeu de taille pour réaliser un développement harmonieux et dynamique’’, dit-elle.
Cependant, la ministre de tutelle reconnait que le secteur de la microfinance est en ‘’mutation permanente’’ et de nombreux défis et enjeux l’interpellent. Dès lors, elle trouve que pour assurer leur pérennité et leur survie dans ce contexte changeant et remplir leurs missions, les institutions de microfinance doivent obligatoirement ‘’s’ajuster en conséquence’’. Ceci, pour se positionner comme des ‘’leviers essentiels’’ du développement économique et social des populations.
‘’Dans cette perspective, la culture de la performance et de la persévérance doit être au centre de leurs préoccupations, afin de prévenir et de vaincre les difficultés, quelle que soit leur nature et leur niveau d’intensité, pour relever les défis. Pour asseoir sa pérennité, il est, en effet, indispensable pour l’institution de maitriser les risques de tout genre pouvant empêcher son développement et l’atteinte de ses objectifs’’, renchérit-elle.
Dans le même sens, la ministre en charge de la Microfinance note que la problématique de la création de valeurs doit demeurer au centre de leurs préoccupations. Afin de garantir aux personnes à faibles revenus et à leurs familles les conditions de leur inclusion économique, financière et sociale. ‘’Il s’agit ainsi de leur faciliter un accès au crédit leur permettant de financer l’achat de nouveaux équipements, de démarrer une nouvelle activité ou de les aider tout simplement à se remettre d’une catastrophe, comme ce fut le cas avec la pandémie de la Covid-19. La finance digitale occupe de plus en plus une place de choix dans la vie des populations, en ce sens qu’elle leur permet de réaliser, via un compte mobile, une série d’opérations telles que le transfert d’argent, le paiement de factures, le paiement marchant, l’accès à l’épargne et au crédit’’, ajoute-t-elle.
D’ailleurs, Zahra Iyane Thiam relève que la pandémie du coronavirus a révélé toute son importance. Ainsi, elle juge le thème de ces journées de réflexion sur l’enjeu de la digitalisation ‘’important’’ et mérite, par conséquent, d’être discuté pour ‘’mieux cerner’’ son utilité visant à rendre plus accessible l’offre de services de ces institutions au plus grand nombre de femmes et de jeunes, et de toucher plus de producteurs ruraux dans les zones les plus reculées du pays.
Pour sa part, le directeur général de l’UM Pamecas, Malick Diop, a fait savoir que l’université des dirigeants de leur réseau vise notamment à ‘’renforcer les capacités et créer les conditions d’un dialogue’’. En vue de prévenir les crises de gouvernance, valoriser et reconnaitre le bénévolat et le temps donné à la communauté. ‘’Le digital est un enjeu. Nous allons traiter la thématique des enjeux de la transformation digitale comme levier d’innovation, celui pour faire baisser les coûts opérationnels, pour accroître l’efficacité du réseau et de ses entités affiliées. Dans un contexte post-Covid-19, la gestion des risques devient un sujet extrêmement important pour les SFD, les acteurs de la microfinance’’, admet-il.
Cependant, le président de l’Association des professionnels des systèmes financiers décentralisés (APSFD) a précisé que le secteur de la microfinance a connu une ‘’forte baisse’’ de la production de crédits alloués due à des tensions de trésorerie causée, d’une part, par un retrait massif de l’épargne et, d’autre part, par une diminution des dépôts. ‘’C’est dans ce contexte de fragilisation de notre secteur, ses conséquences dramatiques sur le plan économique, que les acteurs de la microfinance doivent identifier des options pour atténuer les effets de la crise économique induite par la pandémie de coronavirus, travailler à rendre notre écosystème plus solide’’, informe Ousmane Diop.
Pour faire face à cette situation, ce dernier a plaidé, à son tour, pour la mise à leur disposition de crédits à longue durée pour leur permettre de financer la relance économique.
MARIAMA DIEME