Le fils du défunt khalife des Khadrya interpelle Ould Abdel Aziz et Macky Sall
A l’occasion du 40e jour du décès de Cheikh Bounena, Khalife Général de la confrérie Khadrya, la fédération khadria de Nouakchott a organisé une cérémonie religieuse à laquelle a pris part le fils du défunt khalife, Cheikh Sidi El Khair Ould Cheikh Bounena. Le religieux s’est désolé des conditions difficiles dans lesquelles vivent les Sénégalais en terre mauritanienne. Il invite les chefs d’Etat des deux pays à régler la question.
La khadriya a toujours joué un grand rôle de rapprochement entre le Sénégal et la Mauritanie. Le fils du guide religieux de la tarikha l’a rappelé, à l’occasion du 40e jour du décès de son défunt père, Cheikh Bounena. Ainsi, concernant le séjour difficile des ressortissants sénégalais en terre mauritanienne, le Cheikh souligne que les chefs religieux sont en train de jouer leur partition. « Nous ne comptons pas beaucoup sur la diplomatie pour régler le problème entre les deux pays. Je ne dis pas que cette diplomatie ne joue pas son rôle. Mais il est vrai que les Sénégalais vivent difficilement en Mauritanie pour des raisons politiques. Ce sont des questions qu’on peut régler. » « Nous allons, ajoute-t-il, en tant que pouvoir religieux, jouer un rôle sous-marin et chacun n’a qu’à jouer sa partition. Même la presse doit aller dans ce sens. Nous comptons également, et au premier plan, sur nos deux Chefs d’Etat : Mohamed Ould Abdel Aziz et Macky Sall qui ont prouvé qu’ils veulent la paix pour apaiser la souffrance des populations. »
En effet, regrettant cet état de fait, il indique que « cette situation ne doit pas prévaloir et perdurer. En tant que religieux, j’ai des parents entre les deux rives à qui je rends visite périodiquement, sans compter de nombreux talibés khadria ». Donc, s’il y a des problèmes entre les deux pays, « nous serons les premières victimes » dit-il. « Nous sommes actuellement en train de voir du côté sénégalais, comme du côté mauritanien, les problèmes de séjour qui ont occasionné le départ de beaucoup de Sénégalais de la Mauritanie dont nos talibés.
Beaucoup de choses nous lient, comme l’Islam, l’histoire politique et d’autres liens de parenté. » Par conséquent, dit le religieux : « Nos dirigeants doivent revoir toutes ces relations de bon voisinage pour trouver une solution idoine dans l’intérêt des deux peuples et non des deux gouvernements. » Et notre Cheikh de terminer par une note d’espoir. « Nous avons espoir qu’ils (les deux chefs d’Etat) soignent cette plaie et nous sommes convaincus que tous ensemble, nous parviendrons à régler tous les différends et surmonter tous les problèmes par la grâce d’Allah. »
Venant à s’exprimer sur l’expulsion de 24 jeunes talibés (5-8 ans) venus apprendre le Coran en Mauritanie, le Cheikh a soutenu qu’actuellement, les choses ont changé, avec le trafic des enfants et l’intégrisme. « Le contexte a un peu changé. C’est pourquoi, les Etats ont pris des dispositions du genre pour contrôler et surveiller ce genre de trafic, pour protéger les enfants et certains biens comme les voitures volées. » Néanmoins, a-t-il ajouté : « Nous sommes prêts à jouer un rôle de facilitateur en donnant des gages de sécurité et en faisant enregistrer tous les enfants dans les Daara connus, avant de venir en Mauritanie. » « Nous savons qu’actuellement nos pays traversent des moments très difficiles avec l’insécurité galopante et la montée de l’intégrisme », a-t-il renchéri.
IBOU BADIANE, CORRESPONDANT EN MAURITANIE