JonOne comme jamais à Dakar
Il est l’un des artistes visuels les plus cotés en Europe. Pourtant, il vient du street art. JonOne a fini de s’imposer. Il sera à Dakar au mois de novembre, pour une exposition solo organisée par la galerie ArtTime.
Le street art est bien développé au Sénégal. Mais certains de ses acteurs comme les graffeurs ont encore de la peine à entrer dans les salles. Docta, le père du graffiti sénégalais, est l’un des rares à avoir pu exposer dans une galerie. Et ses pairs se battent pour avoir une place dans le programme de la Biennale de Dakar. Ailleurs, des gens ont déjà compris que cet art est important et peut aller au-delà des rues. Les propriétaires de la galerie ArtTime, installée à Abidjan, sont de ceux-là. Ils veulent exposer à Dakar un artiste international, JonOne, du 12 novembre au 2 décembre.
‘’Nous avons fait le choix de garder encore le lieu de l’exposition secret. Nous le dévoilerons plus tard’’, a expliqué Guillaume Studer dans un entretien avec ‘’EnQuête’’. Les cimaises de la galerie choisie accueilleront une vingtaine de toiles de JonOne. Et ce ne sera pas n’importe lesquelles. Elles seront toutes sous des formes exceptionnellement grandes et seront mises en vente. Le rendez-vous promet déjà, parce que l’artiste est tout impatient de venir en Afrique, au Sénégal, d’après Guillaume Studer.
Pourtant, l’on sait qu’il a fait les plus grands pays du monde. Il est l’un des artistes visuels les plus chers d’Europe et a exposé dans les plus prestigieuses biennales et galeries.
Mais venir en Afrique est une expérience pas comme les autres, pour lui. Guillaume Studer considère que Dakar est comme ‘’une terre de renaissance qui inspire les artistes’’. Aussi, assure-t-il, ‘’JonOne se compare aux jeunes de l’Afrique’’, fait savoir Guillaume. Ce qui se comprend, quand on connait l’histoire de ce peintre des murs. John Andrew Perello, ainsi s’appelle JonOne à l’état civil, est né en 1963 à Harlem. Il a débuté le graffiti dans les années 1970, à New York, avant d’aller s’établir en France. Son adolescence à Harlem, un quartier noir, il est normal qu’aujourd’hui, ils s’identifient aux jeunes Africains. Ayant compris cela également, les organisateurs de son exhibition ont prévu des échanges avec les jeunes graffeurs.
‘’On pense que ceux qui arrivent ont beaucoup à apporter à ceux qui sont là. Mais on est également d’avis que ces derniers peuvent beaucoup apporter à l’artiste, d’où le masterclass prévu lors du séjour de JonOne à Dakar’’, a indiqué M. Studer.
A cet effet, il est programmé la participation d’artistes d’ici, ‘’pas forcément ceux connus’’, comme l’a précisé l’organisateur.
Par ailleurs, au-delà de l’exposition, il est prévu une performance de JonOne sur un mur. L’emplacement n’est pas encore choisi, mais cela se fera, car ‘’ce sera plus prestigieux pour l’artiste et bien mieux’’, a expliqué Guillaume Studer. Il en sera autant pour la capitale sénégalaise, car JonOne a customisé de grandes marques comme Guerlain, Lacoste, LG ou encore AirFrance.
Légion d’honneur française en novembre 2019, sa cote était à 80 600 euros, avec la vente de son tableau ‘’A to the Z in 5 seconds’’. En outre, JonOne collabore avec la fondation Abbé Pierre depuis 6 ans. D’ailleurs, il a fait une remarquable fresque à la place Clichy à Paris. Elle était partie pour être temporaire. Mais elle est tellement majestueuse que les autorités ont décidé de la laisser permanente.
Après JonOne, Soly Cissé pourrait être le prochain artiste à être exposé par la galerie ArtTime. Guillaume Studer et Alix Panizzoli, les propriétaires de ladite galerie, ne sont certes pas encore prêts à ouvrir une succursale au Sénégal, mais n’exclut pas totalement cette idée. ‘’S’installer quelque part requiert des préalables et n’oubliez pas aussi que notre galerie n’a que 2 ans. Nous n’ouvrirons que là où il y a une demande, même si on reconnait qu’avec la dynamique africaine, c’est parti pour qu’on ouvre partout’’, a souri Alix Pannizzoli. Ils ont l’ambition d’une présence sous-régionale d’abord. ‘’On veut avoir une présence assez forte dans la sous-région, avant de déployer nos ailes’’, fait-elle savoir.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ces galeristes ne travaillent pas qu’avec des artistes de renom ou des artistes africains. Ils ont déjà eu à collaborer et faire découvrir aux Africains de jeunes mais talentueux artistes européens. C’est d’ailleurs un peu cela leur spécialité. Dénicher des talents cachés et les faire éclore tant qu’ils restent convaincus que leur style peut intéresser.
ArtTime représente et expose une cinquantaine d’artiste de 14 pays différents pour le moment.
BABACAR SY SEYE