Publié le 15 Sep 2023 - 17:22
SOMMET MONDIAL DE LA FINANCE ISLAMIQUE 2023

Macky Sall primé à Dakar

 

Le Sénégal a été hautement honoré, hier, lors du Sommet mondial de la finance islamique tenu à Dakar où le président Macky Sall a reçu le Prix mondial du leadership en la matière. Néanmoins, le chef de l'État note que la finance islamique n'est pas suffisamment connue et pratiquée dans les pays africains. Elle reste encore marginale, voire inexistante dans la grande majorité de ces pays.

 

En marge de l'édition 2023 du Sommet mondial de la finance islamique tenu à Dakar, le président de la République du Sénégal a reçu son prix, hier, comme annoncé dans notre précédente édition. Ce Prix mondial du leadership en finance islamique lui a été décerné à cause de sa volonté affichée de faire de Dakar un hub de la finance islamique. Il s'agit d'une reconnaissance avisée du travail que le pays est en train de réaliser pour le développement de ce domaine.

Outre le président de la République, le Sénégal a aussi été honoré par le prix individuel décerné à Mamadou Lamine Mbacké de l'Institut africain de finance islamique qui mène un l'effort de vulgarisation dans ce domaine depuis douze ans (2010), à travers la promotion du Forum international sur la finance islamique.

De plus, Al Rahma microfinance islamique, affiliée de la BNDE de Mouhamadou Lamine Fall, a été primé.

Après avoir salué les réformes introduites par Macky Sall dans les domaines bancaires pour promouvoir les activités de la finance islamique, le directeur général du Cambridge Institute of Islamic Finance, Dr Humayon Dar, a souligné que le Sénégal est un pays pionnier en la matière. Il note que le Fonds de développement islamique a d'ailleurs été lancé à Dakar.

Pour sa part, le président sénégalais, qui s'est réjoui de son prix, a tout de même souligné que cette activité financière n'est pas suffisamment connue et pratiquée dans nos pays. ''Le volume total des actifs financiers islamiques est très important : 2 698 milliards de dollars répartis entre le secteur bancaire, le marché de sukuks, les fonds islamiques et les assurances finances islamiques. Aussi, les indicateurs montrent qu'en plus de certains pays asiatiques à forte majorité musulmane, la finance islamique progresse massivement dans d'autres pays où l'islam est loin d'être la religion dominante. Par contre, elle reste encore marginale, voire inexistante dans la grande majorité des pays africains'', regrette-t-il.

‘’Diversifier nos sources d'accès au crédit et tirer profit des avantages comparatifs’’

À titre d'exemple, relève-t-il, sur un potentiel de 4 000 milliards, moins de 5% environ vont en Afrique de l'Ouest et se concentre principalement dans cinq pays que sont : la Côte d'Ivoire, le Mali, le Nigeria, le Sénégal et le Togo. Le Sénégal a été le premier pays de l'UEMOA à mettre des sukuks. En 2014, 2016 et 2022, des montants respectifs de 100, 200 et 330 milliards F CFA, d'après Macky Sall.

''C'est une bonne performance, compte tenu de l'arrivée relativement récente de la police sur ce marché'', dit-il, tout en soulignant qu'il faut mieux faire pour ancrer et élargir davantage le spectre de la finance islamique dans le système économique et financier de nos pays. ''Il nous faut sans doute former de la matière et faire plus de benchmark auprès des pays et institutions partenaires, afin de nous inspirer des meilleures pratiques et mieux maîtriser les conditions, modalités et mécanismes de la finance islamique'', préconise le chef de l’État.

Ainsi, à ses yeux, les enjeux sont clairs. Devant les urgences et besoins de financement, il faut, dit-il, ‘’diversifier nos sources d'accès au crédit et tirer profit des avantages comparatifs en matière d'investissement et de crédit. ''Trop souvent, dans le système classique, mais les pays en développement, africains en particulier, supportent des coups abusifs pour l'accès au crédit et payent des primes d'assurance exorbitantes à cause des systèmes de notation exagérés de risques d'investissement. Ce qui renchérit naturellement les coûts de nos projets et plombe notre compétitivité dans les différents pays concernés''.

Il y a donc lieu de voir, d'après l'analyse du président Sall, comment la finance islamique pourrait accompagner nos pays dans la réalisation de grands projets d'infrastructures tels que les autoroutes à péage, les aéroports, les projets ferroviaires, entre autres, mais également dans le secteur des hydrocarbures.

Il en est de même pour l'économie sociale et solidaire, y compris la microfinance en faveur des femmes et de jeunes, selon lui. ''Je pense également au commerce halal avec un potentiel mondial estimé à plus de 700 000 milliards de dollars, dont 150 milliards rien que pour le secteur alimentaire en Afrique. Pour toutes ces considérations, nous avons réalisé, depuis une décennie, une série de réformes dans le domaine bancaire, fiscal, microfinance, afin de promouvoir le développement de la finance islamique chez nous'', renseigne Macky Sall.

Il y a, entre autres, l'aménagement dans le Code général des impôts d'incitation fiscale applicable au Waqf, la mise en œuvre des directives de la BCEAO relatives aux institutions de finance islamique et la création avec le soutien de la Banque islamique de développement du Programme de la promotion de microfinance islamique au Sénégal (Promise) doté d'un budget de 47 milliards F CFA.

Dans le même esprit de réforme et d'adaptation, Macky Sall salue la révision du cadre réglementaire relatif aux instruments financiers islamiques et leurs véhicules d’émission et de gestion dans la zone UEMOA.

BABACAR SY SEYE

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