La position de Dr Babacar Diop
Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le maire de la ville de Thiès et président du parti FDS / Les Guelewars, Dr Babacar Diop, a abordé plusieurs aspects liés à la situation du pays. Membre de la coalition Yewwi Askan Wi, Dr Babacar Diop s’est prononcé sur la condamnation d’Ousmane Sonko. Il dénonce le verdict de six mois de prison avec sursis pour diffamation et injure publique prononcé par le juge. « La justice est devenue un outil politique à la disposition de Macky Sall. À chaque fois qu’un opposant crédible apparaît, le président instrumentalise le pouvoir judiciaire pour le neutraliser. Cela a été le cas avec Karim Wade, qui est aujourd’hui exilé à Doha, au Qatar. Il en a été de même pour Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar. Aujourd’hui, c’est Ousmane Sonko. Cette manière de vassaliser les institutions est inacceptable. Notre démocratie est en déclin et en danger’’, déplore Dr Diop.
Le maire de Thiès a aussi évoqué son avenir dans la coalition Yaw. ‘’Yewwi Askan Wi était un grand projet de libération qui cristallisait les espoirs. J’en suis d’ailleurs l’un des membres fondateurs. Mais depuis quelques mois, cette coalition a abandonné ses principes pour s’engager dans de petits calculs et devenir aujourd’hui un cimetière de promesses trahies. Lors des investitures des législatives de juillet 2022, certains leaders ont pensé que me laisser m’imposer dans une ville aussi stratégique que Thiès – dont je suis déjà le maire – serait dangereux. Si j’avais été élu député, cela aurait donné une très forte visibilité à mon parti et aurait menacé leur propre leadership. Ils ont donc mis en place une véritable entreprise de liquidation des FDS-Les Guelewars’’, a-t-il dit.
Sur un autre registre, il a fait le bilan à la tête de la mairie de Thiès depuis son élection. ‘’J’ai engagé la ville de Thiès dans un travail de modernisation, réduit la masse salariale de plus de 30 %’’, fait-il savoir. Il y avait également une gabegie au niveau des dotations de carburant à laquelle il a mis fin.
‘’J’ai inscrit la bonne gouvernance, la transparence et la reddition des comptes au cœur de ma gestion. La mairie de Thiès a un budget de 2,3 milliards de francs CFA. C’est beaucoup trop faible pour une ville qu’on présente comme la deuxième du pays. Nous avons cependant changé beaucoup de choses. J’ai littéralement hérité d’une ville qui était tombée dans l’obscurité. En quelques mois, nous avons remis l’éclairage public dans les grandes avenues, artères et quartiers périphériques. J’ai aussi engagé une lutte pour récupérer les espaces publics qui étaient presque confisqués par des entreprises qui occupaient pour certaines le patrimoine communal sans rien payer. Nous sommes en train de les réhabiliter pour permettre à la jeunesse de jouir de ces lieux récréatifs’’, a-t-il souligné.
Pour la Présidentielle, il a expliqué ses motivations. ‘’Je viens du Sénégal d’en bas, j’ai grandi dans un quartier populaire. J’ai vu la souffrance des jeunes qui sont sans perspectives. Je suis le candidat des pauvres, des sans-voix, de ceux qui n’ont personne pour parler en leur nom. Je veux être le président des couches vulnérables. Je veux engager le Sénégal dans une grande entreprise de souveraineté politique, économique, alimentaire et monétaire’’, dit-il.
Le président du parti FDS Les Guelewars s’est aussi prononcé sur la question du troisième mandat et son refus au dialogue: ‘’Le troisième mandat est constitutionnellement illégal, moralement inacceptable et politiquement délétère, car porteur de violence pour notre pays. C’est pourquoi nous rejetons le dialogue politique proposé par Macky Sall. C’est un coup de poker simplement pour endormir l’opposition. Des dialogues politiques ont déjà été lancés en 2016, puis de nouveau en 2019. Cela a juste servi à débaucher des éléments de l’opposition en les faisant entrer au gouvernement’’.