Belle nymphe aux yeux larmoyants
Partie pour devenir mannequin, Soumboulou est devenue artiste, actrice, comédienne. Loin de ce que l’on pourrait imaginer, Soumboulou est timide et à la limite même timorée. Il a fallu que Mbaye Dosé reste avec elle et qu’elle s’accroche à son bras pour pouvoir se livrer à EnQuête. Elle a quitté l’école en classe de 3e et a par la suite évolué dans le mannequinat.
La native de Pikine signe sa première participation dans un concours de beauté avec Oscars des Vacances. C’est plus tard qu’elle s’est reconvertie en comédienne. Attirée par le théâtre, elle est allée voir le comédien Mansour Mbaye dit ‘’Zora’’ auprès de qui elle se forme. C’est par la suite qu’elle a fini par intégrer la troupe ‘’Soleil Levant’’. Apparaissant d’abord dans l’émission Ngonal sur la Tfm, elle a été prise comme actrice principale de la série ‘’wiri-wiri’’. Et le public n’a pas tardé à découvrir son talent.
Soumboulou incarne bien son personnage. Contrairement à ces comédiennes sénégalaises qui pensent que pleurer dans un film, c’est crier, elle arrive toujours à verser des larmes et à rendre son visage triste quand il le faut. ‘’Je pleure certes facilement mais ce n’est pas ce qui suffit pour bien jouer un rôle. Il faut aussi une maîtrise de soi et de ce que l’on fait. Quand je joue, j’entre carrément dans l’histoire. C’est pourquoi les larmes tombent parfois naturellement.’’ Cette femme dont l’ex-mari ne veut pas se séparer et dont l’actuel est mêlé à des choses louches qu’elle soupçonne seulement, dans la série, est bien aimée par le public. Mais ce succès ne change en rien son quotidien habituel. ‘’Hormis le fait que certains m’abordent dans la rue pour me faire part de leur admiration, rien n’a changé’’, dit-elle.
ABY DIAGNE
Comédienne ciseaux à la main
Aby Diagne se distingue toujours par son port vestimentaire. Elle est atypique. Aby est sa propre styliste. ‘’Je jouais depuis toute petite avec des chutes de tissus, j’adorais les tricotages’’, confie-t-elle. Mais d’un art à un autre, elle doit sa notoriété au théâtre. ‘’Soleil Levant’’ étant la première et unique troupe théâtrale qu’elle a connue et ce, grâce à Cheikhou Guèye (Saa Neex). Styliste, elle ne s’en réclame pas pour le moment. ‘’Je suis une comédienne tout court. Et c’est ainsi que je m’identifie’’, déclare-t-elle, le sourire aux lèvres, le regard avenant. D’ailleurs, c’est la pièce théâtrale ‘’Mor Tojangué’’ qui a véritablement lancé cette Thiessoise de naissance. Mariée à l’âge de 19 ans, elle est présentement divorcée et est mère d’un garçon. Eternelle optimiste, Aby dit être convaincue que tout ce qui lui arrive est son destin. Mais la facilité et la maîtrise de ce qu’elle fait ne sont pas fortuites. ‘’Chez moi, dès qu’on franchit la porte d’entrée, on sent que l’art y vit. Mon père avait toujours une guitare avec lui. J’ai un frère peintre, un autre calligraphe et ma mère confectionne toujours des habits d’art’’, indique-t-elle.
BINTA SAMB
Le théâtre dans le sang
Elle n’a connu de métier que celui de comédienne. C’est en 1986, alors qu’elle était jeune fille, qu’elle a commencé à interpréter des rôles. ‘’Le théâtre a toujours été une passion pour moi. Quand on devait avoir une répétition, je faisais tout pour finir tôt le travail domestique. J’y allais avec une énergie inexplicable’’, se remémore-t-elle. Débutant avec la troupe ‘’Ndoumbélane’’ et les comédiennes Daba Soumaré, Oumou Diop entre autres, c’est un peu plus tard qu’elle rencontre le trio qui anime aujourd’hui l’émission ‘’Ngonal’’. Depuis, elle fait partie des membres les plus actifs de ‘’Soleil Levant’’. Avec une bonne élocution, elle déclare que le talent est dans ses veines. ‘’Je suis issue d’une famille de griots donc, parler n’est pas pour moi chose difficile, bien que chez nous, il n’y a que moi qui suis dans l’art’’, informe-t-elle. D’ailleurs, elle ne cessait de surprendre son entourage. ‘’Ma mère n’est pas bavarde. Elle est timide. Celle qui m’a éduqué également. Mais moi je suis dans le ‘’ngewël’’, se démarque Binta.
Mère de trois enfants, sa famille s’émerveille à chaque fois qu’on la montre à la télé. Elle dit : ‘’Mes enfants ne me reconnaissent pas quand je joue. Et quand je dois interpréter une certaine agressivité, mes filles me disent en me taquinant : maman est-ce qu’on aura des maris ? Mon époux par contre n’a jamais eu de problèmes avec moi. Et il est artiste aussi.’’ Hors scène, elle assure l’animation de diverses cérémonies. ‘’J’anime des baptêmes et mariages. C’est mon autre activité et Dieu m’y assiste puisque j’attire l’attention dès que je prends la parole.’’
Sa noirceur aussi admirée par tous est un choix qui a été fait après avoir touché à la dépigmentation. ‘’Je faisais partie de celles qui se dépigmentaient le plus en 1994. Mais j’ai arrêté la même année après quelques soucis lors d’une cérémonie. J’ai fait deux rakka pour demander pardon à Dieu pour qu’Il m’accorde la force de ne plus m’y remettre. Et depuis, j’ai poussé beaucoup de personnes à arrêter la dépigmentation’’, raconte-t-elle. Si la belle à la noirceur d’ébène tient tant à son métier, c’est parce que le théâtre lui a tout donné. La preuve : ‘’Il m’est arrivé à trois reprises de recevoir mon cachet et qu’on m’appelle pour me dire que mon père a eu une fracture. Et pour cela, j’en rends grâce à Dieu. Car toutes ces trois fois, il a voulu que je m’occupe de lui et il a pu se soigner avec l’argent du théâtre. Cela me suffit largement comme bénéfice dans cet art’’, se réjouit-elle la voix teinte d’émotion.
MBAYE DOZE
Pas si baratineur
Cheikh Ndiassé Ndiaye à l’état-civil, il a été rebaptisé Mbaye Dozé. Et ce, après avoir joué dans ‘’Tolof Tolof’’. A ce titre, il est pris comme un beau parleur, un homme qui adore la belle vie et qui aime se vanter. Mais Mbaye, le jeune comédien de ‘’Diakhaw souf’’, ne veut pas se coller ce pseudonyme. ‘’Beaucoup pensent que je suis ‘’Mbaye Dozé’’. Je boite un peu parce que j’ai été victime d’une piqûre ratée au pied gauche alors que j’avais 2 mois, mais d’aucuns disent que c’est pour frimer. C’est quand même hallucinant’’, s’étonne-t-il.
Amoureux des fringues, son enfance n’a pas été terrible mais pas si douce. Après des études abandonnées prématurément, en classe de Cm², le jeune Cheikh Ndiassé s’est adonné à la maçonnerie aux côtés de son oncle pendant 9 ans. Mais durant cet apprentissage, il ne cessait de faire des va-et-vient entre les répétitions théâtrales et les chantiers. C’est ainsi que le théâtre a pris le dessus sur son métier. Et Mbaye Dozé comme on l’appelle continue de surprendre de par son talent. Débutant à la troupe ‘’Soleil Levant junior’’ avec son défunt ami Kader Fall, il intègre plus tard ‘’Soleil Levant señor’’. A l’époque, il était loin d’imaginer un tel succès. ‘’Je tenais juste à respecter les rôles en les jouant avec beaucoup de passion, mais je ne m’attendais pas du tout à une telle reconnaissance’’, confie-t-il. Seulement, derrière sa mine joviale, son sens de l’humour, se cache une solitude qui le hante. Et pour cause : ‘’Certains suivent Mbaye Dozé plein de joie dans les pièces théâtrales. Parfois, j’ai les poches remplis d’argent, je l’avoue. Mais je ne vois pas à mes côtés les personnes à qui je devrais donner une part de cet argent’’, se désole-t-il, avant de poursuivre : ‘’Ma mère je l’ai perdue en 1995 alors que j’étais très jeune. Mon père, ma grand-mère qui a tout fait pour que je réussisse et tout récemment mon oncle qui m’a éduqué ne sont plus de ce monde. C’est peut-être Dieu qui l’a voulu ainsi. Mais il me manque une certaine chose que je ne peux pas expliquer.’’
SYLLA FALL
De l’athlétisme au théâtre
Un artiste perd parfois son vrai nom et se retrouve avec celui qu’on lui colle dans une pièce. C’est pour cela que Sylla Fall est rebaptisé ‘’Mbaye Warakh’’. Toujours excellent dans l’interprétation des personnages, on l’appelle aussi Vieux Ba et tout récemment, avec ‘’wiri-wiri’’, M. Fall. Mais cette tendresse dont il fait montre aux côtés d’une épouse qui le maltraite dans la série n’est véritablement qu’un rôle. M. Fall est belliqueux et nerveux de nature. Il dit : ‘’Mon rôle dans cette série peut tromper beaucoup de monde parce que je suis plus chaud que le tison. Je me bats trop vite à chaque fois que je suis avec Toukoussou (acteur) c’est lui qui m’en dissuade.’’
Né à Randoulène, (un populeux quartier de Thiès), il a passé une partie de son enfance à Niary Tally (Dakar). C’est à cette période qu’il est allé suivre une formation au centre de Bopp. Cependant, M. Fall n’est pas que comédien, il est aussi danseur et chanteur. ‘’J’ai été lauréat du premier prix de chant sur le plan national. Et sur la danse, j’ai eu un diplôme. J’ai formé l’animateur ‘’Thiamass’’ et pas mal d’Américains. J’avais un groupe de danse à Pikine’’, explique-t-il. Le compagnon de Toukoussou a également organisé pas mal d’activités culturelles à Keur Matar (Tivaouane) comme des compétitions théâtrales, des danses Ndawrabine, entre autres. A Thiès, il était d’abord dans la seule troupe théâtrale d’alors, ‘’Ndoumbélane’’, fondée par Pape Malick Guèye (frère de Saa Neex) avant d’intégrer par la suite ‘’Soleil Levant’’. Toutefois, ceux qui le connaissent le mieux pensaient qu’il allait réussir dans le sport. ‘’Je jouais bien au foot et j’étais un athlète hors pair. J’ai reçu pas mal de médailles en athlétisme. L’armée sénégalaise m’avait même appelé et amené à l’Asfa’’, déclare-t-il.
Conscient du fait que le théâtre ne nourrit pas son homme, il ne se prive pas de conduire des engins lourds et de jouer le rôle de démarcheur au service des mines. ‘’Je cherche toujours à m’occuper parce que comme on le dit, l’art ne nourrit pas son homme au Sénégal’’, dit-il. Père de deux enfants et divorcé depuis 4 ans, Fall se réconforte aujourd’hui avec les bonnes choses qu’il a pu réaliser dans son métier. ‘’Je suis une fois parti à l’Hôpital régional de Thiès et une malade a crié ‘’Mbaye Warakh’’. Quand je me suis approché, sa mère m’a confié qu’elle n’avait pas mangé depuis 3 jours. Et je lui ai demandé de manger pour que l’on puisse prendre une photo. Elle a mangé et a bu de l’eau devant moi. Ses parents et moi étions très émus ce jour et cet acte m’a beaucoup touché’’, se remémore-t-il.
GUEYE GUEYE
‘’Naturellement Baye Fall’’
Voir Baye Fall, c’est constater qu’il ne joue pas un personnage dans ‘’wiri-wiri’’. Il est dans la réalité tel qu’il est dans le film. Guèye Guèye à l’état-civil parle et gesticule comme Baye dans ‘’wiri-wiri’’. ‘’Après la diffusion d’un épisode, ma femme me dit souvent que je me comporte à la maison comme je suis dans le film. Elle me dit que je fais exactement les mêmes choses la plupart du temps’’, reconnaît-il. Seulement, il n’est pas aussi grincheux que Baye avec sa tendre épouse. ‘’Je n’ai presque jamais de problèmes avec ma femme. Elle est jalouse et cela crée des fois des tensions surtout avec le succès du film’’, avoue-t-il. Mais sa Astou Thiam n’a rien à craindre. ‘’Moi, je sais qui je suis. Je m’attendais à ce succès et cela ne peut pas me monter à la tête.’’
A le voir, on croit facilement à ses propos. Vulcanisateur dans la vie de tous les jours, il est venu ce samedi en tournage en pantalon et tee-shirt noirs, tout poussiéreux, les pieds et les mains sales. Il ne paraissait pas gêné et a même tourné ainsi ses séquences du jour. Aussi, informe-t-il : ‘’Moi, j’étais une star avant wiri-wiri. A Thiès, tout le monde me connaît depuis bien longtemps.’’ Cette notoriété, il la doit à son fameux vélo. Une bicyclette hors norme dont il est difficile d’expliquer la forme. Elle est plus que chargée de fer et autre matériau. Elle est une pure invention de Guèye Guèye. ‘’Ce vélo, je l’ai moi-même fabriqué. Quelqu’un a déjà fait un documentaire sur moi et ce vélo. Je l’ai depuis 18 ans ou plus’’, renseigne-t-il.
Ce Baye Fall de naissance a des problèmes avec les chiffres et les dates. Même son âge, il ne peut le dire avec exactitude et l’estime entre 46 et 47 ans. Baye n’a jamais fréquenté l’école française parce que ses parents ne l’ont jamais souhaité. Il a fréquenté l’école coranique, dit-il. Baol-baol (ndlr originaire de la région de Diourbel) et fier de l’être, Guèye Guèye est également ‘’ ñeeño’’. C’est pour cela qu’il dit avoir hérité son statut d’artiste. ‘’Mes grands-parents ont fabriqué des armes pour des rois. Ils étaient des artistes’’, affirme-t-il sur un ton fier. Le théâtre spécifiquement l’intéresse depuis qu’il est enfant. ‘’Tous ceux avec qui j’ai grandi savaient que je deviendrais un jour comédien. C’est Ndiambé Sène qui m’a fait jouer pour la première fois dans une pièce. Et les membres du ‘’Soleil Levant’’, je les connais depuis longtemps. Mais c’est avec ‘’wiri-wiri’’ que le public m’a vraiment découvert’’, Baye Fall dixit !
MADRÉ PEACE
Une épouse vertueuse
‘’Mère paix’’, c’est ainsi que se définit Ndèye Coumba dite ‘’Madre peace’’. ‘’C’est un nom que j’ai pris de ma grande sœur que j’estime beaucoup et qui vivait en Espagne’’, dit-elle. Ndèye Coumba Coulibaly a débuté sa carrière à l’âge de 7 ans avec l’Asc Some, son quartier natal à Thiès. Après le cycle élémentaire, elle a repris avec la troupe du Cem Escale, de la 6e à la 3e. Mariée, elle laisse tout tomber. Et lorsque ‘’Soleil Levant’’ a fait appel à elle, son époux lui demande d’intégrer sans hésiter ce groupe puisque sa sœur y évoluait.
Ayant arrêté les études en classe de 1ère, elle a eu un diplôme en secrétariat. Par la suite, elle a subi une autre formation en moniteur des collectivités éducatives et est devenue alors éducatrice dans une école préscolaire. En faisant du théâtre, Madre Peace ne s’attendait même pas à avoir certains cachets. Cette seconde activité pour elle n’était quasiment que source de bonheur. Son rôle dans la série ‘’wiri wiri’’ la montre comme une femme autoritaire. Ndèye Coumba informe que c’est l’un des rôles les plus difficiles à jouer.
‘’La première fois que j’ai joué dans la pièce tolof tolof le rôle d’une femme méchante, j’ai pleuré en répétition. J’avais d’ailleurs dit que je ne jouerai plus ce rôle. Avec wiri wiri, j’ai supplié le metteur en scène et le scénariste pour ne pas jouer ce rôle. Mais je n’y pouvais rien, c’est mon travail. La première scène a été trop émotionnelle, on l’a d’ailleurs diffusée au Grand Théâtre lors de notre dernière soirée’’, dit-elle. De nature douce, elle poursuit : ‘’Je ne veux pas dévoiler les secrets de mon ménage mais mon mari, je l’aime et je le chéris. Je pense que je joue aujourd’hui mon contraire mais j’ai opté pour le théâtre donc, il faut que j’assume ce personnage.’’ Le sourire en coin, la ravissante Madré peace laisse entendre : ‘’Wiri wiri topé nama Mboro.’’