Enda Santé outille les journalistes
Évoquer une pathologie comme le sida, surtout dans un contexte africain, passe d'abord par certains préalables indéboulonnables. Les droits humains sont au cœur de ce dispositif. Enda Santé a bien compris cela. L'organisation d'un séminaire de deux jours à Mbour sur le VIH et les droits humains le prouve.
"Malgré les efforts consentis et les résultats encourageants enregistrés pour l’atteinte d’objectifs globaux, des défis persistent, notamment la stigmatisation et la discrimination dans la population générale, les populations hautement vulnérables, les familles et lieux de travail", affirme l’un des consultants et formateurs choisis par Enda Santé, Mbagnick Diouf. "Différentes analyses situationnelles de l’environnement de la réponse au VIH ont permis de comprendre que le traitement de l’information relative aux populations les plus vulnérables au VIH dans les médias, s’aligne aux tendances dominantes de la société et reflète la perception générale en direction de ces groupes marginalisés et rejetés à partir des considérations socioculturelles et religieuses", constate-t-il.
Selon lui, l’analyse a aussi permis de noter que le traitement des problématiques de l’homosexualité, de la prostitution, de l’usage de la drogue et de la détention dans les prisons par les médias est "largement stigmatisant". Le formateur prône une mise à niveau des principaux acteurs des médias. "Il s’agit de développer chez les professionnels de l’information la capacité d’analyse et de prévision des milieux, des situations et des enjeux. Notamment pour produire des contenus et traiter des informations sur le VIH et les droits humains", propose-t-il.
En outre, cet atelier de formation vise aussi des objectifs pédagogiques. Acquérir les notions de base sur le VIH et les droits humains, comprendre les principes d’analyse de l’environnement de production et de traitement des contenus sur le VIH et les droits humains, sont parmi ceux-ci. Au sortir de ce séminaire, chaque bénéficiaire devrait être dans les dispositions de "formuler des objectifs de production en lien avec les résultats attendus, tout en étant capable d'identifier les cibles". "L’ignorance des aspects du milieu et des outils d’analyse empêcheles journalistes d’appréhender les problèmes de leur communauté et de participer activement à la recherche de solutions". C'est l'avis du journaliste et formateur à l'occasion de ce séminaire, Oumar Seck Ndiaye.
Pour ce dernier, "un regard critique sur le traitement de l’information sur les sujets sensibles nous amène à relever, par moments, des éléments de frustration dans les angles d’analyse et le lexique, surtout dans les langues locales qui alimentent en sourdine une stigmatisation et une exclusion empreintes d’ignorance et d’intolérance", résume-t-il.
Éradiquer le VIH d'ici 2030
Pour tendre vers l’élimination du VIH à l’horizon 2030, il importe d’amoindrir la stigmatisation et la discrimination en direction des populations les plus vulnérables à cette maladie. Or, il s’agit d’une situation à laquelle la presse contribue du fait d’un traitement de l’information qui favorise le rejet des populations et la violence à leur endroit.
C’est ainsi qu’un projet dénommé Epic a été conçu par FHI et financé par l’USAID et par le Plan d'urgence du président américain pour la lutte contre le sida (Pepfar) pour contribuer à lever les obstacles restants et persistants.
L’épidémie du VIH au Sénégal est de type concentré avec une prévalence basse dans la population générale estimée à 0,5 % (EDS continue 2017) et élevée chez certains groupes considérés comme à haut risque. Chez les professionnelles du sexe (PS) elle est de 6,6 % (ENSC 2015), les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH), elle est de 27,6 % (2017), les consommateurs de drogues injectables (CDI) 3,7 % (2019).
Pour mettre fin à l’épidémie du VIH d’ici à 2030, le Sénégal, à l’instar de la communauté internationale, a mis en place une nouvelle stratégie à la fois ambitieuse, mais aussi réalisable. Il s’agit des 95-95-95 qui visent, à l’horizon 2030, d’avoir : 95 % des personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur statut sérologique ; que 95 % des personnes infectées par le VIH et dépistées reçoivent un traitement antirétroviral durable ; que 95 % des personnes recevant un traitement antirétroviral aient une charge virale durablement supprimée.
Mamadou Diop (Stagiaire)