Les candidatures des établissements publics en attente
Après le vote de la loi sur la greffe, son effectivité tarde. Le président du Conseil national du don et de la transplantation (CNDT), Professeur El Hadj Fary Ka, renseigne qu’ils sont en attente de dépôts de candidature des établissements publics de santé pour leur accréditation.
Etre diagnostiqué d'une maladie rénale peut représenter une lourde charge, tant pour le patient que pour son entourage. Le diagnostic et la prise en charge de cette maladie, en particulier à un stade avancé, ont de graves répercussions sur leur vie. Ce, en réduisant leur capacité ainsi que celle de leur famille et de leurs amis à participer aux activités quotidiennes comme le travail, les voyages et la vie sociale. Tout en entraînant de nombreux effets secondaires problématiques tels que la fatigue, la douleur, la dépression, les troubles cognitifs, les problèmes gastro-intestinaux et les troubles du sommeil.
Au Sénégal, pour mettre fin à la souffrance des malades, la loi sur la greffe est votée en 2015. Les décrets d’application sont publiés en 2019, portant sur le fonctionnement et la composition du Conseil national du don et de la transplantation (CNDT). Depuis, la greffe n’a pas encore démarré.
Selon le président du CNDT, Professeur El Hadj Fary Ka, par ailleurs Chef du Service néphrologie de l’hôpital Aristide Le Dantec, joint par ‘’EnQuête’’, depuis sa mise en place, le conseil a élaboré le référentiel pour l’octroi, la suspension et le retrait d’agrément destiné aux établissements publics de santé. Ce référentiel, renseigne-t-il, est publié depuis le mois d’avril 2020, sous forme d’arrêté ministériel. ‘’Nous sommes en attente de dépôts de candidature des établissements publics de santé pour leur accréditation. D’autres documents ont été élaborés. Il s’agit du Plan stratégique 2020-2025, du Plan de communication, du Règlement intérieur et de la Charte éthique du CNDT. Le décret et l’arrêté portant sur la greffe de cornée sont en cours’’, renseigne le Pr. Ka.
En effet, le CNDT est un organe de régulation dont les missions sont d’assurer la transparence, la coordination du don et du prélèvement, la gestion des registres et la coordination des échanges internationaux. Il veiller aussi à la sécurité sanitaire et au respect de l’éthique médicale, au développement des stratégies de communication pour la promotion du don et du prélèvement.
Pour le Pr. Ka, la transplantation d’organes n’est autorisée que dans les établissements publics de santé. ‘’La greffe de cornée peut être autorisée dans le privé, mais les prélèvements de cornées ne peuvent s’effectuer que dans les établissements publics de santé’’, précise le néphrologue. S’agissant de la lutte contre le trafic d’organes, le néphrologue souligne que cette préoccupation est bien prise en charge par la loi sur la transplantation. En outre, fait-il savoir, le CNDT a un rôle de veille active sur les procédures de don, de transplantation d’organes et de la greffe de tissus.
Par ailleurs, il souligne qu’il existe deux types d’insuffisance rénale. Il s’agit de l’insuffisance rénale aigüe caractérisée par une perte brutale et potentiellement réversible des fonctions du rein. ‘’La première fonction la plus connue est la régulation de la composition du sang en eau et en électrolytes. Il existe également d’autres fonctions dites endocriniennes consistant à la sécrétion d’érythropoïétine, la synthèse de la vit D et d’autres substances qui entrent dans la régulation de la pression artérielle. Au cours de l’insuffisance rénale aigüe, les fonctions de régulation de l’eau et des électrolytes sont les premières à être perturbées’’, explique le Pr. El Hadj Fary Ka. Le deuxième type est l’insuffisance rénale chronique. Elle est, dit-il, une perte définitive et irréversible de l’ensemble des fonctions rénales citées précédemment.
Selon le Pr. Ka, les signes des maladies du rein sont tardifs, surtout en cas d’insuffisance rénale chronique. Ils n’apparaissent en général que lorsque 3/4 des reins sont détruits, d’où l’importance du dépistage, surtout chez les personnes à risque (sujets âgés, diabétiques, obèses, hypertendus, drépanocytaires, porteurs de VIH ou de toute autre maladie chronique). Les signes, soutient-il, sont polymorphes, allant des signes cardio-vasculaires aux signes neurologiques, hématologiques et cutanés, entre autres.
C’est pourquoi il conseille la vérification du bon fonctionnement des reins.
DOCTEUR MALICK HANN, DIRECTEUR DE LA DIVISION DE LA LUTTE CONTRE LES MALADIES NON-TRANSMISSIBLES ‘’On est en train de mettre en perspective la dialyse péritonéale’’ La Journée mondiale du rein est célébrée aujourd’hui. Au Sénégal, malgré les nombreux efforts faits dans la prise en charge, des malades n’ont pas accès à la dialyse, faute de place. Une occasion pour le chef de la Division de la lutte contre les maladies non-transmissibles de revenir sur les nouvelles mesures prises. Avant d’annoncer la mise en œuvre de la dialyse péritonéale, qui permet de prendre en charge beaucoup plus de patients.
Qu’est-ce qui est fait, au niveau du ministère de la Santé et de l’Action sociale, pour lutter contre la maladie rénale ? La Journée mondiale du rein est célébrée le 11 mars dans le monde, et le Sénégal ne sort pas du lot. Au niveau du ministère de la Santé et de l’Action sociale, nous avons une Direction de la maladie avec une Division de la lutte contre les maladies non-transmissibles. Cette dernière s’occupe des maladies comme celles rénales. Nous insistons plus sur la prévention avant de parler de prise en charge. Nous avons misé sur la communication. Au niveau de l’enseignement scolaire, nous avons introduit des modules. Ceci permet aux élèves, très tôt, d’avoir de bons comportements et, au-delà, de jouer un rôle dans la sensibilisation. Il y a un adage qui dit ‘’Mieux vaut prévenir que guérir’’. Il faut noter qu’il y a des facteurs de risque que sont l’hypertension artérielle, le diabète dont les complications peuvent aboutir à des maladies rénales. La prise en charge étant plus compliquée, on a misé sur la prévention et utilisé les jeunes qui sont les plus susceptibles de prendre les débuts. Il y a beaucoup de facteurs de risque et la pharmacopée est très présente au Sénégal avec son lot de conséquences. Qu’en est-il de la prise en charge. Est-ce que l’Etat fait des efforts, parce qu’il y a beaucoup de manquements notés ? Du point de vue curatif, on a mis en place des centres de dialyse au niveau du pays. Pratiquement, toutes les régions en disposent. On a 23 centres de dialyse présentement, pour permettre aux malades d’avoir accès aux soins. Ainsi, dans toutes les régions du Sénégal, aujourd’hui, on a des centres de dialyse. Il n’y a que la région de Kédougou, avec son nouvel hôpital, qui n’en dispose pas pour le moment, mais qui va en avoir bientôt. Il y a aussi d’importants moyens qui ont été déployés. Des techniciens supérieurs et des néphrologues ont été accompagnés. Des bourses leur ont été octroyées. Ce qui nous permettra d’avoir beaucoup plus de spécialistes sur la question. L’idée est surtout d’avoir des spécialistes partout pour une meilleure prise en charge. Si on a beaucoup de centres et qu’il n’y a pas de médecins pour prendre en charge les malades, ils ne serviront à rien. C’est pourquoi l’Etat n’a pas hésité à miser sur des médecins et des techniciens depuis la formation. Malgré tout, les difficultés que vivent les malades sont nombreuses… C’est vrai qu’il y a des problèmes. Il faut le reconnaitre. Mais il faut aussi revenir à l’historique pour comprendre cela. Aussi, vous verrez que le système de santé a connu beaucoup de progrès dans ce domaine. Il faut remonter la chose, comprendre comment l’Etat se débrouille chaque fois pour permettre aux malades de se faire soigner. Cette maladie est très pénible et les malades ont besoin de prise en charge. Aujourd’hui, la dialyse est gratuite. Le kit est supporté par l’Etat. C’est d’ailleurs cette gratuité qui a permis l’accès aux soins. C’est la demande qui est forte et qui fait que la prise en charge est difficile dans les différents centres. Beaucoup de malades demandent à être dialysés, mais ont des difficultés à avoir de la place. Cette situation est en train d’être étudiée. On est en train de mettre en perspective la dialyse péritonéale. C’est une autre opportunité de dialyse. Elle va permettre de prendre beaucoup plus de personnes et certaines d’entre elles pourront même être suivies à domicile. Nous pensons que cela va permettre de diminuer un peu cette tension qui existe dans les centres de dialyse. Il est aussi prévu d’installer des centres à Ndioum, à Agnam, à Sédhiou et à Kolda. Cela va permettre de réduire la liste d’attente, voire de l’éliminer. C’est quoi la dialyse péritonéale ? Il y a l’hémodialyse, que nous faisons dans tous les centres. Mais la dialyse péritonéale est effective à l’hôpital Le Dantec. Mais on a vu qu’on gagnerait à l’étendre à l’échelle nationale. Les centres de dialyse qu’on a construits dans les régions peinent à prendre cette dimension de la dialyse. Ce sont des centres de dialyse qui nous ont coûté 300 millions. On a pris en compte cette dimension pour pouvoir prendre en compte cette forme de dialyse. Pour l’hémodialyse, on utilise des machines, mais pour la péritonéale, c’est des cyclers qu’on utilise. Le patient est formé. Le résultat est le même ; le sang sera épuré. Il y a une éducation thérapeutique qu’on pourra faire aux patients et une fois chez eux, ils parviendront à le faire eux-mêmes. Cela va lui éviter de prendre rendez-vous, de se déplacer et surtout de manquer de séances. Mais n’est-il pas risqué de laisser les patients faire ce genre de choses ? Non, il n’est pas dit qu’on va laisser les malades à eux-mêmes. C’est encadré. Quand les équipements sont disponibles, on regarde si les conditions sont réunies au niveau de la maison. Il revient au médecin de déterminer l’aptitude du patient à le faire chez lui. On tient compte de l’insalubrité, des conditions de vie et de l’état de santé du patient. Il y a certes des manquements comme vous dites, mais pas un manque d’efforts. Actuellement, avec le système des bourses de spécialisation, 49 néphrologues sont formés. Ainsi, en plus de cette nouvelle forme de dialyse, on va optimiser et réduire la liste. C’est toujours très difficile, pour un malade, de devoir faire une dialyse et de devoir attendre après, parce qu’il n’y a pas de place. Pour régler la situation, l’Etat a signé des conventions avec les privés. C’est le gouvernement qui donne les kits et finance la prise en charge. Il mise aussi sur la maintenance, pour préserver son matériel. Aujourd’hui, il faut également souligner que la prise en charge de la maladie a évolué. On parle même d’auto-dialyse. Dans ce cas, la personne est éduquée et peut bien venir et brancher la machine elle-même. On reconnaît qu’il y a des problèmes qui subsistent, mais l’Etat fait l’effort de corriger les anomalies. Comment menez-vous la lutte dans ce contexte de pandémie ? Aujourd’hui, 4 % des décès communautaires sont dus à la maladie rénale. La Covid-19 a démontré qu’il faut prendre en compte et en charge les maladies chroniques. Si n’on avait pas ces maladies rénales, ont aurait eu beaucoup moins de décès, parce que 97 % des décès de Covid sont liés à la comorbidité. Si on avait anticipé, on aurait pu avoir moins de morts. Donc, c’est un travail en amont qu’il faut. Il faut également éviter l’alcool, le tabac, le sucre et le sel. Beaucoup d’enfants souffrent aujourd’hui d’une insuffisance rénale. Qu’est-ce qui peut en être la cause ? Il y a les néphropathies, qui atteignent les reins surtout chez les enfants. Donc, pour une meilleure prévention, il faut une hygiène de vie, faire du sport, éviter de manger très gras, parce que la maladie n’épargne personne. Elle ne connait pas d’âge. Elle atteint les femmes enceintes qui peuvent la présenter pendant l’accouchement. C’est pour cette raison que nous conseillons toujours des accouchements sécurisés aux femmes et des consultations prénatales bien suivies. |
VIVIANE DIATTA