Publié le 6 Apr 2016 - 06:38
TRANSVERSALE

Cissé Aliou qu’on confie nos rêves…

 

Si c’est ça l’après-J.C…Cette stupeur générale, ce sentiment de vide collectif, cette tristesse infinie qui paralyse les rêves, cette impression négative qui étreint tout un pays… Et, surtout, cette peur du lendemain qui déchante, ravivée par d’incroyables atrocités commises à l’encontre des aspirations communes de toute une nation. A l’heure du terrorisme ambiant, c’est un double attentat au jeu que les Lions du football ont fini de perpétrer à Dakar puis à Niamey à l’occasion de leur double confrontation avec l’inoffensif Niger. Avec son lot de désespoirs, de désolation et d’ambitions anéanties. Comme un insupportable contre-hommage au célébré Johann Cruyff alias J.C., apôtre du football total dont on prie Jeu qu’il l’accueille en son Paradis.

Face à cette ignominie footballistique, ce n’est pas la perplexité qui nous cloue, mais le dégoût devant tant d’erreurs individuelles et d’horreurs collectives. Car c'est bien là, sur ces terrains piégeux de doute absolu, de fragilité abrasive et de rêves floués qu'il faut aller chercher les échos de la double sortie des Lions face au Niger. Et débusquer, éventuellement, la part de consternation que leurs deux prestations ont charriée dans un Sénégal ébaubi devant le ramassis de football produit par Sadio Mané et ses co-sélectionnés.

Aliou Cissé et sa sélection, parce que parler d’équipe relèverait d’une injure au football, sont entrés dans l’Histoire de la plus improbable des manières. Jamais dans la chronique moderne du football sénégalais une double victoire n’a été porteuse autant d’interrogations, d’indignations et de cassures entre les Lions et un peuple rétif aux joies du cynisme. Jamais un double succès, aussi inattaquable au registre comptable, n’a été le générateur d’autant de chagrin et de déception mêlés.

Parce que le football est plus que des chiffres…C’est un commerce de rêves collectifs plus ou moins intouchables, une sorte de paganisme moderne dont les millions de fidèles se prennent éperdument de passion pour la beauté de la joute et pour l’habileté des athlètes magiques. Mais jamais pour cette sorte d’indéchiffrable pousse-ballon qui, cahin-caha, mène les Lions aux portes de la Can 2017. Réussir à grappiller six points en insultant si outrageusement le jeu est une forme de chef d’œuvre qui ne se réalise que devant des “nains” comme le Niger, le Burundi ou la Namibie.

Aujourd’hui Aliou Cissé est au stade critiques, tant il semble s’être trompé dans les grandes largeurs, avant, pendant, et après son “mars en avant’’ : sa défense a les ailes rognées (aucun centre comestible de Gassama et Souaré en 180 mn), son milieu est surpeuplé d’ouvriers au profil quasi-identique alors que l’appelé Younousse Sankharé et l’oublié Kouly Diop offrent des profils plus joueurs et son attaque dresse des canons extérieurs (Sadio Mané et Mame Biram Diouf) qui ont les pétards mouillés. Ce regroupement de «Sénégalais de l’extérieur» (1) ne ressemble ni à l’idée que le Sénégal se fait du football ni à…Aliou Cissé. Il n’a ni l’appétit guerrier de l’ancien capitaine des Lions ni le raffinement rêvé par les Sénégalais.

Un collectif est une construction fragile d’une harmonie des compétences, fondée sur de frêles valeurs, sur un langage commun. Et le machin actuel d’Aliou Cissé bredouille un charabia footballistique du pire effet visual. Il n’est pas une équipe, mais un curieux rassemblement de bonnes volontés que les puristes exècrent. Une sorte d’auberge espagnole où chaque sélectionné ne trouve que le football qu’il y a amené. Il n’est pas demandé à l’alchimiste casamançais de changer le vilain plomb en or, car il existe dans l’écrin de la Tanière quelques bijoux pour faire un travail d’orfèvre. Mais l’apprenti-sélectionneur (El hadji Malick Sy “Souris” dixit) ressemble de plus en plus à un enfant de cinq ans à qui on a confié les clés d’une Ferrari.

Aliou Cissé est un enfant de Metsu, biberonné à la “beauté” de la gagne, à cet art, souvent conspué, de vaincre sans avoir raison. Il a grandi footballistiquement avec l’idée hautement pragmatique que l’on peut aller chercher la lune en grillant les étoiles. L’aspiration sénégalaise à un football dansant, à cette poésie en mouvement si chantée par les Homère du ballon rond, a toujours inexorablement glissé sur sa religion de la sueur, sa foi de la gagne dont ses “pieds carrés” le destinaient. Il ne jouait pas avec grâce, il n’entraînera sans doute jamais avec la manière. Et c’est Aliou que le Sénégal a confié ses rêves de grandeur jusque-là dribblés par les dieux du foot. Et il faudra faire avec…

ABDALLAH DIAL NDIAYE

abdallahdialndiaye@yahoo.fr

1. Aucun footballeur «local» n’a figuré sur les feuilles de match de la double confrontation entre le Sénégal et le Niger

 

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