Une fresque murale en hommage aux victimes de l'émigration clandestine
Lors de la troisième édition du Nguekhokh Urban Festival, la ville de Mbour a été dotée d’une fresque murale. Une belle œuvre d’art réalisée les 28 et 29 septembre, dans but de rendre hommage aux victimes de l’émigration irrégulière.
À Mbour, lors de la 3e édition du Nguekhokh Urban Festival, une œuvre d'art saisissante a vu le jour. Il s’agit d’une fresque murale vibrante de couleurs et d'émotions, dédiée à ceux qui ont tragiquement perdu la vie en mer, en quête d'un avenir meilleur. D’après l’initiatrice de l’événement, Blackish, tout a été fait pour un hommage symbolique. ‘’On a pu réaliser une fresque murale qui parle de l’émigration clandestine sous le thème de la troisième édition : ‘Reconstruction urbaine, réinventer la Petite Côte à travers la culture et l’empowerment’’’, dit-elle.
Une thématique qui lui tenait particulièrement à cœur. ‘’La Petite Côte, avec ses richesses naturelles et son patrimoine culturel, a un potentiel énorme à exploiter. En mettant l'accent sur la culture, nous pouvons non seulement valoriser notre héritage, mais aussi créer des opportunités pour les jeunes et les femmes de la région de Mbour. La culture est un vecteur puissant de changement. En organisant des événements comme le Nguekhokh Urban Festival, nous offrons une plateforme pour que les artistes locaux puissent s'exprimer, partager leurs talents et toucher un public plus large. Cela permet également de renforcer le sentiment d'appartenance et d'identité au sein de notre communauté’’, a-t-elle expliqué.
L'empowerment, quant à lui, poursuit-elle, est essentiel pour permettre aux jeunes de prendre en main leur avenir. ‘’En formant les jeunes dans des domaines tels que l'entrepreneuriat culturel, la gestion de projets et le slam, et divers domaines, nous leur donnons les outils nécessaires pour se lancer et réaliser leurs ambitions. Cela contribue à créer un environnement où chacun se sent capable de contribuer au développement de la région’’, souligne Blackish.
En définitive, elle explique que réinventer la Petite Côte à travers la culture et l'empowerment, ‘’c'est simplement construire un avenir où notre patrimoine est célébré, nos talents sont valorisés et chaque membre de la communauté a la possibilité de s'épanouir’’.
Chaque coup de pinceau raconte l’histoire d’un jeune, femme ou homme, plein de vie
Par ailleurs, ¨la fresque, située en plein cœur de la ville, est bien plus qu'une simple réalisation artistique ; elle est un hommage aux milliers de jeunes partis à la recherche de liberté, dont les rêves et les espoirs se sont éteints dans les vagues’’ poursuit-elle. Pour elle, ‘’cette œuvre symbolise la mémoire et la solidarité évoquant les rêves et les espoirs brisés de nos frères et sœurs disparus’’.
Soulignant également que chaque coup de pinceau raconte l’histoire de jeunes pleins de vie, confrontés à des routes incertaines, poussés par le désir de liberté. Celle de jeunes hommes et femmes pleins d'ambitions et de vie qui ont emprunté des routes incertaines, espérant atteindre des rivages plus prometteurs. À travers des visages esquissés, ceux des enfants, des symboles évocateurs tels que la mer, les tombes, la nuit froide, cette œuvre incite les spectateurs à se plonger dans les récits des âmes disparues, à ressentir leur quête de liberté et à comprendre l'immense tragédie humaine que représente l'émigration irrégulière.
Un message d’espoir et de solidarité
Outre la simple commémoration, la fresque se veut un espace de mémoire et de solidarité. Ainsi, elle rappelle que derrière les statistiques froides et impersonnelles, il y a des vies humaines, des familles brisées par la perte des parents, des frères et des sœurs plongés dans le deuil. ‘’La fresque invite à la réflexion sur les vies humaines derrière chaque chiffre, rappelant les familles en deuil et l’importance de lutter pour des solutions durables’’, explique Blackfish. La douleur des familles est subtilement évoquée, tout comme la nécessité impérieuse de trouver des solutions durables à ce fléau qui continue de ravager les vies. ‘’Ensemble, nous devons bâtir un avenir où chacun peut réaliser ses aspirations sans mettre sa vie en danger’’, préconise l’organisatrice du Nguekhokh Urban Festival. Une invitation à réfléchir sur l'importance de bâtir un avenir où les jeunes ne ressentent plus le besoin de risquer leur vie pour poursuivre leurs rêves.
Ce lieu de recueillement et de réflexion s'impose désormais comme un phare pour la communauté de Mbour et au-delà. Il incarne la dignité humaine et la mémoire des disparus, tout en portant un appel à l’action. ‘’La fresque est là pour rappeler à tous que les disparus ne seront jamais oubliés. Ils resteront à jamais dans nos cœurs et leur mémoire nous pousse à bâtir un avenir où de telles tragédies n'auront plus lieu d’être’’.
Pour rappel, le Nguekhokh Urban Festival a été lancé en 2021, pendant la période de la Covid-19. Il est rapidement devenu un événement annuel, jouant un rôle essentiel dans l'animation de la vie culturelle à Nguekhokh et dans le département de Mbour. ‘’Lors des précédentes éditions, souligne l’organisatrice, nous avons eu l'opportunité de former une trentaine de jeunes dans divers domaines tels que l'entrepreneuriat culturel, le slam et la gestion de projets. Cette troisième édition est marquée par la réalisation d'une fresque murale en hommage aux disparus en mer’’.
THECIA P. NYOMBA EKOMIE