L’Etat accusé de jeter du sable dans le ‘’couscous’’
Les acteurs et producteurs de la filière mil dans le bassin arachidier étaient en conclave hier à Thiès, dans le cadre de l’année internationale de l’exploitation familiale. Pour ces acteurs, l’Etat, seul marché intéressant, n’agrée pas les organisations de producteurs, mais plutôt les opérateurs économiques.
L’Etat à la sauce du couscous. Hier, à Thiès, lors de l’atelier de capitalisation des pratiques paysannes, de la production à la valorisation de la filière mil, financé par l’association Sud-ouest pour le développement international agricole (Asodia), les acteurs et producteurs de ladite filière soutiennent que l’Etat privilégie les opérateurs économiques au détriment des organisations de producteurs. Ces derniers qui ont passé au peigne fin leurs activités agricoles estiment la moyenne de production nationale de mil à 515 365 tonnes.
Ce résultat est lié, selon eux, au faible niveau des rendements qui tourne entre 500 et 800 kg/ha. Ceci est le résultat d’une utilisation peu efficiente des intrants (semences et engrais) ou de leur inaccessibilité. ‘’Les petits producteurs connaissent, dans leur globalité, des difficultés dans la gestion des intrants liées surtout au coût, à leur mise en place tardive, à la qualité, à l’accessibilité réduite des nouvelles variétés alors que des subventions s’élèvent à 25 voire 30 milliards’’. Ces subventions, selon eux, ne profitent qu’aux opérateurs privés et certains industriels. Ainsi le rendement économique de l’utilisation des intrants et engrais n’est pas bien perçu et évalué par les producteurs à cause de leur difficile accès.
De l’avis d’El Hadji Oumar Dramé, président de la filière mil, les producteurs ont besoin de fertilisants minéraux et organiques. Surtout que, déplorent-ils, la communication autour de la promotion des intrants et de leurs avantages n’est pas bien menée, et l’Etat, seul acheteur, perturbe le marché des intrants. Sur ce registre, les producteurs de mil estiment que l’Etat a un un rôle important à jouer aux côtés des autres acteurs pour permettre à ceux-ci d’accéder aux intrants avec une subvention ‘’intelligente’’ et une promotion sur les crédits d’intrants.
Leur emboîtant le pas, Dr Makhtar Diaw, chercheur à l’Isra (institut de recherche agricole du Sénégal), a affirmé que la majeure partie des producteurs dispose d’un accès insuffisant aux intrants de qualité. ‘’La principale attaque sur les champs est due à un adventice, le Striga, causant d’importantes pertes pouvant aller jusqu’à 30% des récoltes’’, a révélé Dr Diaw.
Après avoir procédé au diagnostic de la transformation, l’Asodia a financé un projet d’amélioration de la productivité et la rentabilité du mil. L’objectif recherché est de contribuer de façon durable au développement de la filière mil pour la sécurité alimentaire, à en croire Simon Damien Ntab, président de ladite association.
NDEYE FATOU NIANG (THIES)