Fadel Barro regrette la présence de la violence
Se servant du prétexte de ce dernier jour de campagne électorale, le président de Jammi Gox Yi a commenté les fausses notes qui l'ont jalonnée.
Un message essentiellement de paix. Voilà la contribution du président du mouvement Jammi Gox Yi, Fadel Barro, en cette veille d’élections législatives. Le cofondateur de ce mouvement regrette notamment que l'argument de la force l'ait emporté sur la force de l'argument durant la campagne. “Le constat est amer, la violence verbale et physique a émaillé cette campagne électorale. Malheureusement, c'est devenu une fâcheuse tendance. Cette façon de faire nous a coûté presque une centaine de morts lors des trois dernières années”, relève le journaliste de profession. Il poursuit pour étayer sa thèse en évoquant la période macabre qui s'est écoulée avant l'accession du président Diomaye au pouvoir. “Combien de jeunes sont morts durant ces trois dernières années ? Plus de 80 ont péri et depuis lors, nous attendons que les responsabilités soient situées.”
Dans cette même veine, le leader des Jammistes s'est évidemment attardé sur le discours nationaliste, selon lui un peu trop poussé à l'extrême lors de cette campagne. “Pour clarifier les choses, pour nous, tout nationalisme qui n'a pas comme socle une conscience africaine relève de la xénophobie. Nous sommes tous Africains, tous frères ; certains propos ne doivent pas prospérer dans l'espace public. On peut convaincre son électorat sans verser dans la stigmatisation”, a soutenu Fadel Barro.
La typologie des politiciens selon Fadel
L'intervention de M. Barro ce vendredi a aussi porté sur une tentative de catégorisation des politiciens au Sénégal. “Nous avons deux types de politiciens dans l'espace public. Le premier surfe sur la violence pour faire peur aux masses afin qu'elles adhèrent à son discours. Quant au second, il joue sur les émotions des populations pour obtenir gain de cause. On se rappelle toujours du discours anti-français qui a conduit aux saccages systématiques des supermarchés Auchan et des stations Total à chaque manifestation. Maintenant qu'ils ont accédé au pouvoir, les entendez-vous parler de cela ?” s'interroge le leader des Jammistes. Poussant sa réflexion, il renchérit : “Ce n'est là qu'un exemple parmi tant d'autres. C'est pourquoi, à notre niveau, nous essayons de faire ce genre de contribution afin de toucher celles et ceux qui sont les plus vulnérables, parfois incapables de distinguer le vrai du faux, de ce qui est vraiment sincère et de ce qui ne l'est pas.”
Toujours dans cette dynamique politique, lors de son face-à-face avec les journalistes, le président de Jammi Gox Yi fustige ce réchauffé encore servi aux concitoyens. Selon lui, depuis l'indépendance, on reproduit “les mêmes systèmes, les mêmes politiques publiques, justement les mêmes assemblées nationales”. Tout ceci, dans l'entendement du y en a marriste, démontre que le changement de paradigme s'impose de la part des politiques, mais aussi des gouvernés.
Pour finir, Fadel Barro a plaidé pour une pleine prise de conscience du Président Diomaye de ses prérogatives. Car pour le journaliste, c'est l'unique façon de persuader encore une bonne partie de la population plongée dans un certain scepticisme. “Le slogan Diomaye Moy Sonko a porté l'actuel Président au pouvoir. Mais il est temps que son excellence se départisse de ces habits partisans pour ceux de la Patrie. L'ère du Diomaye Moy Sénégal a sonné. C'est seulement en essayant de devenir le père de la nation qu'à mon avis, une masse critique de Sénégalais pourrait se sentir vraiment concernée.”
MAMADOU DIOP