Publié le 29 Jul 2023 - 21:22
VOL DE TÉLÉPHONE ET APPEL À L'INSURRECTION

Sonko arrêté et placé en garde à vue

 

Le leader du parti Pastef-Les Patriotes, Ousmane Sonko, a été arrêté hier par la gendarmerie à son domicile, puis placé en garde à vue sur ordre du Procureur de la République. Vol de téléphone et appel à l'insurrection sont retenus contre lui.  

 

Hier, tout est pari d’un post d’Ousmane Sonko sur son compte Facebook. Il alertait que des agents des renseignements généraux postés devant son domicile se sont mis à le filmer. "À mon retour de la prière du vendredi, ce 28 juillet 2023, des agents des renseignements généraux postés devant mon domicile 24 heures sur 24 se sont mis à me filmer. J’ai arraché le téléphone et demandé à la personne de le déverrouiller et d’effacer les images qu’elle a prises, ce qu’elle refusa’’, écrivait-il.

L’opposant poursuivait : ‘’Présentement, une forte équipe de la gendarmerie fait le guet devant mon domicile, comme vous pouvez le voir, et semble prête à en défoncer la porte". Il rappelait que ces mêmes FDS l’avaient volé des biens constitués de 4 téléphones portables, d'un ordinateur MacBook Pro, de son arme avec l'autorisation afférente, d'une valise contenant des habits et d'une somme de deux millions de FCFA, lors de son kidnapping à Koungheul.

Ainsi, il a demandé au peuple de se tenir prêt pour faire face à ce qu'il a appelé un "abus sans fin".

Dans la foulée de ce post, il a été arrêté.

Alors que les supputations allaient bon train sur son arrestation ou pas, Me Cheikh Koureyssi Ba a fait un post pour confirmer l’information, annonçant se trouver dans les locaux de la Brigade des Affaires Générales de la Division des Investigations Criminelles attenante à la cave du Palais de Justice avec Ousmane Sonko et les confrères. ‘’L'imposant cortège de la Gendarmerie a quitté les lieux juste après avoir procédé à l'arrestation musclée de Sonko, déposé et confié à la police. En toute logique l'on s'attendait à l'exécution de la contumace, mais ce n'est nullement le cas. Vol de téléphone et appel à l'insurrection sont les infractions qui ont été portées à notre connaissance et sur notre insistance par le Commissaire Bara Sangaré, chef de la Sûreté Urbaine du Commissariat Central, qui s'est déplacé pour procéder à l'interrogatoire, lequel commence à l'instant’’, renseignait-il.

Le procureur : ‘’Il a volé avec violence le téléphone portable d'une femme gendarme’’

Quelques heures plus tard, le Procureur de la République a sorti un communiqué pour donner les raisons de cette arrestation. "Depuis un certain temps, il a été relevé à l'encontre du sieur Ousmane Sonko des actes, déclarations, écrits, images et manœuvres sur plusieurs supports et en diverses circonstances. Ces éléments, outre les lourdes conséquences sur l'ordre public, l'intégrité des personnes et des biens, sont constitutifs de faits pénalement répréhensibles", écrit-il. Avant d’en venir aux faits : "Aussi, ce jour, dans l'après-midi, il a volé avec violence le téléphone portable d'une femme gendarme, dont le véhicule était tombé en panne aux abords de son domicile, et a aussitôt appelé le peuple, par un message subversif divulgué sur les réseaux sociaux, à se tenir prêt. Ainsi, ai-je instruit la Sûreté Urbaine du Commissariat central de Dakar d'ouvrir sans délai une enquête exhaustive pour divers chefs de délits et crimes à son encontre et de toutes autres personnes impliquées".

La défense : "Président Ousmane Sonko ne se sent nullement concerné par ce prétexte procédural grotesque"

Dans la foulée de ce communiqué du parquet, le collectif des avocats de Ousmane Sonko a réagi pour fustiger une procédure ‘’grotesque’’. "Notre client a été arrêté pour avoir 'volé avec violence le téléphone portable d’une gendarme'. Sortant, rappelons-le, d'un placement sous 'résidence surveillée', en dehors de tout cadre judiciaire, le Président Ousmane Sonko ne se sent nullement concerné par ce prétexte procédural grotesque", a écrit le collectif.

Les conseils d’ajouter : "Ces nouvelles accusations, dépourvues de fondement, seraient risibles si elles n'avaient pas de si lourdes implications. Le devenir d'Ousmane Sonko, personnalité politique de premier plan, engage celui du pays. La multiplication de procédures fantasques à son encontre constitue une instrumentalisation inacceptable de l'appareil judiciaire".

Selon le collectif, les dispositions pertinentes de l’article 341 du Code de Procédure pénale prévoient que la peine et le jugement de contumace sont anéantis, dès l’arrestation du contumax. "Nous nous tenons auprès de notre client pour nous assurer de l'absence d'instrumentalisation de la présente procédure et de son immédiate libération", ont-ils ajouté.

"Le bureau politique de Pastef exige la libération de Sonko"

Sur ces entrefaites, le Bureau politique du Pastef a sorti un communiqué pour dénoncer l’interpellation ‘’brutale’’ d'Ousmane Sonko par la gendarmerie et appelé le peuple sénégalais à la résistance constitutionnelle. "Le Président Ousmane Sonko a été arrêté brutalement par la gendarmerie ce vendredi 28 juillet 2023 à son domicile. Après une séquestration illégale de 55 jours, le Président Ousmane Sonko, candidat de Pastef-Les Patriotes à l'élection présidentielle du 25 février 2024, continue de subir l'acharnement de Macky Sall", a réagi le parti.

Les Patriotes demandent ainsi la libération de leur leader. "Contre la volonté du peuple et la stabilité du Sénésgal, Macky Sall persiste dans son projet funeste d'empêcher par tous les moyens Ousmane Sonko d'être candidat à l'élection présidentielle de 2024. Pastef-Les Patriotes exige sa libération immédiate. Pastef-Les Patriotes appelle les Sénégalais à résister constitutionnellement contre ces abus et dérives tyranniques".

Ainsi, le Bureau politique a demandé à toutes les structures du parti de se mobiliser sans délai pour défendre et protéger la candidature d'Ousmane Sonko.

De son côté, la coalition Yewwi Askan Wi a qualifié l'arrestation de Sonko d'un enlèvement et appelle le peuple à se mobiliser. "Le Président Ousmane Sonko vient de faire l'objet d'un enlèvement manu militari à son domicile, ce vendredi 28 juillet, jour férié, en célébration de l'Achoura. La Coalition Yewwi Askan Wi (Yaw) condamne énergiquement cette énième dérive d'un pouvoir autoritaire et violent et exige son libération immédiate et sans condition", réclame Yaw. Par la même occasion, la coalition invite le peuple à rester mobilisé et à l'écoute de leurs prochaines directives. En effet, souligne Yaw, le respect des droits d'Ousmane Sonko ne saurait faire l'objet d'aucune concession. FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)

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IMPACT DE L’ARRESTATION SUR L’AFFAIRE ADJI SARR

Vers une autre polémique juridique !

Malgré une volonté manifeste d’éviter à tout prix de revenir sur l’affaire Adji Sarr, le débat est lancé par les avocats d’Ousmane Sonko et promet une bataille épique de procédure.MOR AMAR

L’arrestation a pris de court une bonne partie de l’opinion. Mais certains pensaient déjà que l’affaire Ousmane Sonko était loin de connaitre son épilogue, à cause de la condamnation de 2 ans qui pesait déjà sur sa tête. Hier, c’est donc une nouvelle saison de ce long feuilleton, qui tient en haleine la République depuis maintenant plus de deux ans, qui a été lancée. Alors que de nombreux Sénégalais s’interrogeaient sur la non-exécution de la condamnation qu’il avait écopée dans l’affaire Adji Sarr, le leader politique a finalement été appréhendé pour tout à fait autre chose. Une nouvelle procédure qui appelle à la fois une lecture politique et juridique.

Condamné par contumace au début du mois de Juin, Ousmane Sonko ne pouvait plus faire appel et perdait systématiquement et de manière non équivoque (contrairement à la condamnation dans l’affaire Mame Mbaye Niang sujette à interprétation) son éligibilité. Toutefois, s’il venait à être arrêté ou s’il se constitue prisonnier, cette condamnation serait anéantie et tout le jugement rendu par contumace allait être repris. On peut penser que cela n’a pas facilité l’exécution de la décision par le régime qui, selon toute vraisemblance, n’a aucune envie à disputer la Présidentielle avec l’opposant radical.

Dans tous les cas, cette non-exécution de la décision a été perçue dans certains milieux comme un aveu de faiblesse, de la peur bleue envers leur leader selon les militants de Pastef. Ce qui est terrible pour l’image de l’Etat aussi bien sur le plan interne que sur le plan international. Mais comment laver l’affront sans avoir à remettre Sonko dans le jeu politique ? Tel pouvait être le dilemme cornélien auquel faisait face le régime du Président Sall. Bien qu’ayant confiné Ousmane Sonko pendant plusieurs semaines, ayant eu à plusieurs reprises la possibilité de l’envoyer en prison, l’autorité judiciaire n’a jamais voulu mettre à exécution la décision judiciaire.

Finalement, ce que beaucoup redoutaient est arrivé hier. Ousmane Sonko a été arrêté, mais pas sur la base de sa condamnation pour deux ans dans l’affaire de mœurs. Il a été placé en garde à vue pour une banale dispute avec un agent de la Gendarmerie, une dame de surcroit (voir par ailleurs). Une interpellation qui présage d’une autre bataille politique, mais aussi juridique. En effet, si l’on peut penser que par cette arrestation l’Etat a voulu, tout en démontrant qu’il a tous les moyens d’arrêter le principal opposant s’il en a envie, éviter de le remettre dans la course à la Présidentielle, les avocats de Sonko, eux, peuvent invoquer l’article 307 du Code de procédure pénal pour demander la reprise de l’affaire Adji Sarr.

D’ailleurs, leurs premiers messages vont dans ce sens. Dans une déclaration, ils affirment : ‘’Les dispositions pertinentes du Code de procédure pénal prévoient que la peine et le jugement de contumace sont anéantis dès l’arrestation du contumax…’’

Mais que dit concrètement le Code de procédure pénal ? Celle-ci prévoit en effet que : ‘’Les accusés non détenus, s’ils ne défèrent pas à la citation…, sont jugés par contumace par la Chambre criminelle… S’ils se constituent ou s’ils viennent à être arrêtés avant les délais de prescription, l’arrêt de condamnation est anéanti de plein droit et il est procédé à nouveau (au jugement) dans les formes ordinaires, à moins que le contumax déclare expressément, dans un délai de dix jours, acquiescer à la condamnation.’’

Comme on le voit, la loi ne précise pas si l’accusé doit être arrêté dans la même affaire ou non pour être rejugé. Une brèche dans laquelle ne manqueront pas de s’agripper les avocats du Président de Pastef les patriotes.

Mor AMAR

 

Section: 
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