Le ‘’sabre d’E Hadj Omar Tall’’ et les ‘’insuffisances’’ de l’histoire générale du Sénégal au cœur des débats
Le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, était l’hôte des députés hier dans l’après-midi. Occasion pour les parlementaires de revenir sur le débat de l’authenticité du sabre d’El hadji Omar Tall rendu il y a quelques semaines au Sénégal par la France et sur la polémique sur les 5 premiers tomes de l’histoire générale du Sénégal.
Encore le sabre d’El Hadji Omar Tall ! Moustapha Guirassy a été le premier à donner le ton, hier à l’Assemblée nationale, alors que lui et ses collègues recevaient le ministre de la Culture et de la Communication pour le vote des départements qu’il dirige. ‘’Il faut qu’on parle du sabre. On ne peut pas continuer à en débattre, alors que le Gouvernement est là. Le gouvernement doit prendre position. Dites-nous, si c’est son sabre ou ça ne l’est pas’’, a-t-il interpellé. ‘’Le doute est là. On ne sait pas si c’est le sabre originel ou une réplique’’, a dit Sokhna Dieng Mbacké. ‘’On devrait rendre ce sabre, parce qu’il n’est celui d’El Hadji Omar. La France devait signer un contrat estimé à beaucoup de milliards et ce sabre n’était que de l’opium pour faire passer ce contrat’’, a martelé Nago Seck.
Le ministre de la Culture et de la Communication s’est contenté de dire qu’étymologiquement restituer signifie donner à quelqu’un ce qui lui appartient. ‘’Il ne faut pas voir le diable partout’’, a-t-il demandé. Pour Cheikh Abdou Mbacké la paternité de ce sabre n’est pas le plus important. Il ne pense tout simplement pas que l’objet, en tant que tel, est l’atour le plus important du saint homme. Pour lui, on devrait plutôt s’intéresser aux écrits d’El’ hadji Omar et essayer de les ramener au Sénégal. Cheikh Mbacké a requis à son tour la restitution de productions littéraires de Serigne Touba gardées dans un musée en France. Ils considèrent que c’est très important.
Mais à quoi serviraient-ils, si on a une élite intellectuelle qui ne s’y intéresse pas ? Se poser cette question serait légitime. Car comme l’a souligné Serigne Mansour Sy Jamil, ‘’l’élite intellectuelle de nos pays ignore la production intellectuelle de nos pays. Celles faites par Serigne Touba ou encore El Hadj Malick’’, se désole Jamil. Ce qui est problématique, selon lui. ‘’Comment peut-on parler de l’histoire d’une famille religieuse, quand la littérature, la production intellectuelle, est totalement ignorée ?’’, se demande-t-il. Ainsi, il considère que ‘’le problème de l’histoire du Sénégal est le problème des historiens qui doivent faire des recherches. Chaque famille est une source parmi mille autres. Je suis de ceux qui pensent qu’il faut aller interroger des gens neutres, parce que chaque famille a sa version de l’histoire’’.
‘’L’histoire générale du Sénégal a été falsifiée’’
‘’L’histoire générale du Sénégal a été falsifiée. Le travail n’a pas été sérieux. On a du respect pour certains, c’est pourquoi on ne parle pas d’eux, mais il faut reconnaître que le travail a été fait de manière légère’’, s’est offusqué Nago Seck. Cheikh Mbacké embouche la même trompette. ‘’Il faut vraiment être nul pour faire certaines erreurs notées dans les récits faits dans certaines parties des 5 premiers volumes’’, a-t-il apprécié. Quoiqu’il en soit, écrire l’histoire générale du Sénégal est important. ‘’Je veux rendre hommage à ceux qui ont écrit l’histoire générale du Sénégal. Ce travail est difficile mais important’’, s’est félicité Aymerou Gningue.
Certains de ses collègues semblent être sur la même longueur d’ondes. Hier, ils étaient nombreux à demander la mise en place de politiques visant à mieux valoriser les héros du Sénégal. Pour Moustapha Guirassy, il faut un ‘’processus d’héroïsation’’. Pour lui, il est important, surtout en ces temps où ‘’nos valeurs sont agressées’’. Seulement, ‘’quand on parle de culture, on a des rapports festifs, des rapports de contemplation, or, la culture doit avoir un rapport de transformation’’. Pour le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, c’est l’un des pans importants à retenir dans ce projet.
‘’S’il y a une chose sur laquelle on s’est entendu, c’est bien la nécessité d’avoir des références. Notre histoire ne commence et ne s’arrête pas à la colonisation. Pour la première fois, on donne la chance à des Sénégalais d’écrire leur propre histoire. Jusque-là c’était d’autres qui le faisaient. La tolérance sénégalaise doit prévaloir. On doit être tolérant. Il peut y avoir des insuffisances, mais il faut reconnaître que ceux qui ont écrit ce livre ont la légitimité de le faire’’, a déclaré M. Diop.
Le procès de la RTS et du Soleil
Nombreuses sont les piques lancées dans le champ de la radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS) et du quotidien national ‘’Le Soleil’’. Les députés de l’opposition, Toussaint Manga, plus que quiconque, ont fustigé l’attitude des directeurs de ces deux médias qui les zappent ou sucrent leurs évènements. ‘’Le Soleil comme la RTS nous appartiennent, mais ils sont des outils de propagande de l’APR’’, a-t-il indiqué. ‘’Les Présidents viennent et partent, ayez cela en tête. Nous allons nous retrouver ailleurs, dans d’autres sphères. Yaxam, je l’ai connu avant qu’il ne soit directeur du Soleil, ainsi que Racine Talla. On pourrait se retrouver ailleurs’’.
‘’En 52 semaines, Opinion, qui est une émission politique, n’a pas reçu un seul opposant sénégalais. Il y a eu 520 émissions en tout et Mamadou Diop Decroix a été le seul opposant à y être reçu. Cela veut dire ce que cela veut dire’’, a affirmé Marie Sow Ndiaye. ‘’Ana Race (où est Race)’’, a lancé sur un ton nonchalant Mamadou Diop Decroix laissant la salle hilare. ‘’Race, ça ne va pas. Il faut le dire. Quand Robert Sagna était ministre de la Communication, on lisait les communiqués de l’opposition à la télévision. Je pense qu’il nous faut faire une marche pour avoir accès à la RTS’’, a-t-il suggéré. Les députés de l’opposition, naturellement, ne partagent pas ces divers avis. Ils pensent que la RTS fait un excellent travail.
‘’Quand j’entends les gens critiquer la RTS, je me demande s’ils la suivent vraiment’’, s’est demandé Mamadou Mberry Sylla. ‘’M. le directeur de la RTS, ici c’est l’Assemblée nationale. Chacun dit ce qu’il pense, mais ce n’est pas tout ce qui est dit qui est vrai. Faites la sourde oreille. Sachez que vous faites du bon travail’’, l’a encensé Sira Ndiaye. Abdoulaye Diop l’a, à son tour, complimenté. ‘’Vous faites du bon travail. Vous tenez compte de la diversité culturelle de ce pays. Votre rôle est de présenter les politiques publiques de ce pays, vous le faites très bien et je vous félicite’’, l’a-t-il complimenté. Comme chaque année, les ‘’dérives’’ notées dans la presse en ligne et dans la presse de manière générale ont été évoquées. Une fois encore, il a été promis au parlementaire qu’avec le Code de la presse tous les écueils notés seront résorbés.
Par ailleurs, le budget 2020 du ministère de la Culture et de la Communication est arrêté 22 805 610 234 F CFA en crédit de paiement et les autorisations d’engagement sont évaluées à 37 801 000 000 F CFA et a été adopté majoritairement.
VOTE BUDGET MINISTERES CULTURE ET COMMUNICATION Des députés à côté de la plaque Le rapport présenté hier à l’Assemblée nationale portant sur l’examen 2020 du budget du ministère de la Culture et de la Communication, montre des carences graves chez certains élus du peuple. Beaucoup reprochaient à certains députés de n’avoir pas le niveau pour siéger à l’Assemblée nationale. D’aucuns de la commission culture et communication leur ont donné raison. Ils ne perçoivent pas la différence entre communication et télécommunications. Lors de l’examen du budget du ministère de la Culture et de la Communication en commission des finances, certains se sont plaints de la mauvaise qualité des réseaux téléphoniques. Surtout, déplorent-ils, dans les ‘’zones limitrophes du Sénégal, les villages de l’île à Morphil, en Gambie, en Casamance et dans la commune de Wandifa’’, ont-ils spécifié. ‘’La résolution de ce problème de communication permettrait d’asseoir la paix et la sécurité en Casamance, au grand bonheur de ses habitants’’, ajoutent-ils. Chacun prêchant pour sa paroisse, d’autres ont relevé le même problème dans la zone située entre Dakar et AIBD ainsi que les alentours de la station de Gandoul, à Nguékhokh. Ils pensaient sincèrement que c’est Abdoulaye Diop leur bon interlocuteur pour résoudre ce problème. Car, ont-ils fustigé et expliqué en ‘’purs savants’’, ‘’tout ce dysfonctionnement sur le mobile constitue une arnaque orchestrée dans la téléphonie par tous les opérateurs avec la complicité des médias’’. Et comme pour dire au ministre que régler ce problème ferait son affaire, ils ont assuré qu’une ‘’partie des ressources financières captées de ces entreprises de téléphonie pourrait permettre d’assurer le financement des activités culturelles, tant urbaines que rurales’’. En si bonne route sur le chemin de la protestation, ils n’allaient quand même pas arrêter. Ils en ont rajouté : ‘’le manque de respect des engagements pris par la Sonatel envers les collectivités territoriales quant au reversement à temps des ristournes dues suites aux implantations de ses antennes’’. En commission des finances, le ministre leur a dit ‘’gentiment’’ qu’il se ferait leur relais auprès de son collègue de l’Economie numérique, des Télécommunications et des Postes. D’ailleurs, il demandait hier au rapporteur général, lors du vote du budget 2020 du ministère de la Culture et de la Communication en plénière, s’il était possible d’enlever toute cette partie qui ne concernait pas le département qu’il dirige. Tout ceci pourrait vous choquer ou ne pas du tout vous surprendre. C’est selon. Mais il est clair que l’emprunt d’une ‘’fausse citation’’ au feu Président-poète Léopold Sédar Senghor, aura le même effet sur vous. ‘’La culture est ce qui reste quand on ne sait plus rien, ce qui reste quand on a tout oublié, ce qui reste, c’est une pensée d’esprit en éveil, une aptitude à ne juger personne qu’après réflexion et à n’engager une voix qu’après examen’’. Voilà, ce qu’ils ont attribué à Léopold Sédar Senghor. Cheikh Tidiane Gadio est le premier à douter de la paternité de cette assertion. Il a demandé à ses collègues rapporteurs de faire des recherches et de s’assurer qu’elle est vraiment de Senghor, car cela ne lui ressemble pas. Il semble être un grand lecteur lui et connaît le style du poète. Plus pointu, Mamadou Diop Decroix est allé interroger Google qui lui a indiqué qu’elle est d’une Française, femme de Lettres, Françoise Sagan. Les rapporteurs disent prendre note et vont apporter les correctifs demandés. |
BIGUE BOB