Publié le 26 Jun 2021 - 00:04
VOTE DE LA LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE

Les jeunes, nouveau cœur de cible de Macky Sall 

 

L’Assemblée nationale a adopté, hier, le projet de loi n°09/2021 portant loi de finances rectificative (LFR) pour l’année 2021, présenté par Abdoulaye Daouda Diallo, Ministre des Finances et du Budget. La loi, votée à une large majorité, consacre une allocation budgétaire de plus de 200 milliards F CFA aux secteurs de l’emploi des jeunes, de la vaccination contre la Covid-19 et du secteur de l’énergie. Avec un financement de près de 150 milliards pour le programme ‘’Xeyu ndaw gni’’ (NDLR : emplois des jeunes), l’Etat du Sénégal entend redonner un coup de fouet à l’employabilité des jeunes dans notre pays.

 

Depuis les émeutes populaires de mars dernier et le Conseil présidentiel consacré à l’insertion et à l’emploi des jeunes en avril 2021, le gouvernement sénégalais s’est fixé comme priorité le renforcement des programmes et politiques en faveur de l’employabilité des jeunes.

Ainsi, le projet de loi n°09/2021 portant loi de finances rectificative pour l’année 2021, présenté par le ministre des Finances et du Budget, a été adopté, hier, à une large majorité par l’hémicycle. Cette nouvelle loi de finances rectificative (LFR) doit prendre en charge de nouvelles dépenses, à hauteur de 200 milliards de F CFA, liées à l’emploi des jeunes, à l’achat de vaccins anti-Covid-19 et au secteur de l’énergie.  

Le vote de cette loi a fait l’objet de vifs débats autour du financement du Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion des jeunes ‘’Xeyu ndaw gni’’ (NDLR : emplois des jeunes), avec un budget qui s’élève à 450 milliards F CFA repartis sur trois ans, soit 150 milliards par an. Les leviers du programme : création directe de l’emploi, aide à la création d’emplois privés et à l’insertion professionnelle, renforcement des capacités à l’apprentissage et la formation, promotion auto-emploi.

Lors de leurs interventions, les députés de l’opposition ont déploré la faiblesse de la somme allouée à ce programme chargé de résoudre la problématique de l’emploi des jeunes. ‘’Je ne crois pas que 150 milliards puissent résoudre les problèmes d’emploi des jeunes. Cela me parait très pertinent. Je vous rappelle qu’on doit trouver des solutions pour l’emploi des jeunes qui constituent 65 % de la population’’, a déclaré Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly, Coordonnateur départemental du parti Bokk Gis Gis de Mbacké.

Abondant dans le même sens, son collègue Mamadou Lamine Diallo a souligné les limites de ce programme qui ne répond pas, selon lui, aux exigences d’une pleine employabilité des jeunes. ‘’On a 200 000 jeunes qui intègrent, chaque année, le marché de l’emploi et votre programme ne vous garantit qu’entre 60 000 et 65 000 emplois pour les jeunes. Ce qui est loin du compte. Votre programme ne vous mènera nulle part et il est voué à l’échec. Je pense qu’il faut passer à l’industrialisation, pour résoudre ce problème d’emploi pour la jeunesse’’, a déclaré le président du mouvement Tekki.

Le programme ‘’Xeyu ndaw gni’’ au cœur de la lutte pour l’emploi des jeunes

S’agissant de la question de la nature et du statut des emplois prévus dans ce programme, les députés de l’opposition se sont aussi interrogés sur les méthodes de recrutement des agents de sécurité prévu dans le programme ‘’Xeyu ndaw gni’’. Et la députée Marie Sow Ndiaye (PDS) d’interpeller le ministère sur de probables quotas alloués à certains politiques, pour l’insertion de leurs militants.  

De leur côté, les députés de la majorité présidentielle ont salué cette mesure qui témoigne de la célérité du gouvernement dans la prise en charge de cette question de l’employabilité des jeunes. D’après eux, ce nouveau programme ‘’Xeyu ndaw gni’’ constitue un renforcement des programmes de promotion et d’autonomisation des jeunes. ‘’Ce programme est une suite logique dans la politique de promotion des jeunes initiée par Macky Sall, depuis sa prise de fonction. Il a créé plusieurs structures pour les jeunes et a mis en place la Der (Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes) pour 57 milliards dévolus aux jeunes et aux femmes. L’Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes (ANPEJ) a permis de former 15 000 jeunes en entrepreneuriat et comptabilise plus de 2 000 projets financés’’, a informé la députée Yeya Diallo.

39 milliards pour réguler les fluctuations du baril du pétrole

Abordant la question du financement complémentaire au secteur de l’énergie, les députés de la majorité ont aussi salué la pertinence de cette mesure visant à allouer des ressources supplémentaires à ce secteur stratégique, en prévoyant une possible inflation des prix du pétrole.

Selon le député Seydou Diouf, ce financement de 39 milliards F CFA va permettre à la Senelec d’amortir le choc lié à une possible fluctuation des prix du pétrole et aussi permettre à l’entreprise parapublique d’équilibrer ses finances. Ils ont aussi abordé la problématique de l’électrification rurale et les problèmes d’accès à l’énergie de plusieurs localités dans le pays.

Prenant la parole, Abdoulaye Daouda Diallo, Ministre des Finances et du Budget, s’est félicité des modifications apportées au budget, avec cette loi de finances rectificative. Cette démarche vise, avant tout, à réorienter des ressources vers des secteurs clés, pour mieux faire face à la persistance de la pandémie de Covid-19. Et le grand argentier de l’Etat de relever la pertinence du programme ‘’Xeyu ndaw gni’’ dont l’octroi d’un financement de 150 milliards F CFA ne constitue qu’une partie du financement du budget des politiques de jeunesse qui se chiffre, chaque année, à 700 milliards F CFA sur ce présent budget.

D’après le maire de Boké Dialloubé, même si la vocation de l’Etat n’est pas de créer de l’emploi, il ressort qu’un important recrutement dans le secteur public et l’autonomisation des jeunes, dans le cadre de l’entreprenariat, sont nécessaires pour répondre au défi de l’employabilité de cette frange de la population.  

Face aux inquiétudes de certains députés concernant la nature et les critères de recrutement des agents de sécurité dans le cadre de ‘’Xeyu ndaw gni’’, l’ancien ministre de l’Intérieur s’est voulu rassurant, en précisant que le montant s’élevé à 4,8 milliards F CFA pour permettre le recrutement de 3 000 auxiliaires de police et 3 000 gendarmes adjoints volontaires, et un renforcement des effectifs des agents de sécurité de proximité (ASP).  

Renforcement du programme de vaccination anti-Covid

S’agissant de la question autour de l’octroi de ressources supplémentaires pour le ministère de la Santé, Abdoulaye Daouda Diallo a souligné que cet appui supplémentaire de 40 milliards vise au renforcement du programme de vaccination centré sur les cibles prioritaires et la consolidation de la lutte contre la Covid-19.

Dans le même sillage, il s’est empressé de répondre aux interrogations de la députée de l’opposition Aida Mbodj, concernant la transparence dans les fonds alloués au ministère de la Santé, dans le cadre de la lutte anti-Covid. ‘’Nous pensons que la transparence, dans la gestion de la pandémie Covid-19, ne se pose pas. Le président avait pris, à travers un décret, de créer un comité de suivi de la force Covid-19 dirigé par le général François Ndiaye. Ce comité doit remettre son rapport au président en début de semaine prochaine. Ce document sera mis en ligne et sera aussi à la disposition des honorables députés. De ce fait, vous pourrez apprécier la transparence et la régularité des opérations dans la lutte contre la pandémie’’, a-t-il déclaré.

Concernant le financement complémentaire du secteur de l’énergie, pour faire face à la remontée des cours du pétrole, pour un montant de 39 milliards F CFA, il a soutenu : ‘’Les cours mondiaux du pétrole ont évolué de façon substantielle, ce qui nous a poussés à doter davantage la ligne de subventions de l’énergie pour couvrir les pertes commerciales.’’

Il ajoute : ‘’Le taux de pénétration de l’électricité était de 24 % en 2012, alors que maintenant, on a 55 % de taux d’électrification. C’est des progrès qu’il faut saluer. La production d’énergie, qui était de 571 mégawatts en 2012, aujourd’hui, on est à 1 500 mégawatts’’, informe le ministre.

MAKHFOUZ NGOM

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