En banlieue dakaroise, les jeunes pousses ok, mais demandent plus
L’idée de percevoir un cachet minimum de 100 000 F Cfa pour lutter est bien accueillie chez les jeunes lutteurs en banlieue dakaroise.
Parmi les dernières mesures prises il y a quelques jours par le Comité national de gestion de la lutte (CNG) figure un point intéressant pour les jeunes pousses de l'arène : donner aux débutants un cachet minimal de 100 000 F Cfa. Une annonce accueillie comme une aubaine chez des intéressés rencontrés dans plusieurs écuries de la banlieue dakaroise. Dione Sina, pensionnaire de l’écurie Pikine Mbollo apprécie la nouvelle mais prie pour qu’il y ait une augmentation.
''J’apprécie la nouvelle à sa juste valeur mais, si cela ne dépendait que de moi, le CNG allait augmenter la somme car nous les jeunes lutteurs faisons en général les combats les plus difficiles et nous souffrons plus que nos aînés'', confie le lutteur. ''Ce que nous mobilisons comme supporters au stade, plusieurs parmi des lutteurs dits VIP ne peuvent pas le faire alors qu’ils perçoivent beaucoup de millions'', affirme Dione qui compte à ce jour quatre combats dont trois victoires et une défaite. A son avis, le CNG doit épauler les jeunes débutants car il est très difficile de s’entraîner en tant que jeune et de percevoir de modiques sommes alors qu’ils sont tous des soutiens de famille. ''C’est vrai que nous sommes des débutants mais nous souffrons beaucoup dans la préparation de nos combats. Encore que si on nous paye 100 000 F Cfa, les frais vont dépasser les 300 000 F Cfa même si, en tant que jeunes lutteurs, nous ne nous focalisons pas trop sur l’aspect financier'', soutient le lutteur de Pikine Mbollo et poulain de Tonnerre. A l'en croire, son plus grand cachet à Dakar s'élève à 90 000 F Cfa depuis plusieurs années. Il a juste pu décrocher une fois un montant de 150 000 F Cfa à Kaolack.
Pour Matar Diola de l’écurie Pape Diop Boston - deux combats, un nul et une victoire - : ''La décision du CNG est une bonne chose car je suis allé combattre jusqu'en Casamance pour ne percevoir que 40 000 F CFa alors que j’ai dépensé plus''. ''Pour mon deuxième combat, c’était le même prix alors que j’avais vendu un bloc de 100 tickets d'entrée. Pour moi, ce n’est qu’un début car la lutte doit dépasser ce stade'', ajoute le jeune lieutenant de Thieck. Matar Diola de dénoncer des chantages de la part de promoteurs : ''Certains promoteurs nous font des chantages en nous demandant d'écouler tout un bloc de tickets avant de nous rémunérer. Du coup, nous sommes obligés de le vendre en entier, sinon, nous n'aurons rien. Souvent, un jeune lutteur parvient à relever le défi pour ne recevoir que moins de 50 000 F Cfa, ce qui n’est pas normal.''
Selon le pensionnaire de l'écurie Pape Diop Boston, le parti pris du Comité de gestion de la lutte est louable, mais que cela devrait être suivi de mesures d’accompagnement. Matar Diola pense notamment à la vérification des conditions d'octroi des cachets par les promoteurs. A défaut, prévient-il, les jeunes lutteurs risquent d’autres problèmes. Même son de cloche chez Gibson, un pensionnaire de l’écurie de lutte De Gaulle : ''C’est vrai que 100 000 F Cfa ne représentent pas grand-chose mais nous pourrons régler beaucoup de choses avec. Pour mon premier combat, on m’avait payé 45 000 F Cfa alors que j’avais dépensé plus de 450 000 F Cfa grâce aux bonnes volontés qui nous aident'', confie le lutteur qui comptabilise un seul combat victorieux. Optimiste, il souligne : ''C’est difficile de lutter avec certains cachets mais nous sommes obligés de cultiver la patience.''
CHEIKH THIAM
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