Publié le 23 Nov 2012 - 16:27
ARABIE SAOUDITE

Le système d'alerte SMS qui prévient le mari...

Photo, AFP

 

 

Le système d'alerte SMS qui prévient le mari quand son épouse tente de quitter le pays a soulevé un vrai tollé en Arabie saoudite. Cette cyber-surveillance existe pourtant depuis deux ans. Mais, jusqu'à présent, l'homme devait demander à y souscrire.

 

Ils sont devenus les SMS de la discorde en Arabie saoudite. Depuis près d’une semaine, des femmes saoudiennes montent régulièrement au créneau, notamment sur Twitter, pour dénoncer ce qui semble être un nouveau moyen mis en place par les pouvoirs publics pour pister leurs allées et venues. Les autorités saoudiennes ont en effet élaboré un système d'alerte permettant d'informer les hommes lorsque leur femme, leur sœur ou celles dont ils sont le "tuteur" s'apprêtent à quitter le royaume wahhabite.

 

C’est la militante des droits des femmes et journaliste, Manal al-Sharif, qui a lancé le mouvement sur le célèbre réseau aux 140 caractères. Dans un gazouilli daté du 19 novembre, elle relaie l’histoire d’un Saoudien surpris de recevoir sur son téléphone un SMS lui indiquant que sa femme était sur le point de s'envoler à l'étranger. Il le savait déjà puisqu’il était en train de partir... avec elle.

 

 

 

"Des femmes de confiance comme le docteur Thouria el Aridh a confirmé que son mari a reçu un sms lors de leur sortie du pont de Bahreïn sans qu'il soit inscrit à cette option"

 

Cet épisode ubuesque s’est très vite répandu sur les réseaux sociaux. D’autant plus rapidement que Manal al-Sharif est devenue très influente depuis son combat, l’an passé, pour que les Saoudiennes obtiennent le droit de conduire des voitures. Elle a été rejoint, le même jour, dans ce nouveau combat par sa consœur journaliste Badriya Al-Bishr. Dans le quotidien Al-Hayat, cette autre figure du mouvement pour l’amélioration de la condition féminine dans le royaume a ironisé sur cette utilisation du “progrès” technologique pour faire subsister des règles “archaïques”.

 

Si la règle est connue depuis longtemps (épouses, enfants, domestiques ont interdiction de voyager à l’étranger sans l’accord du “maître” du foyer), c'est l'incursion technologique censée la faire respecter qui est nouvelle.

 

Automatique

Encore que... Comme certains, même opposés à cette limitation de la liberté de circulation des femmes, l'ont souligné : la possibilité de recevoir ces fameux SMS existent depuis 2010. Mais jusqu’à présent, il fallait demander à pouvoir bénéficier de cette “cyber-surveillance”. Dorénavant même un mari qui voudrait laisser sa femme voyager librement reçoit ces messages d’avertissement.

 

Comment ce système d’”alerte” a-t-il ainsi pu s’imposer à tous ? Le journaliste blogueur saoudien Ahmed al-Omran pense détenir la solution. Ce serait un effet pernicieux d’une règle destinée, elle, à défendre les femmes. Depuis avril 2012, les Saoudiennes ne sont, en effet, plus obligées d’obtenir pour chaque déplacement à l’étranger une autorisation écrite de leur mari. Ce dernier peut, dorénavant, apposé une signature électronique liée au passeport de sa femme qui vaut autorisation de sortie du pays.

 

Mais pour adhérer à ce programme “progressiste”, il doit donner au ministère saoudien de l’Intérieur son numéro de portable. Les règles de ce nouveau service indiquent clairement que les autorités utiliseront ce numéro pour lui envoyer des SMS relatifs à ses démarches administratives ou à celles des personnes à sa charge...

 

Ironie de l’histoire : si le mari ne veut pas être le complice passif de cette cyber-surveillance, il doit quitter complètement le programme d’autorisation électronique et revenir à la bonne vieille signature papier et aux démarches administratives qui vont avec. Il n’y a pas de demi-mesure.

 

FRANCE 24

 

 

Section: 
SOMMET DE LA CEDEAO ET DE L'AES : Entre retrait ‘’irréversible’’ et derniers efforts de médiation
NIGER - RÉCENTES ATTAQUES MEURTRIÈRES : Les faiblesses persistantes de l'armée face à une insécurité grandissante
Gouvernement Barnier
Aminata Touré : « Au Sénégal, la loi d’amnistie doit être abrogée » 
MALI-BURKINA : Assimi ferme une télé pour plaire à Traoré
PHÉNOMÈNE DE RETOUR AU POUVOIR D’ANCIENS DIRIGEANTS : Ces éternels ‘’phénix’’ à la reconquête du pouvoir  
Afrique du Sud : 4 500 mineurs illégaux coincés sous terre et assiégés par la police
Génocide des Tutsis : La justice administrative « incompétente » pour juger l’Etat français
Critiques au Mali
États-Unis : Les contours de la future politique étrangère de Donald Trump se dessinent
SOMMET ARABO-ISLAMIQUE DE RIYAD : Des actions concrètes contre l'agression israélienne  
ÉLECTION AMÉRICAINE - DONALD TRUMP ET L'AFRIQUE : Un ‘’Reset’’ face aux nouveaux défis géopolitiques
Ghana : Le Parlement suspendu pour une durée indéterminée à cause d'un différend juridique
Turquie  : L’attaque armée d’un bâtiment de l’industrie de la défense fait cinq morts et vingt-deux blessés près d’Ankara
Mali : Pas de liberté provisoire pour l'économiste Etienne Fakaba Sissoko
ELECTIONS AU TCHAD : Succès Masra hésite encore à participer aux élections législatives
DIPLOMATIE SENEGALAISE : Les errements de la tutelle
Cameroun : Face aux rumeurs, le gouvernement communique sur l'état de santé du président Paul Biya
EXIGENCE DE LA CARTE DE SÉCURITÉ SOCIALE : Le calvaire des Sénégalais vivant au Maroc
FRAPPES ISRAÉLIENNES À BÉZIERS : Des Libano-Sénégalais parmi les victimes