La défaite de Twitter ?
Après le « hashtag » (mot clé dont s’emparent les utilisateurs) #SiMonFilsEstGay, qui a fait plonger Twitter samedi dans le pire du réseau social, on s’enfonce un peu plus avec le nouveau #SiMaFilleRamèneUnNoir. Ces deux apparitions ont de plus permis de ressortir #UnBonjuif, retiré par Twiter en octobre après de nombreuses plaintes d’associations.
Déferlement d’homophobie primate, de racisme et de misogynie, création de comptes avec deux ou trois « followers » (abonnés), écriture adolescente, réactions scandalisées de « twittos » (utilisateurs de Twitter) influents qui ont propagé ce détournement de l’outil, lui permettant d’accéder au rang envié de « Trending topics » (sujets les plus discutés sur le réseau)...« Une loi contre l’homophobie, ce serait bien »
En parler, ou pas ? RT (« retweeter », reproduire) les parodies les plus drôles ou pas, jouer à « monsieur et madame MonFilsEstGay ont un fils, comment s’appelle-t-il ? » (Gaël), en appeler aux lois réprimant l’homophobie comme le fait l’éditorialiste Joseph Macé-Scaron ? « C’est maintenant qu’on se dit qu’une loi contre l’homophobie ce serait bien... Oh wait... elle existe ! » Mace-Scaron Joseph @MaceScaron. C'est maintenant qu'on se dit qu'une loi contre l'homophobie ce serait bien...Oh wait...elle existe!Ou bien laisser s’autodétruire cette explosion de conneries ?
Le PS demande à Twitter d’intervenir
Dans un communiqué publié ce dimanche, le PS dénonce un « déferlement de propos homophobes » qui « ne sont pas seulement choquants et odieux », mais aussi et surtout « interdits par la loi ». Les deux auteurs du texte, les secrétaires nationaux du PS aux médias et aux questions de société, Philippe Buisson et Marc Coatanéa n’avaient pas encore découvert le #SiMafilleRamèneUnNoir :
« Nous demandons à Twitter de faire respecter la loi française sur son site. Les discriminations, le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie et les appels à la haine sont illégaux et punis par la loi : leur expression sur Internet ne fait pas exception à cette règle. » Twitter acceptera-t-il d’intervenir comme il l’avait fait suite aux tweets antisémites ?
Ce dimanche après-midi, l’intervention sur Twitter de Najat Vallaud Belkacem, porte-parole du gouvernement est venue donner une nouvelle dimension à la polémique : « Propos homophobes sur Twitter : en contradiction absolue avec les valeurs de notre République. Inacceptables et punis par la loi française. »Donc en parler... et noter que ces deux hasthags vont droit à ce qui travaille la société française. Pourquoi n’a-t-on pas (encore ?) eu droit à « Si ma fille est lesbienne » ni à « Si mon fils ramène une Noire » ?
Un sentiment d’impunité, jusqu’à quand ?
Sur Twitter, il existe certes un sentiment d’impunité grâce à l’anonymat. Mais en juillet 2011, l’éditeur de sites Zlio a été condamné à 10 000 euros d’amende pour un tweet de son PDG, Jérémie Berrebi. Il l’a supprimé depuis. Il dénigrait un site de référencement. Sur son blog, le PDG a annoncé sa décision de faire appel. A la différence des tweets homophobes et racistes de ce week-end, il « tweetait » en son nom.
Mise en demeure de supprimer des tweets – comme dans l’affaire Anne Hidalgo –, citation à comparaître, les utilisateurs français de Twitter ont souvent été menacés d’être traînés devant la justice pour leur virulence en 140 signes. Mais que l’on sache, aucun des utilisateurs ayant rédigé des messages antisémites #UnBonJuif n’a été poursuivi. Blandine Poidevin, avocate spécialisée dans le droit d’Internet assure qu’une condamnation Twitter serait « tout à fait possible ». Au Royaume-Uni, la jurisprudence a tranché. Un homme politique britannique, Colin Elsbury, a été condamné à payer 3 000 livres (environ 3 600 euros) pour diffamation, après avoir tweeté, a tort, l’évacuation d’un bureau de vote de son opposant par la police.
Rue89