Arona Dia s’y oppose et plaide pour le statu quo
Le séminaire du Directoire de l’Alliance pour la République (APR), tenu le week-end dernier, n’a pas livré tous ses secrets. La question du renouvellement des instances du parti a, en effet, opposé deux camps : celui d'El Hadji Malick Sarr et Mbaye Ndiaye à celui d’Arona Dia.
Le week-end dernier, le Directoire de l’Alliance pour la République(APR) était en conclave, pour plancher sur la léthargie dans laquelle le parti est plongé depuis la fin des élections législatives. Plusieurs propositions ont été ainsi faites, par les responsables, pour la «remobilisation» et l’«animation» du parti ; mais deux camps ont des avis opposés sur le renouvellement des instances du parti. D’après des sources ayant pris part à cette rencontre, plusieurs responsables pensent qu’il faut mettre un terme au caractère provisoire des structures du parti avant les élections locales de 2014. Par contre d’autres, comme le milliardaire Arona Dia, plaident en faveur du statu quo ; ce que certains cadres de l’APR voient d’un mauvais œil.
«Un parti structuré ne l’arrange pas, car il(Arona Dia) risque de perdre la main mise sur le parti », confie un apériste. Dans la situation actuelle, il est au four et au moulin ; et ça lui permet de garder son influence». Joint par téléphone, El Hadji Malick Sarr, membre du Directoire, qui confirme l’existence de cette divergence de vues, explique: «Deux camps se sont affrontés : un camp constitué de moi-même, de Mbaye Ndiaye , disons la majorité des élites du parti et un autre (sans citer de noms) qui pense qu’on ne devrait pas structurer, qu’on doit laisser la situation comme telle et ouvrir le parti».
Pour le premier camp, on doit «restructurer le parti en créant les conditions de sa massification et son ouverture politique à d’autres forces démocratiques avec lesquelles (il) partage le même idéal de construction d’un Sénégal nouveau, dans le but de renforcer le pouvoir». Car, selon le PCA de la Haute autorité des aéroports, «la meilleure manière d’ouvrir le parti c’est de l’organiser, de le structurer», avant les prochaines joutes électorales. Alors que le camp de Arona Dia pense qu'«on doit dépasser les formes classiques d’organisation des partis». «Ils disent que si le président Macky Sall a été élu, c’est parce que d’autres forces ont voté pour lui». Au bout d’une «discussion profonde», les membres du Directoire ont convenu de mettre en place une commission ad hoc, pour poursuivre la réflexion qui devra «articuler la question du parti à deux vérités» : «aucun parti ne peut prétendre à lui seul avoir la majorité et gagner ; deuxièmement, nous devrons ouvrir le parti aux autres», déclare M. Sarr
«Nous ne volons pas de papillons politiques à la chasse de postes»
Toutefois cette volonté d’ouverture se veut sélective. Alors que des dignitaires de l’ancien régime frappent à la porte en déclarant publiquement attendre la main tendue du président Macky Sall, M. Sarr tient à définir les règles du jeu : «Si c’est pour des prébendes, pour après occuper des positions de pouvoir, on n’en veut pas». Partisan d’une politique de «rupture, ce membre du Directoire de l’APR rejette les «papillons politiques qui s’accommodent de tous les pouvoirs et qui sont à la chasse de postes» et prône le «militantisme à la base». «Nous sommes d’accord pour qu’il y ait une mobilité politique à la base, mais nous ne volons pas des hommes qui rodent toujours autour du pouvoir.»
DAOUDA GBAYA