Les conducteurs plaident pour l’immatriculation des motos

La recrudescence des agressions meurtrières inquiète. La nouveauté est l'utilisation des deux-roues par les malfrats pour opérer leurs forfaits. EnQuête a donné la parole aux conducteurs de ces motos ou scooters qui se prononcent sur la question et préconisent des solutions.
Station ''Texaco''. En ce début de matinée, cet axe routier stratégique de la commune d’arrondissement de Pikine-Est reçoit son habituel flot de véhicules, cars, bus et deux-roues. La même pollution sonore causée par le lancinant vrombissement des moteurs, pour la plupart bonne pour la casse, témoigne de l'intensité du trafic, en heure de pointe. À ce tohu-bohu s'ajoutent les cris des apprentis chauffeurs et des ''coxeurs'' (rabatteurs) en quête incessante de clients. Et lorsque les charrettes et les ‘’clandos’’ s'en mêlent, la circulation devient un casse-tête. La présence du policier n'y fait rien, l’étroitesse de la route a raison de l'impatience des uns et des autres. D'aucuns abusent de leur klaxon qui exacerbe cette ambiance de chaos. Que dire des eaux stagnantes, en provenance des quartiers environnants et qui ont trouvé refuge à ce rond-point ? L'endroit est le passage obligé de milliers de banlieusards en partance pour le centre-ville ou même pour l'intérieur du pays.
Les seuls conducteurs qui tirent leur épingle du jeu sont les propriétaires de motos et scooters. Dans leur quasi-totalité, ils expliquent avoir opté pour ces moyens de locomotion par leurs côtés pratiques. C'est, à leurs yeux, le moyen le plus rapide pour se rendre à son lieu de travail, compte tenu de leur capacité à se faufiler entre les véhicules. Babacar Ndiaye est un pompiste trouvé devant une station sise à Pikine ''Texaco''. Sa moto lui permet de rallier rapidement son lieu de travail et aussi de vaquer à ses autres occupations. Même son de cloche chez Sidate Sèye. L'ouvrier assure qu'une voiture ne l’arrange point. Sa moto lui permet un gain de temps très précieux pour son business. Même s'il conduit un scooter, Saliou Diop, jeune professeur de mathématique, déclare se contenter d'une moto, en attendant d'avoir les moyens de se payer un véhicule. ‘’J'ai opté pour la moto, car j’enseigne à Dakar. J’ai un emploi du temps chargé. Je quitte tôt pour me rendre au travail, donc je suis obligé d’avoir un moyen de transport. Je ne peux pas m’acheter une voiture, j’ai porté mon choix sur la moto'', dit-il.
Chercher une matricule pour toutes les motos serait une solution pour les cas d’agressions
Toutefois, la question des agressions taraude tous les esprits. Dans la mesure où, la mode est au vol à l'arraché à bord de scooters ou motos à Dakar et dans sa banlieue. Une infraction qui a déjà conduit à l'arrestation, le mois dernier, d'une dizaine de malfaiteurs qui séjournent actuellement en prison. Indignés par ces cas multiples d’agression souvent sanglantes et mortelles, les conducteurs interrogés proposent l'immatriculation comme solution. ''Pour lutter contre cette méthode d’agresser, il faudra exiger les papiers, à savoir les permis de conduire, les cartes grises de toutes les personnes qui conduisent des deux-roues. Il faut les immatriculer'', propose Babacar Ndiaye. ''Je pense ainsi, poursuit-il, que cela va régler définitivement ce problème. Je réprouve cette idée d’agresser de nobles gens, en utilisant les motos. Car, on risque de mettre tout le monde dans le même sac, ce qui pourrait être mauvais pour nous. Hier (NDLR : avant-hier), j’ai vu que la police procédait à des immobilisations de deux-roues. Je suis sûr que c'est à cause de toutes ces agressions'', indique-t-il.
Le professeur Saliou Diop abonde dans le même sens. Il est d'avis qu'il faut s'assurer que les motos soient mutées, comme c'est le cas avec les voitures. Selon lui, il faut s'assurer qu'il y a une plaque d'immatriculation derrière chaque moto ou scooter, ainsi, dit-il, en cas de forfait, on pourra connaître le propriétaire. Sidate Sèye n'est pas contre l'idée. Toutefois, il demande aux autorités de faciliter l’obtention des papiers pour leurs engins. ''Pour en avoir, il faut faire un véritable parcourt du combattant'', regrette-t-il. ''Il faut faciliter l’obtention des papiers et montrer aux conducteurs les voies les plus rapides pour les avoir ; ainsi toutes les motos auront des plaques d’immatriculation. Actuellement, il est très difficile de réunir tous les papiers, c'est la raison pour laquelle il est rare de trouver une personne possédant tous ses papiers'', renseigne Sidate.
CHEIKH THIAM
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