Mythe ou réalité ?
L’histoire de ''Talaatay Nder'' ne fait pas l’unanimité au Sénégal. De l’avis de certains, le sacrifice suprême raconté en hommage aux femmes de Nder n’est qu'une ''légende'', ou alors il y a eu des ''modifications de l’histoire'', au gré d’une descendance qui a voulu prendre sa revanche sur l’histoire.
Telle que racontée, l’histoire de Nder se résume ainsi : Le mardi 7 mars 1820, le Walo connaît une tragédie marquée par le sacrifice des femmes de Nder qui ont préféré se brûler vives que de devenir captives des Maures. Rien que sur la date, il y a des divergences, car d’aucuns soutiennent que c’est au mois de septembre qu’est survenu le fameux ‘’Talaatay Nder’’. Un argument balayé d’un revers de main par Amadou Bakhaw Diaw, historien traditionaliste du Walo.
Selon lui, c'est l’attaque contre le village de Thiaggar où le Brack du Walo Amar Fatim Borso Mbodj tenait un conseil de trône qui est intervenue au mois de septembre, en l’an 1819. ''Lors de cette attaque appelée en wolof «mbettum Thiaggar», le Brack eut la jambe fracturée et fut évacué à Saint-Louis, à bord d’une pinasse’’, raconte l’historien traditionaliste. Des chefs de guerre seront grièvement blessés. Le verrou militaire que constituait le village fortifié de Thiaggar ayant sauté, la voie était libre pour les troupes maures pour la prise de la capitale Nder. Ainsi, le mardi 07 mars 1820, la capitale Nder fut conquise.
Submergée par les assaillants, la Linguère Fatim Yamar Khouryaye MBODJ, épouse du Brack, préféra se brûler vive, avec plusieurs de ses courtisanes, que de tomber dans les mains des Maures, rapporte M. Diaw. Il poursuit que pour sauvegarder la lignée royale, la Linguère avait réussi à évacuer vers leur tante paternelle Ndickou Fatim Borso à Ronkh, ses deux jeunes filles les futures Linguères Ndjeumbeut et Ndaté Yalla.
Comment a-t-elle eu ce réflexe, alors que les assaillants lui avaient tout ôté…ou presque ? se sont interrogés certains. Pour le journaliste Alfousseynou Diagne, ayant exercé dans la zone, il existe plusieurs zones d’ombre dans cette affaire que les historiens devraient revoir. Etant de ceux qui soutiennent que le ‘’Talaatay Nder’’ était un mardi du mois de septembre1820, il s’interroge : ‘’Entre Nder et les rives du fleuve Sénégal, il y a au moins 40 km. Je connais bien la zone. Connaissant les Maures qui ne savent pas nager, je me demande comment ils ont pu traverser tout cet espace, pour aller à Nder, sans que les gens de l’empire attaqué ne s’en rendent compte.''
Le journaliste de poursuivre, ‘’Il est dit que le Brack était parti à Saint-Louis pour se faire soigner. La question que je me pose à ce niveau, c’est : comment il peut partir se faire soigner en amenant toute sa cour, au point que seules les femmes soient restées au village’’ ? Selon une autre version, les gens racontent que les hommes du village étaient aux champs. Ce qui fait dire au journaliste qu’il y a des zones d’ombre à éclaircir. ‘’Il faut que les historiens nous édifient sur ça. Pourquoi les Maures n’ont pas rencontré de résistance sur cette terre ?’’. Pour certains, le simple fait que ces dames se soient suicidées les éliminent du ‘’panthéon des références’’ d’un pays religieux comme le Sénégal.
Amadou NDIAYE
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