Khamenei pour la première fois prêt au dialogue avec Washington
Le guide suprême d'Iran Ali Khamenei s'est dit prêt jeudi, pour la première fois, à des discussions directes sur le nucléaire avec son ennemi juré américain, tout en appelant Washington à reconnaître le droit de Téhéran à l'enrichissement d'uranium.
Mais il a dans le même temps assuré que l'Iran détruirait les deux grandes villes israéliennes de Tel-Aviv et Haïfa si l'Etat hébreu attaquait les installations nucléaires iraniennes, soupçonnées de cacher un volet militaire. Le guide iranien s'exprimait dans un discours télévisé depuis Machhad, dans le nord-est du pays, à l'occasion du Nouvel an iranien, alors que le président américain Barack Obama effectuait une visite en Israël, sa première en tant que chef d'Etat.
Les Américains "ont envoyé des messages pour que l'on ait un dialogue direct sur le nucléaire (...) en marge des négociations avec le groupe 5+1. Je ne suis pas optimiste sur un tel dialogue (...) mais je n'y suis pas opposé", a-t-il affirmé . Jusque-là, l'ayatollah Khamenei, qui a le dernier mot sur le dossier nucléaire, refusait la proposition américaine de dialogue, dénonçant la stratégie de Washington qui mêle sanctions et offre de discussions. Dans une première réaction, un haut responsable américain accompagnant M. Obama en Israël a dit que son pays était attaché au processus de négociations avec l'Iran dans le cadre du groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne). "Dans ce contexte nous serions ouverts à des discussions bilatérales".
Téhéran et Washington, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1979, ont admis dans le passé s'être consultés sur des dossiers comme l'Afghanistan ou l'Irak. L'ayatollah Khamenei a demandé aux Etats-Unis de s'engager "dans un dialogue rationnel et non un dialogue où vous voulez imposer votre point de vue", et réclamé la fin de "leur politique d'animosité" envers Téhéran.
Washington "au centre du complot"
"Cela fait 34 ans que lorsque le terme ennemi est évoqué, le peuple iranien pense aux Etats-Unis", a rappelé le Guide, en accusant de nouveau Washington d'être "au centre du complot contre l'Iran islamique". "Nous ne voulons pas d'arme atomique, a-t-il répété. L'Iran veut simplement que son droit à l'enrichissement d'uranium à des fins pacifiques soit reconnu, mais ils ne veulent pas reconnaître ce droit". Pour calmer les soupçons occidentaux sur la nature militaire de son programme nucléaire, l'Iran respectera les "règles" de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui surveille les activités nucléaires iraniennes, a affirmé l'ayatollah Khamenei. Les puissances occidentales et Israël soupçonnent l'Iran de chercher à fabriquer l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, ce que Téhéran dément.
L'Iran est sous le coup d'une série de sanctions de l'ONU, renforcées unilatéralement par un embargo bancaire et pétrolier de l'Union européenne et des Etats-Unis. Le dialogue entre les 5+1 et l'Iran doit reprendre début avril à Almaty. L'ayatollah Khamenei a également averti Israël que l'Iran réduirait "en poussière Tel-Aviv et Haïfa" si l'Etat hébreu faisait "l'erreur" d'attaquer ses installations nucléaires. Selon des sources occidentales, l'Iran détiendrait plusieurs dizaines de missiles d'une portée de 1.800 à 2.000 km, capables d'atteindre l'Etat hébreu.
A Jérusalem, M. Obama a affirmé qu'un Iran nucléaire serait "un danger qui ne (pourrait) être endigué" et répété que "toutes les options sont sur la table pour atteindre nos objectifs". "L'Amérique fera ce qu'il faut pour empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire", a-t-il averti. La veille, il avait dit ne pas s'attendre à ce qu'Israël s'en remette à Washington en cas de frappe contre l'Iran, après une rencontre avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui s'était en novembre 2012 dit "prêt, s'il le faut", à déclencher une attaque contre les sites nucléaires iraniens.
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