Thierno Lô, Massaly et Bara Gaye entendus par la police, puis libérés
Comme annoncé par le journal l'AS dans sa livraison d'hier, Mouhamet Massaly, Bara Gaye et Thierno Lô, respectivement responsable des Jeunesses wadistes, Secrétaire général de l'Union des jeunesses travaillistes libérales (UJTL) et membre de Bokk Gis Gis, ont été entendus hier par la police. Accusés d'avoir tenu des propos ''injurieux'' envers le Chef de l'État, Macky Sall, et proféré des accusations ''graves'' contre le gouvernement, ils ont été cuisinés jusque tard dans la soirée d'hier, avant d'être libérés.
''S'il y a un voleur dans ce pays, c'est Macky Sall, je le dis et le maintiens. S'il le veut il n'a qu'à nous arrêter. Il nous emmerde, Macky Sall. Kaay leen niou taal deuk bi (Brûlons le pays !) ! Il n'y a qu'un seul voleur au Sénégal et c'est lui. Il a quinze milliards ; où est-ce qu'il a pris tout cet argent ? C'est Macky Sall le voleur de la République''. Ces mots prononcés, mardi dernier, par le leader des Jeunesses wadistes lui ont valu son audition, hier, par la police du Port et libéré vers 21 heures. Mouhamed Massaly, qui a été cueilli vers midi, entendu toute la journée par les enquêteurs du commissariat du Port, pourrait être poursuivi pour offense au Chef de l'État.
Tout comme son camarade de parti, Bara Gaye, par ailleurs secrétaire général de l'Union des jeunesses travaillistes libérales (Ujtl). Lequel, à l'occasion de l'émission Faram Facce ,diffusée sur la TFM, a montré une photo d'un homosexuel, arguant que celui-ci circulerait avec un passeport diplomatique que lui aurait remis le président de la République, Macky Sall. Ce n'est pas tout. Car le responsable de l'Ujtl ira jusqu'à dire que ''si le président de la République a été reçu par le président américain, Barack Obama, c'est parce qu'il a accepté de fermer les yeux sur l'homosexualité au Sénégal''. Sur ordre du procureur de la République qui s'est auto-saisi, M. Gaye a été cueilli par la Division des investigations criminelles (Dic) et interrogé au Commissariat de Bel Air.
Allant plus loin dans ses accusations, Thierno Lô, qui a également été cueilli au même moment et entendu par les enquêteurs de la Brigade des affaires générales (Bag), un démembrement de la Dic, a soutenu connaître des homosexuels dans le gouvernement de Macky Sall. ''Je connais des homosexuels qui sont dans le gouvernement'', a déclaré avant-hier avec assurance l'ancien ministre sous Abdoulaye Wade,et actuel membre de la coalition Bokk Gis Gis.
Négation
Face aux limiers, Mouhamed Massaly, de même que Thierno Lô, auraient nié avoir tenu des propos injurieux envers le chef de l'État. Alors que l'ancien ministre de l'Artisanat sous Wade déclarerait qu'il ne connaît aucun homosexuel dans le gouvernement de Macky Sall, Mouhamed Massaly aurait dit être un proche de Macky Sall et serait même prêt à le soutenir, d'après la Rfm, citant des sources policières.
Seulement, si la justice considère leurs sorties médiatiques, de surcroît télévisées, comme des éléments de preuve, tous trois pourraient être poursuivis pour les délits d’offense au chef de l’État, un délit puni par le code pénal dans le cadre de la protection de l’image de la première institution de la République.
Convoqués vers 13h à la police du Port pour Massaly, à la police de Bel air pour Bara Gaye et Thierno Lo à la Bag, ils ont tous les trois été libérés vers 21h. Interrogé à sa sortie par EnQuête, le responsable de l'Ujtl, Bara Gaye, dit avoir ''assumé'' l'ensemble des propos contenus dans la vidéo de Faram Facce. Mouhamed Massaly, lui, avoue avoir nié tous les propos qui lui sont prêtés. ''J'ai dit aux enquêteurs que je ne m'adressais pas au chef de l'État mais plutôt au secrétaire général de parti qu'il est'', a confié Mouhamed Massaly, après sa libération. Quant à Thierno Lô, même s'il a été libéré au même titre que Mouhamed Massaly et Bara Gaye, il devrait être auditionné à nouveau sur convocation, d'après Rfm.
BARA GAYE, APRÈS SA LIBÉRATION
''J'assume l'entière responsabilité de tout...''
''Ils (les enquêteurs) m'ont évoqué l'article 80, ils m'ont parlé d'offense au chef de l'État, d'association de malfaiteurs parce qu'il y a Massaly qui est venu chez moi pour m'informer de ma convocation par la Dic, ce matin. Alors rien que pour cela, ils ont parlé d'association de malfaiteurs, de trouble à l'ordre public. Ils m'ont interrogé sur procès-verbal et m'ont fait signer d'ailleurs un procès-verbal de cinq pages. Une autorité a appelé derrière pour leur dire naturellement ce qu'ils devaient faire. Au finish, ils se sont retrouvés avec un autre procès-verbal de trois pages que j'ai refusé de signer parce que je ne me retrouvais pas dans ce PV. Ils m'ont relâché trente minutes après. J'étais là-bas à 13h02mn et j'ai été libéré à 21h16mn. J'assume l'entière responsabilité de tout ce qui a été dit dans cette vidéo et c'est cela que j'ai dit aux enquêteurs.''
MOUHAMED MASSALY
''Je suis et demeure un wadiste éternel''
''Les enquêteurs m'ont interrogé sur des propos que j'aurais tenu à l'endroit du chef de l'État. Je n'ai jamais tenu de tels propos à l'endroit du chef de l'État. Quand je parlais, je m'adressais au secrétaire général d'un parti politique mais pas au président de la République. J'ai entendu une radio dire que j'ai dit aux enquêteurs que je m'engage à soutenir le président de la République. Je démens cette information, ce sont des mensonges et rien que de la manipulation. Ils ont donné l'information au moment où j'étais au niveau de la police alors qu'on n'avait même pas fini les enquêtes. C'est de la spéculation. Je suis et je demeure un wadiste éternel. C'est de la manipulation qui vise à anéantir le Parti démocratique sénégalais. Ils m'ont fait voir une vidéo et je leur ai dit que ce n'était pas moi. C'est vrai que j'étais dans la vidéo mais je ne m'adressais pas au chef de l'État. Alors ils m'ont demandé ce que j'ai dit et je leur ai répondu : Goorgui liguéyeulna Sénégal (Abdoulaye Wade a construit ce pays). J'ai été convoqué à midi et libéré à 21h. J'ai fait deux fois la prison et je n'ai jamais pleuré devant un enquêteur. Pourquoi le ferais-je cette fois-ci ?''.
ASSANE MBAYE
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