Publié le 14 May 2013 - 06:30
ÉVOLUTION DU MOUVEMENT REGGAE AU SÉNÉGAL

 Les reggaemen de la diaspora au devant de la scène

S'il y a des artistes qui font actuellement la fierté de notre pays, c'est bien les reggaeman de la diaspora. Meta Dia et Natty Jean en sont les exemples les plus concrets. Le premier nommé est le premier Africain à avoir signé avec le label VP records et le deuxième a gagné le prix du meilleur album reggae africain avec ''Santa Yalla''.

 

Un souffle dans le mouvement reggae sénégalais fait espérer à une renaissance. EnQuête profite des lendemains du 32e anniversaire du décès de Robert Nesta Marley alias Bob Marley, le pape de la «discipline», en dépit du fait que ce sont plutôt les Sénégalais de la diaspora qui mènent la barque sur ce terrain.

 

Natty Jean s'est fait digne ambassadeur de la musique sénégalaise en remportant le prix du meilleur album reggae africain de cette année avec son opus ''Santa Yalla''. Enregistré à Abidjan, il est produit par l'une des icônes de la musique africaine, Manjul. Pourtant, Jean-Paul Pape Lamine Sy, de son vrai nom, a commencé par du rap dans les quartiers de la Sicap où il a grandi. Cependant, comme il le dit : ''Je faisais du hip-hop mais j'écoutais tout le temps du reggae''. Ainsi, la transition n'a-t-elle pas été difficile. L'amour pour cette musique était déjà là et la connaissance du style rendu populaire par Bob Marley, également.

 

Aujourd'hui, Natty Jean fait les plus grands festivals du monde, sous la bannière du drapeau sénégalais. Au-delà de son talent, ce qui émeut et frappe chez ce jeune, c'est qu'il n'a pas de dreadlocks. Non pas parce qu'il croit seulement en ce que disait Morgan Heritage à travers leur titre ''don't haffi dread'', mais surtout parce qu'il veut marquer la différence. Et il semble y arriver, car il ne passe pas inaperçu avec sa tête rasée. Mais cela n'affecte en rien ses convictions rastas.

 

Un autre Sénégalais qui est en train d'écrire les lettres de noblesse du reggae sénégalais, c'est Méta Dia aka Meta Crazy. Il est le «Akon» du reggae. Sauf que Méta a commencé ici au Sénégal. Établi à New-York depuis quelques années, il a lui aussi débuté en embrassant une carrière de rappeur à Dakar avant de déposer ses baluchons au pays de l'oncle Sam. C'est là qu'il découvre et se familiarise avec le roots-rock-reggae, ce style venu tout droit de la Jamaïque. Il se découvre une nouvelle passion et se trouve un penchant pour de nouveaux lyrics.

 

Avec patience, il arrive à monter un petit groupe avec divers instrumentistes venus d'horizons différents. Il met à profit toutes les sensibilités musicales qu'il a pu côtoyer au long de son périple. Un concept novateur qui lui permet de composer une musique originale dans son premier album réalisé avec son groupe ''Meta et les connerstones''. Il sort un premier album en 2008 et le baptise ''forward music''. Il l'a présenté aux Sénégalais au cours d'un point de presse tenu au Centre culturel régional de Dakar Blaise Senghor un peu après sa sortie officielle.

 

Cet essai se décline concluant. Il est bien accueilli dans le monde du reggae. C'est ainsi que l'un des membres du mythique groupe Black Uhuru a déclaré : ''Meta and the Cornerstones nous a ramenés à la fondation du reggae. Je suis de l'ancienne école et ça me rappelle les premières années. C'est un groupe excellent et sérieux, avec des paroles communicatives''. Le producteur jamaïcain Cliv Chin a donné ''5 étoiles'' à cet album juste pour dire qu'il est excellent.

 

Mais Meta Dia a de meilleurs jours devant lui. Il vient de signer un contrat avec le plus grand label mondial spécialisé dans la musique jamaïcaine, VP records. Des stars comme Bob Marley, Peter Tosh, Luciano ou encore Sizzla ont déjà travaillé avec ce label sis à Miami. Signe de sa bonne étoile, Méta Dia est le premier Africain à signer avec cette maison prestigieuse, ce qui renseigne sur les qualités de l'artiste. L'album en gestation est très attendu aux USA et en Jamaïque. Déjà que le Sénégalais a fait un duo avec Damian Marley, l'un des fils de Bob qui vend le plus de Cd depuis 5 ans dans le monde...

 

Un autre illustre Sénégalais qui a porté haut le flambeau de cette musique, c'est Naby Ibrahima Condé, établi jadis en France. Il a remporté en 2009 le prix découvertes RFI et est lauréat du prix Québec 2010. Il avait ainsi donné le ton et annoncé la couleur. Naby a joué sa partition à sa manière. Il a joué sur de grandes scènes du monde et son ascension continue.

 

Quant aux artistes restés au pays, ils ne sont pas peu méritants. Timshel band fait vivre le live au Sénégal. Il est l'un des rares groupes de reggae, sinon le seul, à se produire en live et ce, très souvent. Dread Maxim Amar est un talent sûr de cette musique. Il s'est exilé en France. Sa carrière peut prendre de l'envol. Ombre Zion assure, pour l'instant, la relève de manière convaincante. Les connaisseurs le prédestinent à un brillant avenir.

 

Aujourd'hui, selon un des acteurs actifs de ce mouvement au Sénégal, Amala Doucouré, ''il ne reste pas grand-chose pour que le reggae sénégalais explose sur la scène musicale internationale''. D'autant plus que Sun Sooley fait les beaux jours de ce mouvement en Italie. Et l'engouement se sent jusque sous nos tropiques. Car, ''si on prend le 11 mai de cette année, les préparatifs ont été très encourageants, avec une mobilisation sans précédent à Dakar'', a déclaré avec fierté Amala Doucouré.

 

BIGUÉ BOB

 

 

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