Publié le 20 Jun 2013 - 03:24
LIBRE PAROLE

Non, monsieur le Président !

 

C’est loin de nos frontières que le Chef de l’Etat s’est adressé à des Sénégalais, ceux établis au Gabon , du moins à une partie de ceux là, ses partisans. Mais ce voyage a-t-il fait oublier à Monsieur Sall les dures réalités sénégalaises pour dire ceci : «les enseignants ne font que demander de l’argent» ?

Monsieur le Président,

Des collègues sont partis, dégoûtés par le traitement, le dénigrement, l’environnement... D’autres qui ont eu le sentiment d’avoir accompli leur mission sont allés exprimer leur talent ailleurs. Mais cette «armée» restée au poste parce que des enfants doivent apprendre, se former, pense-t-on vraiment à son sort ? Dans quelles conditions exerce-t-elle sa fonction ?  Comment  vit-elle ? Non! Apparemment non ! Pour preuve, et c’est assez révélateur, la sortie du premier citoyen de ce pays.

Qu’avons-nous dans nos écoles comme salles de classe ; si elles sont construites, quels équipements, dans quel environnement, le type d'enseignents?

Oui ! On a fini de nous catégoriser, la meilleure façon de nous diviser : volontaire ou vacataire, contractuel et titulaire...
C’est vrai, c’est plein de volonté que beaucoup de ces serviteurs de la nation vaquent à leur tâche pour remplir leur contrat et honorer leur titre : enseignant. De l’argent, effectivement pour la formation, la documentation, de meilleures conditions de travail, on en demandera encore et toujours. Mais en ce moment, c’est un dû ; les autorités n’ont toujours pas fini de payer les déplacements pour les examens de l’année passée malgré les engagements pris à Kolda. Elles traînent les pieds pour des actes administratifs : avancement, nomination, mise en solde. La mise en œuvre tarde pour les passerelles professionnelles, les nouveaux corps... Pour le logement, des accords de 10 ans restent à être matérialisés. Et pourtant, des facilités ont été faites à des privés. S’agissant de logements sociaux, ce sont des taux usuriers qui s’appliquent. 

Au lieu de solutions, les autorités politiques nous ont habitué à un discours clair-obscur fait de louvoiement et de reniement : on nous parle d’autres priorités à la périphérie desquelles se trouverait l’Education Nationale dont les agents avaient été traités d’ingrats par qui vous savez. 

Non ! Nous n’avons pas oublié la «générosité» de votre prédécesseur, seulement elle a été sélective, injuste et bien loin de ses largesses qui ont fait, parait il, des milliardaires qui étaient censés servir l’Etat.

Pour finir, nous dirons à notre endroit : gardons le cap de  l’abnégation et de l’engagement au service de l’école tout en menant le combat pour l’équité et la qualité. Nous  aimerions aussi  terminer par le Président, poète, mais aussi professeur : «nous ne sommes pas des mendiants aux poches vides sans honneur.»

Ousmane Sène
CUSEMS
 

 

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