Alassane Sall et Augustin Tine, une guerre en direct sur le terrain
Le désamour profond qui existe entre Augustin Tine et Thierno Alassane Sall n'est pas près de prendre fin. Sous les yeux de Mahmouth Saleh, leurs militants se sont affrontés à l'occasion de l'inauguration de la permanence de l'Apr à Thiès. A coups de pierres, de poing, d'insultes. Comme au bon vieux temps du PS et du PDS...
Le ruban a été coupé dans une division totale, ce week-end, lors de l'inauguration de la permanence de l’Alliance pour la République à Thiès. Coups de poing, jets de chaises et de pierres, insultes, bataille rangée et tutti quanti dont du gaz asphyxiant pulvérisé sur les militants venus pourtant nombreux, ont travesti ce qui aurait dû être un moment de fraternité. Le tohu-bohu indescriptible sur les lieux a été conjugué en doublettes : deux sonorisations, deux maîtres de cérémonie, deux tribunes, deux groupes de militants....
Ce cocktail explosif a fait réagir le préfet de Thiès, Oumar Mamadou Baldé, qui a en effet sorti illico un arrêté interdisant la poursuite de la manifestation. Une situation que le député Abdou Mbow a voulu expliquer par un excès de mobilisation des populations. ‘’Ce qui s’est passé aujourd’hui, nous le rangeons dans l'optique des militants de répondre massivement à l’appel du président de la République. Nous avons vu l’ampleur de la mobilisation des militants, c’est pourquoi nous n’avons pas pu la tenir et l'encadrer comme nous l’avions voulu.’’
Face à la presse, il a tenté de jouer au sapeur-pompier pour éteindre un feu qui avait déjà fait assez de ravages, avec des propos totalement hors contexte. «Les responsables départementaux du parti à Thiès, en l’occurrence le coordonnateur Augustin Tine, Seynabou Djéguène, Pape Amadou Ndiaye, Thierno Alassane Sall et moi-même sommes plus que jamais soudés et déterminés à aller jusqu’au bout pour travailler à ce que l’Apr soit le premier parti dans le département de Thiès.»
«Faux !», a vite fait de rétorquer Mamadou Mbaye, administrateur de l’Apr dans le département de Thiès. «Ce qui s’est passé est une honte. Les responsables ne sont pas unis. Le président de la République ne doit plus fermer les yeux devant une situation pareille. C’est la catastrophe à Thiès. Si le Président n’agit pas très vite, nous perdrons les élections locales», a-t-il averti.
Également indignés, les anciens de l’Apr à Thiès se désolent, eux, de l’ouverture d’une permanence à l’insu des piliers du parti au niveau local. «C’est une mascarade, un saupoudrage pour tromper le Président qui ne mérite pas cela. Le parti ne marche que le samedi soir et depuis deux ans, c’est la léthargie totale (car) tout se décide au sommet», a expliqué en off un responsable.
Tout ce désordre s’est déroulé sous la surveillance impuissante de l’émissaire du parti, le ministre-conseiller et directeur de cabinet politique du président de la République, Mahmouth Saleh qui, finalement, n’avait que ses yeux pour regarder et ses bras pour couper un ruban en catimini. Sans enthousiasme.
NDEYE FATOU NIANG (THIÈS)